La première fois que je l'ai rencontré, j'ai su que j'avais raison. Vous savez, j'ai toujours raison sur ce genre de choses, l'intuition, l'impression à première vue sont bien développées chez moi. Mais ça ne m'était jamais arrivé sur un plan physique. La première fois que je l'ai vu regarder à travers moi, je l'ai su. Je l'ai su, c'est tout! Sa stature semblait tout dominer lorsqu'il se penchait au dessus des routes et des montagnes, son poingt fermé levé vers le ciel provoquer quelques dieux inconnus.
Ses lèvres tendres ont chuchoté, mais à ce moment là, aucun son ne m'est parvenu à l'oreille. Ensuite, j'ai regardé plus attentivement, et j'ai remarqué qu'il pleurait, de minces, sèches larmes s'échappaient de ses yeux. Sans moi même m'en rendre compte, j'ai fini par l'envelopper de mon étreinte."Qui es tu?"
Je n'ai pas répondu.
J'ai continué a lui caresser les cheveux comme on le ferait avec un petit chiot qui venait de perdre sa famille."Tu as perdu quelqu'un?"
Il est resté silencieux pendant un moment et a arrêté de renifler. Seuls les soubresauts agitant son corps révelaient la douleur. J'ai soulevé son menton et l'ai regardé dans les yeux. Ils renfermaient une proportion incroyable de désespérance et de solitude.J'avais raison, à ce moment là. J'était certain que Jeon Jungkook allait être l'amour de ma vie. "Light of my life, fire of my loins" comme Nabokov a écrit si brillament dans Lolita, chef d'oeuvre de la littérature. Il a changé ma tristesse en joie, mes larmes en sourires, mes démons en anges. Mais maintenant je ne pense pas que j'ai encore de l'éxactitude. Il est imprévisible, tout comme la vie.
Lorsque j'ai pénétré dans l'appartement dans lequel je vis avec lui, je me suis senti un peu bizarre et honteux. Honnêtement, c'était la première fois que j'avais ramené quelqu'un à la maison et plus particulièrement quelqu'un qui, je le savait, allait occuper une grande place dans ma vie.
"Assieds toi et fais comme chez toi.", j'ai dit.
Il s'est assit. Et j'ai commencé à parler beaucoup trop. Sur moi, ma famille, mes amis, mon chien, mon école, ma vie. Ça sonnait même chiant à mes oreilles. Oui, je suis ce type de personne, et j'étais assez embarrassé qu'il le sache. Enfin, il avait l'air d'aller un peu mieux et écoutait tout ce charabia avec un sourire étirant son visage.
Il n'avait pas l'air d'être le type de gars qui parle beaucoup, alors c'est encore mieux. Sans le savoir, j'avais décidé de le faire mien.
J'était debout, là, en face de lui, et avec une expression théâtrale faisais quelque grands mouvements de bras pendant que je parlais. La pièce restait silencieuse et j'étais le seul qui dérangeait. A un moment donné, je n'avais plus rien a lui dire et me suis finalement assis à côté de lui, triturant mes doigts.Il m'a regardé, et pour la première fois depuis qu'on était rentrés, j'ai pu entendre sa voix. Une voix claire, douce, qui contrastait beaucoup avec son apparence physique.
"Merci de me consoler. J'en suis reconnaissant. Mais maintenant il faut que j'y aille. Je peux pas rester ici, ça serait abuser de ton hospitalité." Il s'est levé et s'est incliné.
"Attends! Tu peux rester ici si tu veux. J'ai pas beaucoup d'amis de toute façon. Reste, s'il te plait.."
Il est resté.Après ce moment, ma vie allait devenir la meilleure. Je m'en fout de savoir quelle vie magnifique les célébrités peuvent bien vivre, avec leurs bals de charités, leurs fêtes, vies faciles, voitures, argent, et implants mamaires ou encore leurs perruques. J'ai ma propre célébrité à la maison, et il est magnifique. Je sais, ça a peut être l'air ridicule, mais je m'en fiche car c'est la vérité.
J'ai commencé a me demander combien de temps mon intuition marcherait la première fois où on s'est embrassés, parceque je n'avais pas vu ça arriver du tout.
On etait allongés sur l'herbe, par un après midi ensoleillé en plein milieu d'une petite forêt dans laquelle j'ai parfois l'habitude de me promener. Ce n'est pas une forêt très dense, mais l'épaisseur des peupliers noirs qui l'entourent faisaient ressembler cet endroit à une place secrète et isolée, comme si l'on était seuls au monde. Comme si personne d'autre n'existait. Personne d'autre n'a foulé cette herbe, personne ne nous a jamais vus. Je n'ai jamais parlé a quelqun d'autre. Personne n'a respiré, jamais. C'est juste lui, et moi. Vous voyez? Je suis déja perdu.Il a commencé a s'ouvrir de plus en plus à moi et m'a dit pourquoi il pleurait la première fois que je l'ai vu. Je l'ai enlacé fermement et avait soudainement pressé mes lèvres aux siennes. Un goût tellement doux, des lèvres douces, une langue douce jouant avec la mienne, une voix douce, peau douce, garçon doux. Je réalise que je ne sais pas beaucoup de choses sur lui. Il est entré dans ma vie comme un ouragan et ne m'a plus jamais quitté.
Je ferme les yeux et me rapelle de mes doigts envieux entre ses cheveux fins. Lui mettant sa main derrière ma nuque, demandant plus. La sensation de l'herbe fraîchement coupée sous nos deux corps, légerement mouillée.
Simplement délicieux. Un soupir s'échappant de ses lèvres se frayant un chemin jusqu'a mon oreille, et se répercutant finalement dans ma tête comme une promesse mortelle. Delicates etaient ses lèvres, d'une délicate couleur que même les roses enviaient. Je suis tombé dans un piège que j'avais moi même tendu.Tout est devenu plus coloré. Les gens gris n'étaient pas gris plus longtemps, les intolérants professeurs ne crachaient plus leurs mots mais des mélodies, j'étais devenu bien meilleur à l'école et en tant qu'être humain aussi. Pas de surprise, j'avais le meilleur humain sur terre pour m'entraîner. Jungkook est un génie depuis la petite section, et c'est pour ça qu'il a quitté l'école. C'est ce qu'il m'a dit en tout cas. Et je l'ai cru. Je ne l'avais jamais remarqué avant, mais je suis mort à l'intérieur. Depuis toujours. Mon intuition n'est pas aussi bonne que je croyais qu'elle était. Qu'est-ce que j'avais bien pu faire depuis tout ce temps? J'ai l'impression que je doit expliquer les choses plus clairement. Je me sens comme si je venais de me réveiller d'un horrible rêve, ou bien alors d'un très heureux cauchemar. Jeon Jungkook, la vie a été si difficile sans toi. Vu que j'ai fini d'écrire ceci, je peux finalement tout expliquer maintenant. Que mon histoire et celle de Jungkook commence!