Dix neuf

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Au fur et à mesure que nous avançons vers la maison, mon ventre se serre. J'ai l'impression que mes jambes ne me soutiennent plus.
Lens me prend par la taille et m'embrasse sur la joue. Pas un mot, mais cela suffit.

Ils sont dans la salle. Sam et Nick sur le PC. Kyle et Luke sont devant des papiers. Mais, en entendant le bruit de la porte, quatre paires d'yeux se tournent vers nous. Pas d'animosité, juste de l'inquiétude, et beaucoup de tendresse.

- J'ai des explications à donner.

- Alysson, tu n'as rien à expliquer. Nous aimerions juste que tu ailles bien. En nous parlant, cela évitera des situations compliquées.

- Je ne l'ai pas fait exprès. Quand Sam a dit cette phrase, j'ai fait un bond en arrière dans le temps. J'ai eu peur, Luke.

- Personne ne te le reproche, Aly. Surtout pas.

- Moi, je m'en veux. Parce qu'à cet instant, je vous ai comparer à lui.

- Gamine, l'important c'est ce que tu viens de dire. Cela veut dire qu'on est pas comme lui.

- Je sais ça, Kyle. A part pendant les premières heures, jamais je ne me suis sentie en danger. Sur ce plan là.

- Tu as eu peur de nous ?

- Kyle, tu es assez impressionnant et tu étais plutôt en colère !

- Y avait de quoi, non ? Tu as osé nous cambrioler, nous ! Et quand on t'a pris la main dans le sac, tu trembles pas, non. Trop facile. Toi, une petite nana tu te permets de te moquer de nous et d'essayer de te tirer deux fois. J'ai pas aimé ça !

- Je comprends mais vous vous rendez pas compte, vous étiez cinq mecs. Moi, j'étais toute seule. Pleurer n'aurait servi à rien. Si ?

- Pas à ce moment là. On était vexés ! Quand Sam a débarqué avec toi en travers de l'épaule, j'ai vu rouge. rajoute Luke.

- J'avais peur que vous abusiez de moi je chuchote.

- Quoi ?

- J'étais enfermée dans une chambre avec des mecs. Vous avez pas appelé les flics, vous m'avez accusé d'avoir volé des trucs. J'ai préféré tenté l'évasion. Sans Sam c'était réussi.

- Tu avais déjà vécu une expérience identique ?

- Identique ? Impossible ! Mais dangereuse, oui.

- Tu ne peux pas dire cela et t'arrêter, réplique Lens.

- L'hiver dernier, je me suis fait surprendre par le froid. J'avais repéré un endroit. Pas génial mais à l'abri du froid. C'est même devenu très chaud.

- Et ?

- J'étais claquée. Je me suis endormie. Quand je me suis réveillée, j'étais seule avec huit mecs qui me regardaient.

- Quoi ?

- Tu deviens sourd avec l' âge Kyle ?

- Tu veux que je te botte les fesses ?

- Ils avaient besoin d'une fille, j'étais là. Je leur ai rendu service, en échange j'ai obtenu un lieu où dormir.

- Mais tu es malade ? Ils auraient pu ?

- Ils ont rien fait. Au contraire. J'étais au chaud, nourrie et hors de danger.

- En échange de quoi ?

- Ils me payaient l'entrée dans des boîtes, je leur ouvrais de l'intérieur. Et ils volaient.

- C'était où ?

- Dans la banlieue de Nîmes.

- Y avait pas un Elijah dans les huit, par hasard ?
demande Lens.

- C'était le chef. Tu le connais ?

- J'ai fait un bout de chemin avec eux à une époque. Elijah m'a permis de me remettre.

- De quoi ?

- Alcool. Je buvais comme un trou. J'étais en train de creuser ma tombe. Elijah m'a mis un marché en mains. Plus d'alcool, il me protégeait. Si je buvais il me corrigeait. J'ai pris deux trois roustes.

- Pourquoi tu es parti ?

- Elijah est parti, le chef ne me plaisait pas, j'ai mis les voiles. J'ai rencontré Luke quelques mois après. Et toi ? Pourquoi tu es parti si Elijah te protégeait ?

- Je ne me sentais pas prête à rester dans un groupe. On se remet au boulot ?

- Viens voir ! Que je te montre l'application que l'on a mis au point avec Nick !

- Vous avez réussi ? Pour lire sur les lèvres ?

- Tu avais un doute sur nos compétences ?

- Pas vraiment. Tu saurais créer une appli pour apprendre à être heureuse ?

- C'est déjà fait, gamine. Je t'y ferai jouer ! C'est plus facile que tu crois !

- Tu me fais une démonstration ?

- Du bonheur ou de la lecture sur les lèvres ?

- Deuxième. On a un boulot à faire, non ?

- Pressée ?

- Pas forcément. Mais j'aimerai bien pas faire capoter le coup !

- Aucun risque. On a toujours un plan de secours. On commence ?

- Explique-moi ce que tu veux que je fasse ?

- Je veux que tu me dises une phrase sans parler en articulant. Ou si tu préfères des renseignements. Essaye.

- une caméra à deux heures. Pivotantes. 360 degrés.

- Je n'ai pas tout. Mais je peux compléter par déduction. Une caméra à deux heures. D'où tu connais ce language ?

- Jeu vidéo !

- Stupéfiante ! Pivotantes 360. Par contre j'ai besoin d'infos plus complètes. Le temps de rotation, des trucs comme ça !

- D'accord. Tu pourras me faire une liste à apprendre ?

- Tu apprendras au fur et à mesure. Tu vas être en binôme avec Lens ou avec Luke. Le plus dur c'est d'être discret.

- Attends. J'ai une idée !

Et elle fonce vers sa chambre. Je m'attends au pire. Cette gamine est intelligente et c'est une vraie pile électrique.
Je la vois réapparaître, toute fière d'elle. Elle est rayonnante.

- Allez ! Montre-moi ton idée, gamine.

Elle sort son mp3, l'installe et me fait un show. Une gamine qui visite avec de la musique dans les oreilles. Excellent.
Je la prends dans mes bras en rigolant.

- Validé ! Tu réalises que c'est toi qui a trouvé les deux idées ?

- Enfin, sans ton appli, mon idée c'est de la merde.

- Arrête de te dénigrer constamment ! Premier chapitre du jeu du bonheur !

- Compris chef ! me répond-elle avec un clin d'oeil.

Une Sacrée EquipeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant