Chapitre I : La Vente

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The Queen

- Chapitre I -

Une voix surgit soudain de l'obscurité pesante qui m'entourait depuis plusieurs heures déjà :

- Sheyla Weylle du quartier des mineurs. Numéro d'identification : 83-75A. Délit : sabotage, destruction de matériel et agression d'un membre des forces de l'ordre.

À l'entente de ces derniers mots je grognai : ce soldat était ivre et frappait un chien qui crevait de faim. Je lui avais juste donné la petite correction qu'il méritait !

Une voix grave, dénuée d'émotions, répondit à mon geôlier :

- Faites voir son visage.

Une main m'arracha sans délicatesse le tissu qui me bandait les yeux. Une lumière aveuglante inonda mes pupilles et je refermai immédiatement les paupières. Lorsque je les rouvris prudemment un temps plus tard, des taches colorées troublaient ma vision. Je mis plusieurs secondes avant que mes yeux puissent y voir correctement. Et ce que je vis alors me coupa le souffle.

Je me trouvais dans une immense salle blanche baignée de lumière dix fois plus grande au moins que la petite chaumière qui me servait de maison jusqu'alors. Son toit, en verre, laissait filtrer les abondants rayons du soleil hivernal et donnait un aspect glacial et peu accueillant à cet endroit surdimensionné.

Soudain, la même voix grave qui avait demandé à apercevoir mon visage me coupa dans ma contemplation :

- Elle n'est pas laide, mais je ne suis pas tout à fait sûr qu'elle vaut le prix que vous me proposez.

Je cherchai des yeux la personne qui m'insultait de la sorte et la trouvai assise confortablement sur un trône de marbre blanc. Il était très beau, d'une beauté froide, avec ses cheveux bruns coupés à la perfection et ses yeux bleus comme les lac gelés du nord. Ses lèvres étaient étirées en un petit sourire en coin qui ne se reflétait malgré tout pas dans ses pupilles noires.

Mais ce qui me marqua le plus ce ne fut pas son visage - bien qu'il était magnifique - mais plutôt la couronne d'acier délicatement ciselée qui était posée sur celle-ci.

Alors, je compris qui j'avais en face de moi et un frisson d'effroi parcouru ma colonne vertébrale.

Mon geôlier, un homme trapu à la longue barbe, bafouilla et tenta de défendre sa marchandise - en l'occurrence, moi.

- Voyons sir, regardez ces mains, elles sont très habiles, capables d'accomplir toutes les tâches. De plus, les esclaves aux cheveux aussi blancs sont très rares !

- 1800 pièces d'argent ou rien.

Mon geôlier scella alors mon destin par ces deux mots qui stoppèrent net mon cœur.

- Très bien.

Je sortis alors de mon mutisme et dis avec le plus d'aplomb possible :

- Je refuse.

Le Roi haussa les sourcils, amusé.

- Tu sais, misérable Pauvre, que je pourrais te tuer pour ces mots ?

- Ce serait bête de gâcher ces 1800 pièces d'argent que je représente ne croyez-vous pas ?

Il me dévisagea de ses grands yeux semblables à deux fragments d'iceberg puis esquissa un sourire.

- Emmenez-la dans la chambre 302, dit-il à un garde que je n'avais pas remarqué jusque là.

Je fronçai les sourcils, si celui qui était la cause de mon malheur depuis ma naissance croyait que j'allais baisser les bras si facilement, il se trompait lourdement.

Je sortis de ma botte la minuscule dague que je cachai jusque là et la brandis résolument devant moi.

- Je vous le répète : je refuse.

Le Roi émis un petit rire.

- Voyons mademoiselle Weylle, ce ne sont pas des manières.

Le garde lui demanda :

- Faut-il se débarrasser d'elle sir ?

- Pas question, vous la désarmez puis vous l'accompagnez jusqu'à sa chambre.

- Bien, sir.

Le garde se jeta sur moi, mais je l'esquivai facilement : des années passées dans la rue, seule, cela servait forcément à quelque chose. Emporté par son élan, l'homme s'écrasa à terre. Promptement, je déposai ma lame sur sa gorge.

Mon geôlier poussa un petit cri effaré :

- Je m'excuse sir, si j'avais su je lui aurais mis des menottes...

Le Roi ne lui accorda même pas un regard et me dit :

- Que comptes-tu faire avec cette dague ? Le tuer ? Et bien fais, sa vie n'a aucune valeur.

Sous mes mains, je sentis le garde tressaillir. Une bouffée de haine s'empara de moi envers cet homme cruel qui n'accordait aucune importance à la vie humaine. Je bondis vers lui et me préparai à enfoncer ma dague dans ce trou noir où devrait se trouver son cœur mais sa main surgit de nulle part et me stoppa dans mon geste.

- De l'audace... Murmura-t-il.

- Garde, attachez-la et tâchez de la maîtriser ou vous en répondrez par votre vie.

La morsure caractéristique des liens de cordes entoura mes poignets.

Puis un objet atterrit violemment sur ma tempe et lentement les ténèbres s'emparèrent de moi. La dernière image qui s'imprima dans ma rétine furent deux yeux glacials et sans émotions.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 01, 2017 ⏰

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