Saleté

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  Je me souviens du lendemain.
J'ouvre mes perles d'émeraude...
Etait-cela réel?
Avais-je vécu tout ce malheur?
  Je m'étais réveillée tard, mes os écrasés de fatigue, j'avais de l'affliction partout, dans mon corps et dans mon âme, celle que j'avait perdu la veille.
Je prends trop de temps pour absorber mon état pitoyable, ma réalité amère.
  je me lève, je marche à peine, je ressens une vertige dure mais je resiste et j'enlève le rideau, un rayon solaire plein d'ambition pessimiste m'aveugla, je ressens le vent et le froid, il fait beau et j'ai mal.
  Devant le miroir, c'était une douleur de luxe, une tragédie, une satire et une ironie . Je me voyais, je voyais un deuil intense dans mes émeraudes, un trajet de larmes chaudes glacé sur mes joues pâles depuis la veille, un sourire sans origines, triste et vide; une chevelure longue et crasseuse, puis une peau toute blanche tachée en dégradé de bleu et de vert. Quel art!
  J'était encore jeune.
  Puis sur mon lit, j'essayais de penser, mais je n'en pouvais guère, je me sentais faible . Mes pensées actives, mon rêve audacieux et mon ambition, étaient pour la première fois emprisonnés entre les plis de ma cervelle sale et détruite, détruite et morte. Pauvre Taiziri.
  Ma vie fut condamnée, condamnée à cause d'un morceau de viande, celui que le démon avait rasé la veille.
  Chez nous, la dignité et la réputation d'une fille et de sa famille, sont sans doute accordées à ce morceau de viande.

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