Tic, tac (réécriture)

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Bonjour! J'ai réécrit cette nouvelle, suite aux conseils de certaines lectrices. Je laisse l'ancienne version postée, pour que vous puissiez voir l'évolution :) j'espère que cette version vous plaira encore plus! :D bonne lecture~

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  Mes yeux embués de larmes se posèrent sur une petite enveloppe. Elle paraissait si blanche sur le bois brut de la grande table de la salle d'attente de l'hôpital...
Je m'approchai et vis mon nom inscrit d'une fine écriture. C'était celle de ma grand-mère...

Je venais juste de sortir de la chambre 13, où elle se trouvait. Clouée au lit, les traits tirés et le teint pâle, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Ses yeux clos donnaient l'impression qu'elle dormait d'un sommeil paisible. Mais sa respiration sifflante et ses membres décharnés démentaient cette illusion.

« Ma chère petite fille,
Je t'écris cette lettre car mes jours sont désormais comptés. Ceci est mon testament, en quelque sorte. Je n'ai malheureusement aucune fortune, aucun bijou ou objet de valeur, à part une montre à gousset. Je vais te la léguer ainsi que son histoire, celle que je n'ai encore jamais avouée à personne. Je craignais qu'on me prenne pour une folle ou pour quelqu'un qui cherche à attirer l'attention en s'inventant une vie étrange.
Et pourtant, tout ce que tu vas lire est vrai. Même si je n'arrive toujours pas à l'expliquer... »

La lettre dans ma main sembla s'illuminer et je me retrouvai entraînée dans les méandres du souvenir de mon aïeule.

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Je devais avoir à peine huit ans et j'étais en vacances en Bretagne, chez mes grands-parents. Tout a commencé un beau jour de juillet. Le vent soufflait et éclipsait les nuages, laissant le soleil régner sur les cieux tel un maître indétrônable.

J'étais occupée à faire des châteaux de sable sur la plage, pendant que ma grand-mère discutait avec une autre dame, abritées sous un parasol. Au bout d'un moment, je commençai à m'ennuyer. Je profitai de l'inattention de ces dernières et me dirigeai vers les rochers, au tournant d'un mur. J'aimais être ici, personne ne pouvait me voir. Je m'asseyais sur les rochers et contemplais l'immensité de l'océan, le regard perdu dans le vague. Je voyais s'écraser les vagues contre les rocs dans une gerbe d'écume, et apporter l'odeur salée de cette immensité bleutée.

Mais ce jour-là, assis entre ces rochers, se trouvait un petit garçon. Il était blond comme les blés, et lorsqu'il se tourna vers moi, je pus voir ses yeux d'un bleu profond et saisissant. Son visage portait les rondeurs de l'enfance et trahissait son jeune âge. Ses lèvres découvrirent des dents blanches lorsqu'il me sourit.

- Bonjour, je m'appelle Aurélien et toi?
- Je m'appelle Anna, répondis-je en lui rendant son sourire.
- Dis, tu voudrais jouer avec moi?

Je hochai la tête avec entrain. Nous passâmes au moins deux heures à nous imaginer une vie au milieu des rochers, à lutter contre les vagues, à jouer aux pirates. Nous jouions avec l'imagination sans limite et l'insouciance, si propres à l'enfance.

A un moment, il sortit une petite montre à gousset de sa poche accrochée à une chaînette dorée. Elle était magnifique mais semblait appartenir à un temps passé : dorée, d'apparence neuve. Une fleur de lys était gravée au milieu, entourée par un cadran fait de vingt-quatre losanges. Lorsqu'il l'ouvrit, je pus voir l'intérieur. Deux cadrans étaient gravés, représentant deux temps différents, deux réalités opposées.
Au fond, on pouvait voir le même cadran que sur le devant de la montre. Une aiguille dorée désignait le deuxième petit losange.
A l'intérieur de ce cadran se trouvait un cadran de montre ordinaire, avec des chiffres romains disposés en rond. Une petite et une grande aiguilles noires montraient le cinq et le onze et une dernière aiguille, plus fine que les autres, égrenait les secondes en produisant un petit son métallique : "Tic, tac".

Tic, tacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant