C'était comme si un nuage bleu nuit s'était répandu tout autour d'elle. Des jets de lumière blanche se faufilaient entre les silhouettes presque invisibles, et seul quelques touches de violet s'écrasaient sur les joues creusées de la jeune fille. Son regard était fermé, froid.
Froid comme ce turquoise qui se reflétait dans le blanc de ses yeux, cachés par quelques mèches brunes. Ses doigts jouaient lentement avec son verre presque vide ; elle allait bientôt en reprendre un de toute façon.
Un lourd souffle se faufila contre ses lèvres quand elle sentit une masse s'effondrer sur son épaule dans une rire.
- Martial.. grogna-t-elle agacée en repoussant rapidement le blond.
Celui-ci fit une petite moue avant de se faufiler à nouveau dans les bras de son ami. Il ne mit pas longtemps avant de couiner une plaintes auprès du roux :
- Erwie.. Elle est méchante.
Un nouveau grognement effleura les lèvres de l'étudiante en se retournant dos aux deux abrutis. Elle put entendre le doux rire d'Erwan et un « Martial.. tu es un vrai gosse quand t'es bourré. » avant de détourner son attention. Elle était irritée. Cela se voyait sûrement d'ailleurs. Mais ce n'était pas à cause de l'alcool. Du moins pas seulement.
Un coeur brisé peut faire pleurer, hurler, complètement détruire une personne. Sentir chaque membres de son corps disparaître et son âme se perdre lentement sur le matelas blanc de sa chambre remplie de souvenirs, de promesses et d'amour. Toute ses petites choses pastels qui ne signifient à présent plus rien.
Pourtant, ces petites choses continuaient de brûler dans les poumons abîmés de la brune.
De l'autre coté de la pièce, entre les corps dansant et la transpiration, un regard détaillait la jeune fille. Du coin de l'oeil, un regard malin et un sourire en coin occupaient son visage. Oh rien de vicieux, non, plutôt enfantin, amusé. De longs et fins cheveux blonds, dont la lumière donnait toute une palette de teintes, plus absorbantes les une que les autres, caressaient ses joues blanches et ses épaules nues.
On la regardait, elle était attirante, mystérieuse, intouchable.
Dans un glissement presque invisible, la blondes se rapprocha de notre coeur lourd.
Elle ne l'avait pas vu. Ses doigts tremblaient à présent contre le verre vide et ses paupières ne pouvaient plus retenir cette larme bleutée, qui se mit à lentement parcourir ses joues rouges avant de s'introduire discrètement entre ses lèvres.
Ce fut à ce moment-là que la main de la blonde vint doucement replacer une boucles de cheveux derrière l'oreille de la brune. Dans un sursaut, celle ci se retourna vers la jeune fille aux yeux bleu et la regarda.
Ses lèvres habillaient de mauves ne bougeaient pas. Ni ses lèvres, ni ses mains, ni ses jambes. La blonde restait debout face à elle dans un silence bercé par une musique bien trop forte. Sans savoir réellement pourquoi, la brune se leva, laissant sa main quitter le verre et venir rencontrer la peau de l'autre étudiante, bien plus blanche, bien plus douce. Leurs regard se croisèrent l'espace d'un instant, laissant la brune figée face au brouillard destructeur qu' abritaient les iris de l'inconnue.
Ils étaient fascinant ; ses yeux. Contrairement aux siens, marron, qui puaient la rancœur et la douleur. Des yeux marrons qui exprimaient la pitié d'un cœur brisé et d'une fierté humiliée. Pourtant, les yeux si fascinants de la blonde semblaient aussi fascinés par ceux abandonnés de la brune.
Alors, lentement, dans un mouvement presque aussi certain que logique, leurs visage se rapprochèrent sans briser ce lien de glace qui reliait leurs deux pupilles.
Elles ne se connaissaient pas et ne se connaîtrons peut être jamais mais quelle importance ça avait ? Aucune. Pour l'instant, aucune.
Les maigres lèvres abîmées de l'une n'étaient plus très loin des pulpeuses de l'autre. Une caresse jusqu'à son cou et une main glissée dans ses cheveux, leurs corps maintenant l'un contre l'autre s'embrassaient déjà alors qu'elles prenaient leur temps. Un souffle froid, anarchique et une ardeur oxymorique s' entremêlèrent avant que leurs lèvres ne se touche.
Le conflit étrange qui alimentait leurs regards se tut et laissa alors leur âmes parler. Et elles parlaient. Celles-ci se chuchotaient quand la brune glissait sa main sur la joue de sa partenaire, elle riait quand la blonde soupirait, elles criaient à chaque caresse et hurlaient aux sentiments, aux émotions, à tous ce bordel qu'elles ressentaient.
Leurs vies étaient bordéliques.
C'est beau ce flou artistique..
"Wow.. c'est vraiment magnifique, on dirait que t'as mit toutes tes tripes dans ce texte." - une amie."
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