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*Pabo : Idiot.
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La pluie tombait à flot sur tout Séoul ce soir là. Elle crépitait contre le sol, émettant ainsi un bruit sec, lourd, pesant. Des flaques d'eau naquirent, devenant de plus en plus imposantes au fil du temps que la pluie tombait. Les nuages devaient être éperdument mélancoliques, à verser autant de larmes. On entendait les gens râler du mauvais temps, râler qu'ils allaient devoir se mouiller pour pouvoir rentrer chez eux. Mais jusqu'à tard, les étroites ruelles discrètes de Séoul étaient totalement vide de vie. Les lumières des petits restaurant logeant multiples rues étaient allumés, gardant tout de même une flamme de dynamisme. Le soleil de minuit était perché du haut des cieux, regardant la terre de haut. Les étoiles jouaient à cache-cache, ce soir-là, elles ne voulaient pas participer a l'orchestre Astronomique de La Nuit, laissant ainsi la chef d'orchestre Lune toute seule à son poste.
Un jeune homme nommé Park Jimin se baladait en bas de chez lui, adorant la pluie et son odeur, adorant la lune et sa couleur, adorant la nuit et sa douceur. Connaissant chaque recoins par cœur, il s'amusa à prendre divers virages qu'il choisissait au hasard. Discrètement, il rajoutait des pas de danses gracieux à sa marche. Puis des mouvements de bras. Et puis tout un art le prit. La pluie le comblait. Il vivait la nuit. Il aimait cette sensation de l'eau qui cascadait sur son visage, l'eau qui glissait le long de sa veste imperméable ou encore de l'eau qui s'imprégnait dans ses pantalons. Park Jimin menait une grande histoire d'amour avec la pluie.
À d'autres ruelles plus loin, Hae-Won sortit de chez elle en furie. Elle était à bout de force. Toujours s'était t-elle attardée à être irréprochable et à ne s'attirer aucun ennui. Mais ce n'était aucunement le cas avec les étudiantes avec qui elle partageait son petit appartement. N'ayant pas remarqué la pluie abondante, elle n'avait pas prit de vêtements réchauffants. Elle soupira et n'y fit plus attention. Elle prit alors ses jambes à son cou et se lança dans une longue course jusqu'à son abri préféré. Ses longs cheveux raides couleur corbeau dansaient avec chacun de ses mouvements. Elle n'avait plus besoin de réfléchir au mécanisme de ses jambes, elles bougeaient toutes seules. Elle avait beau noyer ses petits pieds dans multiples flaques, rien ne l'arrêtait. Elle avançait la tête basse pour éviter la pluie. Elle ne voyait rien sur son passage, mais à quoi bon, elle connaissait le chemin par cœur.
Du côté de Park Jimin, après s'être fait vivre de par sa passion pour la danse à l'encontre de l'eau tombant du ciel, il rit tout seul, un sourire béat scotché aux lèvres et partit vers son chez-lui. Mais au détour d'une avenue, il senti quelque chose le percuter violemment. Ce quelque chose poussa un cri strident, se recula en s'excusant, ne prit même pas le temps d'adresser un regard au garçon et reparti en courant. Jimin n'eût que l'opportunité de voir ses longs cheveux noirs mouillés se balancer dans tous les sens, et son corps fin s'éloigner dans la noirceur. Il l'a regarda jusqu'à la perdre des yeux, et entra dans un gros fou rire. ''Elle a une tête dur la petite.'' souffla t-il en posant sa main sur son torse.
Le soir suivant, la jeune fille n'était pas chez elle et n'avait pas été vue de toute la journée malgré qu'elle ait cours. Toute cette course, elle l'avait menée pour atteindre la gare pour pouvoir partir à Chuncheon, chez son père. Elle avait décidé d'y rester quelques jours, pour lui tenir compagnie mais aussi pour fuir toute cette action malsaine de la ville, et toute les négativités de son propre habitat. "N'écoute pas leurs sottises, et continue à te concentrer pour devenir l'excellente architecte que tu rêves tant d'être." Lui avait dit son père, mais il avait tout de même accepté qu'elle ne reparte pas tout de suite à condition qu'elle continue de dessiner son projet. Et elle y veilla fort. Passé minuit, la jolie coréenne était toujours assise à son bureau, son imagination qui guidait ses coups de crayons et celui-ci entre ses frêles doigts. Plusieurs photos de sa mère étaient à côté d'elle, comme toujours. C'était sa force, la raison qui la poussait à aller jusqu'au bout de ses rêves. Elle avait passé le cap de pleurer jour et nuit son brusque décès suite à une maladie, elle était devenue à présent forte, une vraie guerrière.
Pendant ce temps à Séoul, la pluie n'avait pas cessé pour le plus grand bonheur de Jimin. Celui-ci était d'ailleurs dehors, mais pas n'importe où. A l'endroit où Hae-Won l'avait bousculé. Cela faisait quelques minutes qu'il y attendait patiemment. Il avait pensé à elle toute la journée, maladroitement. Et à chaque fois qu'il s'en rendait compte, il secouait vivement la tête et se traîtait de Pabo*. Son meilleur ami riait de la situation, il l'avait rarement vu comme ça. Après enfin une heure d'attente, Jimin se rendit compte de ce qu'il faisait: il était en train d'attendre sous la pluie une inconnue qu'il avait rencontré par hasard et qu'il ne reverra certainement plus jamais. Avant de tourner les talons pour se rendre chez lui, il leva la tête en direction de la lune, et sourit. Il fermit les yeux et prit son chemin. Et à ce moment-là on ne pouvait dire s'il pleurait ou si ce n'était que les gouttes de la pluie qui cascadaient sur ses joues.
Les jours passèrent, et jamais Séoul auparavant n'avait connu une pluie aussi continue. Les habitants en étaient tout à la fois étonnés, certains peinés, d'autres ravis, comme Jimin. Hae-Won était revenue dans son appartement d'étudiante. Aucune de ses camarades ne lui adressait la parole. Le contact était définitivement rompu. La jeune coréenne ne supportera pas plus de temps cette situation. Elle passait tout son temps libre enfermée dans sa chambre, à continuer son projet. Unique moment qu'elle était comblée et détendue. Elle l'avait bientôt terminé. Elle était impatiente de le présenter à son père ainsi qu'à son enseignant, elle était très fière d'elle. Épuisée et son ventre criant famine, elle décida de sortir un soir au supermarché du coin. Elle avait besoin de prendre l'air. Elle ne prit pas la peine de prendre son parapluie, rien que de l'argent, une bonne veste chaude ainsi que son téléphone et ses écouteurs. Quand elle était petite, l'un de ses rêves était d'apprendre à danser. Idée vite rejetée. Elle avait essayé, en vain. Ce n'était décidément pas fait pour elle.
Au magasin, elle avait prit un bol de nouilles sautées, il ne lui manquait plus que de verser de l'eau chaude dedans. Elle paya rapidement et sortit. Elle resta un moment sous l'auvent, et fixa la lune. Elle était jolie. Elle brillait de milles feux, ce soir-là. La musique d'un piano chantant se percevait malgré qu'elle venait des maisons plus loin. Une chaleur maternelle lui manquait. Elle partit sous la pluie et reprit son chemin. Là non plus, on ne pouvait dire si elle pleurait ou si ce n'étaient que les gouttes de la pluie qui cascadaient sur ses joues. Sa musique préférée chantait dans ses écouteurs, un sentiment d'euphorie la prit. Une énergie qui venait du plus profond d'elle, et elle se mit à courir un marathon. Elle allait le plus vite possible, jusqu'à en cracher ses poumons, jusqu'à n'en plus sentir les douleurs. Elle était seule dans la nuit sombre, personne n'était la pour lui reprocher quoi que ce soit. Elle se sentait libérée en courant.
Mais faute de trop de liberté et d'innatention, elle fonça sur quelque chose de nouveau. Elle n'y était pas allée tendrement, alors elle se recula et elle vit la personne qu'elle avait violemment bousculer se renfermer sur elle-même en se tenant au mur. C'était un jeune garçon. La paniqué la prit, elle venait de le blesser à voir sa position. Et un rire monta jusqu'à ses oreilles. Elle le fixa un moment et remarqua qu'il riait à s'en tordre. Elle aussi voulait rire, mais elle n'afficha qu'un simple sourire. - T'as la tête encore plus dur que la dernière fois ! prononça Jimin après s'être enfin calmé. Et elle comprit. Elle comprit que cet homme-là était le même que celui qu'elle avait bousculé l'autre soir. Elle mit une main devant sa bouche et murmura un faible "Excuse-moi."
Jimin sourit. Il la trouvait jolie, surtout sous la pluie et le soleil de minuit. - Pourrais-je connaître le prénom de la Coureuse de la pluie ?
