Retrouvailles

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Chapitre 1 : Retrouvailles

Chaque caillou qui fait cahoter la voiture me donne l'impression que je vais exploser. Imploser peut-être. Mais ce ne sont pas les secousses qui me font cet effet là, non. Les pauvres, elles n'ont rien fait, d'ailleurs. C'est mon coeur qui bat si fort dans ma poitrine que j'en aurais presque mal, l'excitation qui s'empare de moi et essore ma poitrine comme on le ferait d'un vêtement mouillé.

Je vais le revoir. M'a-t-il attendu ? Je l'espère. L'ai-je attendu ? Plus que de raison, sûrement. Je me suis attendu, plutôt. J'ai attendu de pouvoir remettre mes deux pieds dans le sable, et peut-être mes deux épaules dans ses bras.

Park Jimin, me voila.

A côté de moi, ma mère reste définitivement raide, concentrée sur la route, stressée par les cris de ma petite soeur et de mon père à l'arrière. Même leurs chamailleries ne peuvent me sortir de cet état d'euphorie dans lequel je suis plongé depuis quelques jours. Je contemple ma mère qui, irritée par tant d'agitation, serre fort le volant du véhicule. Habitué à l'observer, je remarque le tressaillement de sa peau, le léger froncement de ses sourcils, mais surtout le léger mouvement sur ses joues, celui qui indique qu'elle mordille frénétiquement l'intérieur de ses joues. Ma mère n'a jamais été très détendue, mais cette fois, j'ai un peu pitié pour elle. Si je le pouvais, je lui proposerait de prendre le volant pour qu'elle puisse se reposer, elle qui conduit depuis presque cinq heures sans s'arrêter. Elle ne voit même pas que je l'observe, peut-être trop occupée à se contenir pour ne pas nous conduire droit dans le fossé. Je me souviens de la route sur laquelle on se trouve, c'est celle qui nous mène tout droit au camping. Je devrais peut-être inviter Jimin à camper avec nous, si je le peux.

Enfin, la voiture s'arrête sur le parking. Les deux petits fous sont les premiers sortis et ma soeur ne tarde pas à courir partout, bien trop heureuse d'être sortie de cet enfer que sont les longs trajets en voiture. Ensuite, c'est mon tour de me libérer de ma ceinture et de m'extirper du véhicule. Je marche péniblement jusqu'à mon père, les jambes engourdies par une immobilité trop longue.

_"Maman nous rejoint toute à l'heure, elle va d'abord fumer une cigarette, je pense. Je peux descendre sur la plage pendant que vous allez voir le gérant du camping ?"

Et c'est avec une autorisation à temps non limité que je descend le petit chemin qui m'emmène vers la mer que j'ai peinte il y a quelques mois de cela. La voici. L'étendue de sable qui abrita mes premiers amours. Je retire mes chaussures et retrousse mon pantalon, repensant à Jimin qui l'avait fait pour moi la dernière fois. Comme j'avais été gêné qu'il se comporte ainsi, à l'époque.... Jusqu'au bout, j'avais été incapable de réagir à ses attaques frontales. En rien ces actes ne m'avaient déplu, mais ils m'avaient troublés au plus haut point, et pour cause. C'était la première fois qu'une personne étrangère a ma famille agissait de telle façon envers moi.

Alors je me souviens que je peux pousser jusqu'à chez lui. J'y avais déjà été pour lui offrir ma peinture, et comme il ne m'avait pas donné son adresse, le chemin n'avait pas été évident pour le retrouver. Mais c'est un chemin que je n'oublierais pas de sitôt.

Je ne suis même pas allé dans l'eau, finalement. Pieds nu, mes chaussures à la main, j'ai traversé la plage d'un pas nonchalant, observant le ciel et la mer, suivant les oiseaux des yeux lorsqu'ils passaient au dessus de moi pour aller se poser sur les rochers. Et me voila sur le chemin, peinant un peu dans la montée, peu habitué à l'exercice. Et puis la pente est plus raide que dans mon souvenir. Il y a une vue magnifique depuis cet endroit, on ne voit que l'océan et le ciel, des nuances de bleu et de gris à perte de vue.

Je n'ai pas terminé mon ascention que j'aperçois la silhouette masculine de l'être que j'ai tant attendu. Cette vision me fige. De nouveau, je sens mon coeur s'affoler dans ma poitrine.

RainbowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant