Jusqu'à L'Aube

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Raconte-moi encore l'histoire du Soleil

Tellement amoureux de la Lune

Qu'il se laissait mourir chaque soir

Juste pour lui donner de l'air

La lumière brûlante disparut de ses paupières, alors Cyclone les ouvrit. Il vit l'horizon rougeoyant et au-dessus, le Ciel encre, pailleté d'étoiles. Il inspira, comme s'il avait oublié comment faire pendant son sommeil. Puis il regarda le monde. Il y avait l'herbe sous ses pieds nus, et puis le sable, là bas. Et au-delà, la mer. Il devait y aller, il le savait, mais il ne savait plus pourquoi.

— Qu'est-ce que je dois faire ? demanda-t-il au ciel et aux étoiles.

« Tu dois entrer dans la Mer » répondirent les étoiles.

Il tourna la tête vers l'eau sombre, miroir du ciel déformé, et il marcha vers elle. Il faisait ça tous les soirs, mais pourquoi ? Il n'arrivait plus à s'en souvenir. Il oubliait chaque jour.

L'eau était froide. La mer elle-même s'inclina devant lui. Ils se connaissaient, lui disaient les petits clapotis. En avançant, il essaya de la regarder, mais vit seulement son propre reflet. Il était pâle même dans l'obscurité. Sa peau, ses cheveux cendrés, et ses yeux aussi. Ses yeux étaient gris, ils auraient du être plus foncés. Plus la nuit devenait sombre et mieux il voyait, mieux il respirait. Son corps était noué dans de multiples pans de tissu blanc et argent. Il ne parvenait pas à comprendre la complexité de ce qu'il portait, il n'aurait jamais pu s'habiller comme ça lui-même.

Quand Cyclone eut de l'eau jusqu'à la taille, la mer commença à reculer pour lui, à suivre son mouvement. Il avait les mains dans l'eau froide, et il sentait qu'elle était là. Mais il ne parvenait ni à la toucher ni à la voir, pourquoi ? Il ne voyait que de l'eau. Pourquoi...

Il sut quand ce fut terminé. Il rebroussa chemin et retourna sur le sable, la mer le suivit. Et maintenant ?

— Qu'est-ce que je dois faire...

« Te ne te souviens pas ? » demandèrent les étoiles.

« Chaque nuit tu fais la même chose et chaque jour tu oublies. »

— Pourquoi ?

« Tu dois guider les enfants, maintenant. »

Cyclone regarda autour de lui.

— Il n'y a personne...

Il y avait la mer, mais les étoiles ne parlaient pas de ça, n'est-ce pas ?

« Ils ne sont pas ici. »

« Tu dois les voir avec ta lumière. »

« Tu peux voir tout ce sur quoi se pose ta lumière. »

Cyclone ferma les yeux. Il voyait quelque chose d'autre. Il voyait de la vie, en bas, des gens qui le regardaient, qui se promenaient sous sa lumière. Et qui priaient pour lui, aussi. Il voyait des larmes et des fêtes, des disputes, du silence. Il regarda, les yeux fermés.

« Tu les vois ? » demandèrent les étoiles.

Il connaissait tout ça. Il se souvenait de comment ça fonctionnait, cette vie en bas.

— Pourquoi...

Il ne savait rien et tout était doucement trouble, comme l'eau de la mer. Pourquoi...

Jusqu'à L'AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant