Chapitre 1

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- Debout ! Ils arrivent ! Dépêche-toi !

Une voix me tira de mon sommeil. Je repensai à ce monde auquel je rêvais... Je voulais juste dormir et repartir là-bas, doucement, sans un bruit. Mais ils arrivent. Ils sont là. Je pris mon armure dans l'armoire. Elle était bleue, mais avec le temps et les coups, certaines parties devenaient noires et s'effritaient. En m'habillant, je regardai le paysage endormi par la fenêtre. Le soleil ne s'était pas encore levé, mais l'on distinguait une faible lueur derrière la petite colline. Mon épée était restée sur la table. Les premiers rayons de soleil s'échappaient et la faisait luire dans la salle sombre. Je la contemplais debout, quand Namjoon arriva pour la seconde fois dans ma chambre.

- Oh, Tae ! Tu comptes rester là toute la journée ?

- Ah nan... J'arrive bientôt. Je vous rejoins en bas dans quelques minutes, répondis-je avec un sourire forcé.

Il sortit de ma chambre en soupirant. Il ne voulait pas y aller lui non plus. Mais le peuple compte sur nous. Nous devons y aller. Nous devons aller nous battre.

***************

Dehors, l'air était glacial. Un souffle glacé apparaissait dans l'air à chacune de mes respirations. Les soldats couraient de droite à gauche, effectuant leurs tâches respectives. Soudain je l'aperçu au loin.

- Eh ! Jineul ! Jineul !

Je poussais les gardes pour aller rejoindre l'enfant. Jineul me regardait arriver. Il ne bougeait pas, pétrifié, pris au piège. Ses petites mains tenaient un couteau. Un énorme casque recouvrait sa tête. Il tombait jusqu'à ses yeux, si bien qu'il était obligé de relever la tête pour voir le spectacle qui se déroulait devant lui.

- Eh, Jineul ! Qu'est ce que tu fais là ? Je t'ai déjà dit de ne pas traîner ici.

- Hyung, moi aussi j'veux me battre contre les méchants, répliqua l'enfant.

- Hors de question, rentre chez toi. C'est trop dangereux ici, surtout pour un petit garçon.

- J'vais défendre la ville hyung, t'inquiètes pas. Regarde, j'ai mon épée, dit-il en brandissant fièrement son couteau.

- Jineul, écoute moi. Hyung va devoir partir d'accord ? Je vais revenir après. Tu sais, près de la petite cabane en bois, il y a un banc. Tu sais où il est le banc ?

- Oui !

Je regardais aux alentours. Les soldats étaient presque tous prêts. Cela signifiait que nous allions partir. Cela signifiait qu'ils arrivaient. Vite.

- D'accord, d'accord. Tu vas aller m'attendre là-bas. Si il y a un problème, va te cacher dans la cabane. Je reviens très vite, okay ? Tu ferais ça pour hyung ?

- D'accord... finit-il par répondre, après une longue hésitation.

- C'est bien, file.

Je le regardais repartir vers la ville. Son sourire d'ordinaire éclatant s'était éteint, laissant place à un visage maussade. Je sentis un main sur mon épaule.

- On y va, ils sont trop proches pour attendre plus longtemps, m'informa Jimin.

- J'arrive. Où est mon cheval ?

- Près de l'étable.

Le soleil sortait enfin de sa cachette nocturne, éblouissant ainsi les alentours. La gelée brillait et les oiseaux sifflotaient leur air matinal. La nature se réveillait silencieusement. Après avoir vérifier que Jineul n'était pas revenu, je montai sur ma monture. Les soldats étaient bien rangés en ligne. En passant devant eux, je lus la détermination dans leurs yeux. Ils regardaient droit devant eux, comme leur avait appris la génération précédente. Quand quelques-uns d'entre eux enfreignaient cette règle et croissaient mon regard, je regardai à mon tour devant moi, avec un visage impassible. Je rejoignis mes six compagnons à l'avant de la troupe. Je les entendais clairement, les cris de motivations du camps adverse. Je n'entendais plus les oiseaux désormais. Ils avaient dut arrêter leur chant apaisant, contrariés par tout ce vacarme. Le signal fut lancé, et les sabots de nos chevaux commencèrent à écraser la gelée délicatement déposée sur chaque brin d'herbe.


- N'aie pas peur, dit Yoongi. Les hommes sont comme les chevaux, ils sentent la peur et peuvent mal réagir à ça.

- Je n'ai pas peur.

- Alors change moi cette tête. Notre peuple nous regarde, tu ne peux pas montrer leur montrer une expression attristée.

- On devrait donc continuer à leur mentir ?

- Tae, cela fait des générations que cette guerre a commencé. Nous ne pouvons pas la changer comme ça. Alors comporte-toi comme d'habitude. Le public regarde, chuchota-t-il.

L'armée adverse était désormais visible. Je la connaissais très bien maintenant. Cela faisait plusieurs années que nous nous combattions. Certains soldats me semblaient plus familier que les hommes et femmes réunis derrière moi. Les chefs de l'armée adverse étaient également placés en première ligne. Je n'avais plus la force de me battre. Eux non plus. Tandis que les deux peuples hurlaient de rage, n'attendant que le signal de guerre, les chefs s'observaient. C'est alors que je croisais le regard de l'un d'eux. Il me faisait signe d'encouragement, et souriait amicalement. Le signal fut finalement lancé. Sehun détourna sa tête, écœuré par les cris de fougue des deux armées, rompant tout contact visuel.


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