Chapitre 1 : Falaise

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Tout commença en une journée de printemps, dans les immenses terrains de la propriété des Bordenoire. Cette famille d'aristocrates était installée depuis des générations dans un manoir un peu à l'écart de la capitale. Ils étaient connus pour entretenir de bonnes relations avec la monarchie, ce qui leur donnait une place prépondérante dans la société.

Les deux derniers-nés de cette famille savaient déjà qu'ils auraient à suivre les pas de leurs ancêtres. Mais pour l'instant, ils profitaient du temps clément.

L'aîné s'étira au soleil. C'était un garçon de douze ans aux cheveux courts charbons et aux iris d'ébène. Il trouva que c'était une bonne idée de bronzer un peu, et s'assit sur un banc de pierre en pleine lumière.

- Arman ! Appela sa sœur depuis la fontaine proche. Regarde !

Il leva les yeux vers elle. La fillette venait de grimper sur la croupe du cheval de pierre. Elle avait les cheveux aussi sombres que ceux de son frère coupés en un carré strict. Ses yeux miel surprenaient par leur couleur et une étincelle de malice y brillait en permanence. Les reflets de l'eau de la fontaine renvoyaient son sourire.

- Même pas mouillée ! Lança-t-elle avec fierté.

- Tu n'as pas le droit de monter là ; lui répondit son frère avec un calme caractéristique. Mère te l'a répété cent fois.

- Rabat-joie !

Du haut de ses huit ans, Lysandre contestait avec énergie toutes les règles du manoir. Elle n'écoutait qu'Arman, au grand agacement de leurs parents. Du coup celui-ci avait été désigné pour la surveiller.

Les parents de Bordenoire n'avaient que très peu de temps à accorder à leurs enfants. Aussi ceux-ci étaient habitués à rester seuls. Lysandre descendit de son destrier de pierre et trempa sa main dans l'eau claire.

- Et si on allait à la falaise ? Fit-elle. Je veux voir les oiseaux.

Déjà elle se levait pour s'y rendre. Arman se redressa :

- Surtout pas ! Les roches s'effritent, tu pourrais tomber !

Lysandre le fixa un instant, puis eut l'air déçue.

- Et si tu m'accompagnes ? Je n'irai pas au bord ! S'il te plaît !

Elle s'agrippa à son costume d'un air suppliant. Son frère soupira. Quand cesserait-elle ses caprices ?

- On y va à une seule condition : je veux que tu fasses ce que je te dirai.

- D'accord !

Les deux enfants s'y rendirent un peu plus tard, juste après qu'Arman ait glissé à un domestique confident où ils partaient. Celui-ci soupira en hochant la tête.

- Soyez prudent ; lâcha-t-il.

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La falaise se trouvait à une demi-heure de marche depuis le manoir. À cet endroit, une colline couverte d'herbes sauvages s'était à demi effondrée et personne n'avait jamais su comment. Il en résultait un paysage saisissant. Lysandre affirma sa joie avec énergie : elle courut sur la petite montagne. Arman la rappela vivement. Elle ralentit à contrecœur. Il se détendit un peu et la rattrapa :

- Je ne veux pas que tu te fasses mal.

L'herbe avait beaucoup poussé grâce aux giboulées. Le sol était donc encore humide, bien que le soleil soit présent dans toute sa splendeur. Lysandre marchait toujours devant, suivie de peu par Arman qui veillait.

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