La charmante histoire de Qorail

Qorail

L'azur du ciel s'étendait à perte de vue venant se réfléter dans les yeux sombres de la jeune fille. Ses parents la conduisait, toutes fenêtres baissées chez ses grands-parents dans le fin fond de la campagne. Qorail, les bras croisés, boudait sur la banquette arrière, sifflant incessamment la même mélodie depuis le début du trajet.

-Allons, dit sa mère en se retournant vers elle, tu vas t'amuser! Il y a un lac et toutes sortes de belles choses à découvrir à la campagne. J'ai passé toute mon enfance là-bas et jamais je me suis ennuyée.

La jeune brunette lui lança un regard agacé.

-Mais mamie et papi sont vieux! Ce sera beaucoup trop long sans amis dans ce trou.

Alors, elle se remis à siffler. La mère, déçue, se retourna vers l'avant.

Qorail porta son regard vers l'extérieur qui avait bien changé sans qu'elle ne s'en rende trop compte. Des champs de blé doré au soleil se rependaient vers l'horizon où des montagnes au sommets enneigés se découpaient sur le bleu du ciel, venant remplacer les grattes-ciels gris. Au loin, de chaque côté de ces champs, des forêts touffues proliféraient, apportant une touche d'un vert éclatant au tableau. La jeune fille, éblouie, observa attentivement toutes ces couleurs vives, essayant de s'en imprégner.

Qorail était une fillette pas plus haute que trois pommes aux cheveux cuivrés maintenus en une queue de cheval qui était capable de déplacer plus d'air qu'une armée de mammouth en colère. Ses parents prirent peur qu'il arrive quelque chose à la maison si une gardienne inexpérimentée venait s'en occuper tout l'été. Ils décidèrent donc de l'envoyer chez les grands-parents de la campagne pendant qu'eux iraient se faire bronzer sur des plages de sable blanc. 

«Pourquoi ne veulent-ils pas m'emmener avec eux? Des voyages en amoureux... pfff! C'est juste une excuse pour se débarrasser de moi oui!»

La croulante van turquoise s'installa dans l'allée poussiéreuse, faisant crisser ses pneus à l'arrêt.

-Allez Qorail, viens dire bonjour à mamie et papi, dit le père en lui tenant la portière ouverte.

-Nan! J'ai pas envie.

Malgré ses protestations, le père réussi à la tirer de la van par la force. Il l'entraîna dans l'antique maison de bois en la transportant sur son dos comme une poche de patates. Qorail s'installa à la table défraîchie avec une grimace monumentale.

-Bonjour ma petite! lui lança mamie, un visage rond amical surmonté de cheveux gris bouclés. Veux-tu des biscuits?

La brunette observa les petits délices rond avec envie, mais elle préféra s'en abstenir, question de bien démontrer qu'elle ne plierait sous aucune condition. 

-Quel dommage! Ces sont tes biscuits préférés, tu sais? Ceux au beurre d'arachide avec des cristaux de sucre sur le dessus. Je les avais préparés spécialement pour toi.

À ces mots, Qorail s'emparra de deux rondelles qu'elle mit avidement dans sa bouche.

-Ah, je me disais bien que tu les aimais.

Après une courte discussion, les parents de la jeune fille remontèrent dans la voiture (avec grandes peines parce que cette dernière s'accrochait à leurs tibias) et partirent au loin. Alors, Qorail se coucha à plat ventre sur le porche inondé de soleil pour bouder dans son coin.

-Viens Qorail! On va faire des mots-croisés ensemble. Ça va être amusant! lui lança sa grand-mère (qui roulait ses «r», accent des vieilles personnes de la campagne) à travers le moustiquaire. 

«Trois mois ici. Que vais-je devenir? se dit la brunette avant de rouler jusqu'à tomber dans l'herbe.»