Amsterdam

Jamelia WINSELL

Encore un coup de feu. Cette fois-ci, celui-ci était beaucoup plus assourdissant et plus pétrifiant que le dernier tiré sur Jason, il y a moins d'une heure.

Je m'appelle Jamelia WINSELL, j'ai 17 ans, je suis une étudiante et je suis "blanche". Mon père est un riche producteur d'huile de colza, et ma mère est une femme travaillant dans la politique.
Nous vivons au cœur des Etats-Unis, à Jackson. Nous "possédons" également 13 domestiques à notre service. Papa et maman les appellent les nègres ou bien les bons-à-rien. Moi, je les appelle par leur prénom, ce qui me semble tout à fait normal et bon.
C'est ce qui me différencie de papa et de maman. Mais pas seulement d'eux, de tous les propriétaires blancs possédant des domestiques à leur service aussi.
Beaucoup de questions rôdent dans ma tête, beaucoup de mal être s'attendrit sur moi en ce moment.
J'ai perdu Jason aujourd'hui. Je le connais depuis que je suis née, et c'est lui et sa maman qui m'ont élevé pendant que papa et maman travaillaient, sans prêter attention à leur propre fille, leur unique enfant.
Jason a été tué cet après-midi, par papa. Mon pauvre père avait tenté de violer sa pauvre mère, celle qui m'avait élevée, celle qui m'avait procurée tant de joie et de bonheur pendant que lui et maman s'envoyaient en l'air ou s'absentaient pour des affaires. Celui-ci voulait se procurer du plaisir comme il en a l'habitude de faire durant l'absence de maman à l'étranger, et Jason n'avait fait que de la protéger en essayant de le repousser.
Et puis plus rien.
Un coup de feu, bang, et un cri aigu est sorti de la bouche de Janette.
C'est là que mes choix ont été sérieusement pris. Je voulais m'enfuir de cette demeure.
Je ne supportais plus la vie que je menais, voir mon père tuer celui ou celle qui défilait sous son œil comme ci de rien n'était, je n'en pouvais plus de tout cela. Grandir dans la haine, grandir dans un monde raciste et sexiste, non, c'en était trop.

Le soir-même, je pris la fuite seule. J'étais assez aisée pour me payer de quoi partir loin des Winsell, en direction d'Amsterdam. Beaucoup de choses me tentent là bas, j'ai entendu dire que tout était permis.
De la liberté, c'était tout ce que je désirais. Alors, sans plus tarder, je quittai l'Amérique pour Amsterdam.