Les yeux dans les mains.

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 D'accord. Cette journée a été très instructive. J'ai appris que Jimin me considérait comme son petit ami, mais j'ai aussi appris que ses nuances à lui ne se trouvaient pas dans les couleurs mais dans les mots. Ainsi, il a prit plus d'une heure pour m'expliquer que lorsqu'il disait que j'étais son petit ami, cela ne signifiait pas que l'on sortait ensemble mais simplement que j'étais quelqu'un pour qui il avait une affection très particulière. Il m'a aussi appris que les gens ne comprenaient souvent pas ce mot avec autant de profondeur, mais que tant qu'ils comprenaient qu'il m'aimait "beaucoup tout plein" pour citer son expression et qu'ils ne pensaient pas que l'on pratiquait le sexe ensemble, ça lui convenait suffisament.

J'avais donc tort. Jimin n'est pas un garçon simple, mais un garçon qui se contente de peu. Il a également ses nuances, mais il est moins perfectionniste que moi et ne cherche pas à ce qu'on le comprenne exactement pouvu qu'on saisisse l'idée général. Ce n'est pas un garçon à l'esprit simple, c'est un garçon à l'esprit facile.

Ce n'est pourtant pas ce qui a déterminé mon activité actuelle. Ayant passé la journée chez lui, j'utilise à présent une lampe pour pouvoir peindre, dehors dans la nuit. Ou plutôt sous la nuit, devrais-je dire, car la nuit n'est que le rideau constellé d'étoiles qui masque le jour à notre monde, la peau parsemée de taches de rousseur qui nous cache la clarté de l'être au dessus de nous.

Ce qui m'a décidé à rester debout pour peindre, c'est une nouvelle découverte. L'attraction matérielle. Resté vierge de toute envie de toucher, observer une chose me suffisait jusqu'ici pour en être satisfait et intéressé.

Pourtant, j'ai été victime d'une sensation nouvelle.

Pour décrire quelque peu le contexte et ainsi éviter de me perdre, je vous expliquerais d'abord pourquoi je suis rentré en portant les vêtements de Jimin.

Addicts au pinceau tous les deux, nous n'avons pas pu nous empêcher au bout d'un moment de remettre les mains aux palettes, tentant pour la première fois de peindre ensemble, mais aussi, de peindre sans dessiner de schéma au préalable. Le résultat rapide avait été plutôt satisfaisant, bien qu'un peu maladroit, seulement, nous avions mis de la peinture partout, dans la cuisine comme sur nos vêtements. Après avoir nettoyé la pièce et nous être rapidement débarbouillés, nous avons dû changer de tenue, et comme je n'avais bien sûr aucun habit de rechange sur moi, Jimin m'en a prêté.

Comme nous étions, et sommes toujours d'ailleurs, du même sexe, nous nous sommes changés dans la même pièce, à savoir, sa chambre.

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_" Mort de rire depuis toute à l'heure, Jimin me jette un pull crème sur le visage, m'ordonnant plus ou moins pour rire de le mettre. Il ne me laisse même pas protester, argumentant qu'il est hors de question qu'il me "bécote le coin des lèvres" si pour le faire, il faut qu'il prenne le risque que je "lui éternue à la face tout le mucus amoureux qu'un rhume serait capable de produire" avec une délicatesse si absente que je décide d'enfiler le vêtement avant qu'il ne me fasse part d'autres expressions romantiques aussi imagées que celle-ci. Depuis toute à l'heure, il se balade en slip, boxer qu'il a également taché sur la ceinture, ne me demandez pas comment. Pendant que je termine de m'habiller, il se débarrasse de son dernier habit, dos à moi, et entreprend de trouver de quoi les remplacer dans sa penderie.

Habitué à observer, je prends un plaisir parfaitement innocent à détailler son corps et admire les muscles de son dos si finement ciselés qui créent un jeu d'ombres délicat sur sa peau encore tannée de l'été. C'est seulement lorsqu'il se retourne vers moi pour parler, enfilant un jean, que la sensation inconnue éclate en moi, me troublant plus fort encore que tout ce que j'ai pu voir avec lui. Dotés d'une mémoire photographique bien entraînée, mes yeux enregistrent presque immédiatement la vision qu'il m'offre. Torse nu face à moi, je remarque une seconde fois la délicatesse de sa peau, les ombres qui soulignent ses muscles. Je note la dissymétrie dans l'emplacement de ses tétons. La suite de courbes légères que dessinent ses abdominaux, celle, plus prononcée, de ses pectoraux. Je vois ses clavicules ressortir, marquant deux creux à la base de son cou, ses épaules bombées qui roulent sous chaque mouvement. Les pointes osseuses qui ressortent aux hanches carrées, soulignant le V musculaire qui descend vers ses cuisses et son entrejambe et la légère pression que le pantalon exerce sur sa taille.

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