NOËLLA

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NOËLLA

ELLA

Boston, ville des universités dont la renommée dépasse toutes les autres universités du pays ou du monde. Boston ou la ville où je vis depuis six longs mois.

Ces six mois ici ont été plutôt bénéfiques malgré le fait que prendre des responsabilités est vachement plus intimidant que je ne l'aurais cru. Payer un loyer, partager un appartement à ton nom et vivre sans ses parents. Dit comme ça, ça aurait pu être très simple, mais loin de là. À Boston, j'ai cette impression étouffante que je grandis pour de bon, que j'ai quitté le cocon familial pour en rejoindre un autre : le mien. Ou plutôt le nôtre.

Mes colocataires sont cool et ont des tempéraments bien particuliers. Ils sont tous les deux à Harvard avec Björn, des génies qui se préparent à vivre leur rêve et acquérir leur boulot les poches remplies d'argent. Dès les premières semaines, je me suis habituée à leur mode de vie ultra décontractée mais sérieux en période de gros examens.

Deux mois avant la rentrée, au début de ces merveilleuses vacances d'été, Björn m'avait décrit ses coloc' comme des colocataires en or. « Un fou furieux et une lesbienne satanique ! ». Et honnêtement, c'est tout à fait le cas.

William est ce qu'on appelle dans le jargon une petite pute masculine, un fuckboy. Björn aurait dû me préciser qu'il était fou furieux dans un domaine bien particulier : les nanas. Rien qu'en y pensant, il a toujours ces sourires railleurs qui te fichent les jetons surtout toi, la petite coloc' hétéro en couple. Carly, elle, est souvent absente, traînant dans les boîtes de nuit où tout le monde est habillé en noir. Une vraie secte. Plusieurs fois, je suis rentrée dans sa chambre. Et j'ai eu un petit avant-goût de l'enfer. Le plus dérangeant dans toute cette histoire, c'est que les deux m'ont draguée pendant le premier mois et Björn, comme toujours, n'est au courant de rien.

Cette semaine, les étudiants sont tous en vacances. C'est une semaine majeure, c'est tout simplement la fin d'année : Noël et le Nouvel An. Deux festivités qui font rayonner Björn. Sur le sujet, je suis plutôt passive, j'ai décoré le sapin avec eux pour m'intégrer à leur bonheur de Noël et préparer une ribambelle de gâteaux aux parfums différents.

Aujourd'hui, nous sommes le 24, et dieu que la maison sent bon. Une odeur de pain d'épices inévitablement agréable. Même s'il faut remarquer que William déteste les pains d'épices après un dessin-animé où il a vu s'autodétruire un petit bonhomme de pain d'épice animé.

- Doux Jésus, tu te réveilles enfin, ce n'est pas trop tôt. Lance Carly en me voyant débouler dans le salon, les yeux remplies de cernes et la bouche pâteuse.

J'ai besoin de mes spéculoos.

William, déjà en train de lancer une partie de jeux vidéos, lève les yeux au ciel en voyant Björn me suivre de près, les cheveux mal coiffés en train de bailler.

- Le viking n'a pas mis de réveil. Expliqué-je en haussant les épaules.

Je prends place autour du comptoir du petit-déj. Björn me sourit comme d'habitude, se frottes les yeux et me lance mon vénéré paquet de biscuits. Je nous prépare nos deux cafés crèmes et écoute la machine faire ses vrombissements assourdissants.

Un autre très grand changement : Je dors depuis trois mois dans le même lit que Björn.

J'ai une chambre à l'aile est de l'appartement mais ne l'emprunte plus que pour les vêtements depuis octobre. Je me rappelle encore des remarques très gênantes de Carly à ce sujet et William mimant des ébats qui n'ont pas tout le temps lieu. Non, si je dors aujourd'hui avec Björn, ce n'est pas parce que l'envie de « dévorer son pénis » me submerge chaque soir comme le dirait Will'.

WatermellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant