Réveil 🔥

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Les réveils.

Du plus loin que je m'en rappelle, jamais, ces engins de malheur n'ont témoigné du moindre respect envers moi. Heureusement, ce fut également éternellement réciproque. Chaque matin, je gratifiais mon cher ennemi de toujours d'un amical bonjour souhaité du bout de bras et ayant chaque fois pour résultat de le projeter contre le plancher de ma chambre.

Oui, j'étais un réel gouffre financier en matière de réveil.

Ce matin là ne différa pas d'un poil. En retard, je me réveillai après avoir envoyé valser ma saloperie de réveil sur le sol et bien sûr, je ne bougeai pas de mon lit avant que mon frère n'entre dans ma chambre pour me sortir de force de mes plumes. Prétextant, entre autre, que je n'avais pas intérêt à être en retard pour mon premier jour dans ma nouvelle école.

- Natsu, espèce de boulet ! Tu vas encore ne pas être à l'heure ! me lança brusquement Zereph en retournant mon matelas.

Je m'affalai de tout mon long sur le sol de ma chambre (bien moins accueillant que mon lit). Encore engourdi, je me relevai et passai la main dans mes cheveux roses dans lesquels on eut pu croire sans mal qu'une grenade ait explosé.

- Grouille-toi ! rajouta-t-il en quittant ma chambre non sans déplorer du regard le désordre monstre qui régnait déjà dans la pièce après seulement une semaine.

Je me traînai dans la salle de bain en enfilant l'uniforme exigé par mon nouveau lycée. Une espèce de chemise blanche dont je laissai volontairement les deux bouton du haut ouvert et la cravate pendre nonchalamment par-dessus. J'enfilai un jean que je jugeai d'une propreté acceptable et après m'être aspergé de déodorant, descendis prendre mon petit déjeuner.

Dans la cuisine, Ignir mangeait déjà, attablé devant un grand bol de café brûlant. Mon frère était déjà parti. Ça aussi c'était habituel, et le déménagement n'y avait rien changé. Mon aîné était tout ce que je n'étais pas, et la ponctualité faisait donc, tout naturellement, partie intégrante de sa personnalité.

Ignir m'adressa un large sourire lorsqu'il me vit pénétrer dans la pièce et m'asseoir face à lui. Ce vieil homme au visage tacheté par la vieillesse et au sourire avenant ne faisait malheureusement pas, à proprement parlé, partie de notre famille à Zereph et à moi. Néanmoins, c'était tout comme. Voire plus. Au décès soudain de mes parents, il y avait quelques années de cela, il nous avait recueilli chez lui sans rien demander. Et si son hospitalité aussi soudaine qu'inattendue nous avait quelque peu effrayé dans un premier temps, mon frère et moi n'avions pas tardé à nous rendre compte de toute la bienveillance naturelle de son geste.

Je n'aimais pas ressasser le passé, j'étais comme ça. J'éprouvais une étrange pudeur en ce qui concernait mon enfance. Une pudeur qui était bien le seul trait de caractère que je partageais avec Zereph d'ailleurs... à croire que nos plaies n'étaient pas encore tout à fait refermées malgré les années et les changements de caps de nos vies.

J'avalai goulument mes trois bols de cocopops et mes cinq tartines de nutella sous le regard amusé de Ignir.

- Tu essayes de ne pas TROP faire de conneries cette année, hein Natsu ? me lança-t-il, un sourire en coin.

- Mais non... pourquoi voudrais-tu que ça se passe mal ?

- Peut être l'expérience des années précédentes ? ria-t-il, Et quand te décideras-tu à trouver une petite amie ? Hein ? Regarde ton frère, lui et Mavis sont si heureux ! C'en est beau à voir !

Je levai les yeux au ciel sur cette énième provocation et épaulai mon sac d'un geste théâtral. J'embrassai promptement le vieil homme avant de me ruer dehors, histoire d'être sûr d'arriver à l'heure, même si grâce à mon aîné, je savais que j'aurais une heure d'avance...

Le ramen chaud bouillantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant