Vie... Mort... Deux termes opposés l'un à l'autre et pourtant si proches. L'un ne va pas sans l'autre. Qu'est-ce que serait la vie sans mort au bout ? Qu'est-ce que serait la mort sans vie à son début ? Ne peut-on pas dire que vivre, c'est résister à la mort jusqu'à ce qu'elle ne devienne trop forte pour nous ? Aussi, la vie ne serait-elle pas simplement ce qui résiste à la mort et la mort une force que nous ne pourrons jamais égaler ? La mort est donc une puissance qui vient ronger peu à peu la vie tout comme la maladie vient ronger la santé. On ne tient pas tous autant de temps face à elle. Certains meurent dès la naissance, d'autres réussissent à la repousser jusqu'à des âges très honorables. Mais tous finissent par succomber. Accidents de la route, meurtres, maladies, vieillesse, suicides... La mort revêt différents visages pour mieux nous attirer dans ses doux bras et nous offrir le repos éternel dont nous avons tous besoin.
C'est ainsi que je vois la mort. Une force, représentée par une entité capable de nous montrer que la vie ne tient qu'à un fil. Les grecs imaginaient déjà une personne qui coupait les fils de la vie quand bon lui chantait : Atropos, l'Implacable. Elle et ses deux sœurs sont les Moires, elles représentent la vie qui est tissée, déroulée, puis coupée. Elles sont le destin. Ainsi, nous ne sommes rien de plus que de simples objets dans les mains de divinités, des jouets qui sommes là pour les distraire. Nous ne sommes pas ce que nous croyons être, nous ne sommes pas les êtres suprêmes qui ont su dominer la Nature. Non. Nous ne sommes que des fourmis qui y vivent et qui allons mourir quand notre heure sera venue.
Cette vision est juste.
On naît, on vit, on meurt.
La mort, je la connais. C'est ma plus intime amie, ma seule amie. Souvent, nous dansons ensemble alors que je tourne sur moi-même, accroché à ce fil qui semble l'appeler à chaque fois que je l'installe. Il est comme notre téléphone, notre seul lien. Quand elle est là, elle me tient par les mains en souriant dans sa robe noire. Main dans la main, nous virevoltons et entamons ce qu'elle appelle ma « dernière danse » alors que le tissu de sa tenue semble s'évaporer dans les airs. La mort est volatile et douce, elle vient nous chercher avec son sourire rassurant et nous entraîne avec elle à l'issue d'une valse sensuelle et apaisante. Et cette valse, je fais tout pour la danser le plus longtemps possible sans jamais mourir. À chaque fois, je lui glisse des mains, notre lien se coupe et je reprends mon souffle alors que tout devient flou autour de moi tant cette danse me transporte.
À mon réveil, je suis généralement seul et loin de cette pièce où je passe le plus clair de mon temps. Mais quand j'y remet le pied, je ne cherche qu'à retrouver mon amie. À chaque nouvelle rencontre, elle me sourit, comme si l'on se voyait pour la première fois. J'aime à l'observer dans les yeux, ces yeux qui pour tous sont froids et vides de sentiments. Moi j'y vois l'embryon d'un monde avorté, un univers qui ne prendra jamais forme. La mort n'est rien de plus que la vie, mais celle qui a fané. Elle est belle, envoûtante et charmante.
« Alors mon beau, prêt pour ta dernière danse ? » me répète-t-elle tout le temps quand elle vient à moi. Et souriant, je lui réponds oui à chaque fois et prend ses mains délicates pour me mettre à danser. Jamais je ne me lasse de ces instants qui semblent durer toute une éternité durant laquelle je suis fasciné par ses magnifiques lèvres qui, fines et délicates, s'étirent toujours en un ravissant sourire. La mort est séduisante, la mort me plaît. Sa peau est aussi douce que le plus précieux des tissus et d'un blanc plus blanc que la neige. Elle peut sembler malade avec ses yeux cernés de noir qui contrastent avec sa peau immaculée. Mais elle est tellement parfaite que ce petit défaut se transforme en qualité pour moi. Elle m'envoûte, m'ensorcelle et fait de moi son pantin, j'en suis conscient mais j'en suis surtout heureux.
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Dernière valse [JiKook]
General Fiction" Chaque minute passée avec elle est un cadeau que la vie m'a offert. N'est ce pas paradoxal ? La vie m'offre une danse avec la mort... Mais j'aime ça. Et je ne regretterai jamais ces danses que je partage avec elle, ces instants de pur bonheur. Par...