Chap 1 : Fin de semaine

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17h54, 17h54:30, 17h54:55 , 17h55. La sonnerie retentit ! L'heure d'anglais interminable est terminée. La journée est finie et la semaine aussi. Yes ! « Au revoir, bon week-end ! », pas de réponse du prof, merci ça fait plaisir, après on dit que les jeunes sont impolis.

Avant de quitter le lycée je passe à mon casier et en retire un sac trop imposant à mon goût. J'entame ma marche habituelle du vendredi soir, un eastpak sur le dos qui m'irrite les épaules chargé de livre, cahiers et outils mathématiques, calculatrice, équerres et règles en tous genres. L'autre sac se balance le long de ma cuisse et s'écrase contre celle-ci au rythme de mon pas. Qu'est-ce-qu'il m'énerve ce sac ! Je le change de main par peur de muscler un de mes bras plus que l'autre. C'est en fredonnant un air tiré d'un album de « Scorpion » que j'arrive enfin. Je passe ma carte. Le voyant vert qui s'allume m'indique la validation de mon passage. Je fonce tout droit pour trouver place, il n'y a personne. J'enlève mon pantalon et tout le reste, me change et prend le matériel dont j'ai besoin pour cette heure et demie de sadomasochisme. Je sors du vestiaire et dis bonjour à mes camarades sur les starting blocks. j'enfile mon bonnet qui arrache la moitié de ma tignasse, mets mes lunettes et me prépare à y aller. Je regarde le panneau derrière moi : Température air: 28°C ; Température bassin : 27°C. Ça va faire mal. Je plonge, elle est super froide mais je pars pour 200m crawl nage complète, allure « tranquille ». A mis parcours je me fais doubler par un des « leader » et je me vois obligée de m'arrêter au bout du bassin pour éviter de me faire foncer dedans par les deux suivants. Malgré ma tactique d'évitement, l'un d'entre eux s'appuie en plein sur mon ventre pour faire sa culbute. Je grimace, il n'a pas l'air perturbé, après tout il vient seulement de me déplacer des vertèbres et de modifier la position de mon estomac qui doit sûrement se trouver au niveau de ma gorge à présent. Tous va bien ! Je reprends mes esprits et dis dans ma barbe « ça commence bien... » avant de repartir. Quelques minutes plus tard, Laurent, notre entraîneur nous fait enchaîner les quatre nages (papillon, dos, brasse et crawl) avec un temps de récupération qui passe très vite, trop vite. J'additionne les longueurs sans me plaindre en pensant au bon repas qui m'attend ce soir.

Après une gourde vidée et des courbatures accumulées, je me rassure lorsque je découvre l'heure : 19h50. Laurent s'exclame « 200m souple et c'est bon ». Yes ! Comme d'habitude je me réjouie quand la séance est finie, pourtant j'adore ça, c'est libérateur. j'alterne crawl-pull et brasse à une vitesse comparable à celle d'un escargot puis j'enlève mon bonnet aux couleurs du club avant de m'immerger pour mouiller mes cheveux. Je me hisse hors de l'eau et récupère mon « matos ». Je claque une bise à Laurent avant d'aller prendre ma douche. J'ouvre mon gel douche cerise-pistache, humm ; qu'est-ce-que ça sent bon ce truc ! Évidemment je n'échappe pas aux demandes de mes camarades « tu me prêtes ton gel douche stp ?», « ouais moi aussi stp !». Je leur prête en affichant un sourire des plus radieux et totalement forcé. Comme à l'accoutumé ils vident la moitié de mon tube et comme à l'accoutumé je regrette de ne pas avoir caché mon savon dans mon dos.

Je rentre dans les vestiaires, me change à nouveau, remets mes boucles d'oreille, mon bracelet et mon médaillon offert ce matin par Adrien mon petit ami, et je me débat avec mes cheveux emmêlés. Je leur applique un baume histoire de les faire revivre un peu après leur dur passage dans l'eau de javel.

Je monte les escaliers et passe le portique. Dehors il fait froid et mes parents ne sont pas là. Mon portable vibre dans ma poche. « Papa » s'affiche sur mon écran, je réponds. « allô, vous êtes où ? », « il y a eu un accrochage en ville, il y a des bouchons, rejoins nous au "Quai"». 

LisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant