—Ecoute, faut vraiment que tu m'aides cette fois-ci! elle s'exclame.
Je pose alors violemment mon stylo sur le bureau, plaque mon bras droit sur ce dernier et y engouffre ma tête.
—Nan c'est toi qui va m'écouter Alnyah, tes problèmes d'argent tu v-...
—On est pas jumelles pour rien tu vas vraim-..., elle tente.
—Arrête tes excuses hein, je m'écrie en me redressant, on a des liens forts que quand ça t'arrange. Je viendrais pas, j'ai du boulot, j'suis chargée en ce moment.Je me dirige vers le distributeur en face de la salle d'attente, la mine froissée.
—Ecoute moi un peu au moins je...Je sais vraiment plus quoi faire. Si j'rembourse pas ces sous à un gars tu me revoies plus, ils rigolent pas eux.
—Dans quoi tu t'es mises encore, je grogne en insérant trois pièces dans la machine.
—Il me manquait un peu alors... elle susurre d'une voix tremblante. J'ai emprunté à un gars plus ou moins net et...
—Mais t'as quoi dans le cerveau? je grogne en me grattant la nuque, irritée.
—Je...Ça va hein, elle bégaie.
—BAH NON JUSTEMENT ÇA VA PAS !
—...
—Tu crois que ça m'amuse à moi de nettoyer ta merde après toi? Je siffle en baissant d'un ton après avoir remarqué les regards persistants des alentours.
—Ça m'amuse pas non plus à moi de vivre au jupon d'ma soeur parce que j'suis la ratée de la famille.
—Oh commence pas hein, je soupire en m'abaissant pour prendre la bouteille de jus d'orange qui venait de tomber du distributeur.
Elle soupire mollement et je reprends mes cent pas dans le centre.
—J't'ai dit de pas commencer Aly', déjà que je me plie en quatre pour toi, commence même pas à râler parce que sinon j'te laisse avec ton mafieu. Tu pourras finir en morceaux enterrée sous un casino ou vendue en pute à Gomorra j'm'en batterai les ovaires total, sois-en consciente.
—T'es cruelle, tu sais très bien que j'ai besoin de ton aide et tu profites de-...
—Ta gueule, je grogne avant de raccrocher.Je mords ma lèvre inférieure et retire ma blouse rapidement pour la mettre sur l'épaule d'une stagière dont j'ai oublié le nom.
—Ma chérie, tu peux me ranger ça et me chercher mon sac dans mon bureau steuplaît? Je lui souris en ouvrant ma bouteille fraîche.
Elle acquiesce rapidement puis s'en va. Elle revient sur ses pas, hésitante.
-Euhm...Votre numéro de casier c'est bien le 15A ?
Je lui réponds par un sourire bref et m'adosse au mur en repensant à la situation plus que délicate dont Aly' venait de me faire part.
**
—45 Matwee Street s'il vous plaît.
—Tout de suite mam'zelle.J'envoie quelques messages à mes collègues pour informer ma courte absence " Affaire urgente a régler dsl, essayez de me couvrir pour Sandrea, deja qu'elle m'a dans le collimateur, j'vous revaudrais ça. J'fais le plus vite possible, bises. "
Heureusement que je ne suis pas dans une de ces grandes métropoles où tous les centres hospitaliers sont tout le temps overbookés. Même si c'est quand même assez fin, je peux être absente sans trop brusquer l'emploi du temps de l'établissement.
Le trajet se passe avec la radio locale et ma tête déposée sur la vitre.
Une fois arrivée, je dépose les billets sur le tableau de bord du conducteur et lui souhaite une bonne journée. Je me dirige machinalement vers le distributeur de ma banque.
Elle veut de la thune et en plus en cash..
La "bonne nouvelle" dans l'histoire c'est que son foutu appartement se trouve juste en haut. La "mauvaise nouvelle" de la "bonne nouvelle" c'est qu'elle habite au dernier étage, soit le huitième et que son asenceur est souvent en panne.
Sous un soupir d'agacement je sonne à l'interphone.
—Oui?
—Ouvre.
—Qui c'est?
—OUVRE BORDEL C'EST NETNYSAH !
—Ah.
—Pff..
—Désolé j't'ai pas reconnue, j'ai pensé que c'était l'autre à qui je dois d'l'argent.
—Même pas foutu de reconnaître la voix de sa soeur à qui tu soutires de la thune, je siffle. Bon tu m'ouvres aujourd'hui ou demain?Le bip de l'interphone indique que la porte est dévérouillée. Je la pousse frénétiquement de l'épaule et m'introduis dans le hall vide.
Mon regard se pose sur l'ascenseur.
Pas d'affiche scotchée sur les portiques en vue.
Pas de barrière en carton dessus.
La lumière verte est allumée.Une lueur de joie s'empare de moi et un sourire qui laisse échapper un " Yes " me surprend.
Je me dirige rapidement vers l'ascenseur, contente d'avoir enfin une bonne nouvelle depuis ce matin.
Une ombre, caché par un muret entre dans l'ascenseur.—Attendez-moi!
