« - NON ! »
Hook se réveilla en sueur. Pour la troisième fois de la semaine, ce cauchemar était venu le hanter. Il se voyait assis, une bouteille de rhum à la main, sur la queue de la sirène qui ornait la proue de son navire. Ce morceau de bois était l’unique trace de son bateau qui n’était plus qu’une épave. Il avait tout perdu : son équipage, ses biens, ses souvenirs. Même le rire de son ennemi, Pan, ne résonnait plus au loin. Seuls ces «tic, tac, tic, tac....» se faisaient entendre et le poursuivaient. Où qu’il aille, ils étaient là pour lui rappeler que sa fin était proche.
« - Alors comme ça, le petit Crochet pleure son papounet?
- Dans tes rêves Peter.
- Oh, ça viendra. Tout comme moi, tu es un enfant perdu, abandonné par ses parents.
- A la seule différence que moi, ce n’est pas du lait qu’on met dans mes biberons, répondit Hook en faisant un clin d’oeil à l’adolescent. »
Il n’y avait pas un jour sans que cet adolescent blond ne vienne le voir. Ils ne se supportaient pas mais ils étaient liés par ce besoin de se disputer, voire de se battre. Plusieurs fois, ils en étaient arrivés aux mains. Hook, toujours armé de son crochet et Peter Pan, d’un simple coutelas.
« - Que comptez-vous faire aujourd’hui, Capitaine? demanda Peter avec mépris.
- Je pense rendre visite à ton amie la sirène, tu sais, celle aux yeux bleus comme l’océan? Elle est tellement jolie avec ses longs cheveux bruns. Argh, comment s’appelle-elle déjà...Barbella, c’est ça. Constatant que le garçon fulminait de rage, il poursuivit. Et en fin de journée, si je m’ennuie, je prendrai la mer pour quitter ces lieux.
- Mon cher Hook, n’as-tu rien appris lors de ton précédent séjour sur cette île ? Personne ne quitte Neverland sans mon approbation. A demain. »
A ces mots, Peter Pan s’envola et disparut aussi rapidement qu’il était arrivé. Le capitaine lui, rejoignit son équipage d’un pas nonchalant. Il n’avait aucune envie de passer une partie de sa journée avec les sirènes. Bien que les regarder nager et les écouter chanter pouvait divertir n’importe quel marin, elles étaient trop simplettes, et il s’ennuyait vite à leurs côtés. Ah, que diraient ses hommes s’ils apprenaient que le célèbre Capitaine Crochet ne savait se satisfaire de ces jeunes femmes charmantes aux formes généreuses? Des femmes, il en avait eu, sa réputation le précédait, mais il en avait fait le tour. Une seule avait su faire chavirer son coeur, mais aucune n’avait pu lui faire perdre le goût du large.
« - A quoi pensez-vous, Capitaine? demanda Mouche, son fidèle compagnon.
- Que mon coeur appartient à la mer. »
Il n’écouta pas la réponse de son camarade car ses pensées étaient toutes tournées vers elle, Diane, jeune fille de bonne famille qui avait tout laissé tomber pour voguer à ses côtés. Elle l’avait suivi partout et il avait alors vécu les meilleurs moments de sa vie. Elle, lui et la mer formaient un accord parfait jusqu’au jour où elle était tombée gravement malade. Il avait alors du avec regrets la laisser à terre et repartir pour vivre seul les aventures qui lui étaient destinées. Lorsqu’il était alcoolisé, il se remémorait son rire, sa joie de vire mais aussi leurs étreintes ardentes. Il en restait encore des traces, laissées par son crochet sur le sol de la cale.