SABBAT ET MESSES NOIRES
La rencontre avec le diable constitue le paroxysme du crime de sorcellerie.
Tous les interdits posés par la justice divine et humaine sont transgressés par la cérémonie du "sabbat", appelée aussi "vauderie ou synagogue". Elle met en scène le monde à l'envers et ravale l'homme, créature de Dieu, au rang de l'animal. Elle se passe donc souvent dans un endroit désert, une nuit de pleine lune.Les "sabbats" se tiennent, au cours de la nuit du jeudi au vendredi ou la veille des fêtes chrétiennes, dans un cimetière ou au pied d'une potence ou à la croisée des chemins, ou encore, sur une montagne ou en un lieu réputé, pour les cérémonies de grande envergure : solstices, équinoxes et fêtes celtes (1er novembre, 1er février, 1er mai et 1er août).
On distingue le "petit sabbat", qui réunit les personnes d'une même ville ou d'un canton, et le "grand sabbat", dit aussi "sabbat œcuménique", qui rassemble les sorcières de plusieurs régions ou pays.
La légende veut que le 31 octobre (Halloween) soit le Nouvel An des sorcières ; la sorcière participe à la ronde des déguisements et des masques (adoptés depuis l'époque celte pour tromper les mauvais esprits) avec son acolyte le chat noir, que l'on soupçonne d'être en fait une sorcière réincarnée. L'autre grand sabbat de l'année est celui de la nuit du 30 avril au 1er mai, appelée "Nuit de Walpurgis", parce que le premier mai est le jour de la fête de sainte Walburge (ou Walpurgis), une religieuse du VIIIe siècle.
Jusqu'au XVe siècle, les gens croient que, pour se rendre au sabbat, des milliers de sorcières et de sorciers se frottent d'un onguent (en fait un hallucinogène : du jus de belladone), passent par la cheminée et traversent le ciel sur un balai ou sur un bouc, volant vers des lieux particuliers où ils se rencontrent, tandis que leurs enfants gardent des troupeaux de crapauds dans les champs.
Lors du sabbat, ils mangent, sans sel, des enfants non-baptisés (souvent mort-nés), du chien, du chat, du crapaud et de la viande putréfiée, dansent au son d'instruments discordants, copulent avec le diable (dont ils embrassent le derrière) ou avec le bouc, l'une de ses réincarnations, et se livrent à une orgie sexuelle.
Ils disent aussi des messes noires où tout est noir, des chandelles (faites avec de la graisse humaine) aux hosties profanées (dérobées dans les églises ou consacrées sur place par un prêtre défroqué ; à défaut ils utilisent une tranche de navet ou de radis noir) ; les croix sont renversées et les prières dites en partant de la fin. Au premier chant du coq, ils se dispersent, chargés des onguents maléfiques qu'ils ont échangés entre eux. Là où un sabbat s'est tenu, l'herbe ne repoussera plus.
Célébration d'une messe noire, par Martin van Maele
Les litanies du sabbat sont des invocations étranges qui se chantent au sabbat les mercredis et les vendredis : « Lucifer : miserere nobis. Belzébuth : miserere nobis. Leviathan : miserere nobis. Belzébuth, prince des séraphins : ora pro nobis. Balbérith, prince des chérubins : ora pro nobis. Astaroth, prince des trônes : ora pro nobis. Rosier, prince des dominations : ora pro nobis. Carreau, prince des puissances : ora pro nobis. Bélias (Bélial), prince des vertus : ora pro nobis. Perrier (ou Pierrier, ndlr), prince des principautés : ora pro nobis. Olivier, prince des archanges : ora pro nobis. Junier, prince des anges : ora pro nobis. Sarcueil : ora pro nobis. Fume-Bouche : ora pro nobis. Pierre-de-Feu : ora pro nobis. Carniveau : ora pro nobis. Terrier : ora pro nobis. Coutellier : ora pro nobis. Candelier : ora pro nobis. Béhémoth : ora pro nobis. Oilette : ora pro nobis. Belphégor : ora pro nobis. Sabathan : ora pro nobis. Garandier : ora pro nobis. Dolers : ora pro nobis. Pierre Fort : ora pro nobis. Axaphat : ora pro nobis. Prisier : ora pro nobis. Kakos : ora pro nobis. Lucesme : ora pro nobis. »