||JUNGКООК||
D'aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours regardé vivre. Je n'agis pas pour faire évoluer mon existence, je la subis. Je laisse les choses venir, se faire, et disparaître.
Et moi, je suis là. À attendre.
Encore et encore.Pas que je ne veuille pas, mais j'ai la sensation de ne pas tenir les rennes. Être juste là, à côté. Le voyeur silencieux de ma propre vie.
Lorsque je marche dans la rue, j'ai toujours cette hyper conscience de ma démarche, des mouvements de mes bras, de mes jambes, de mon corps. Besoin vital de contrôler le moindre de mes gestes, car rien n'est naturel. Tout est calculé. Mais ça ne va pas.
Non, ça ne va pas.
Toujours pas.Rien ne va.
Tout ceci n'engendre qu'un sentiment d'agacement, de gêne, de mal-être, et je ne vis pas : suis-je assez bien ? Assez droit ? Assez...
Assez.
Assez.
Assez.Malaise.
Aujourd'hui, j'ai 18 ans. J'entre dans l'école d'art de ma ville. Je ne veux pas décevoir mes parents. Ma famille. L'intégration au sein d'un groupe est inévitable. Mais la vérité, c'est que peu importe les efforts que je fais, je suis bien trop loin d'eux. De tous ces gens.Mes cheveux sont bien ? Et mes vêtements ? Mon tee-shirt me gratte.... est-ce moi qu'ils regardent ? Je ne veux pas qu'ils me regardent. Non...?
Au final, je ne sais même plus si c'est moi ou eux le problème. Est-ce que je m'éloigne volontairement de manière à échapper la confrontation ? Ou est-ce eux qui prennent la fuite en ma présence ? J'ai essayé pourtant.... me rapprocher, observer, adopter leurs gestes, leurs codes. Mais ils le voient. Ils le voient tout autant que moi.
Je ne sais plus quoi faire de mon corps. L'impression que ça ne va jamais, que je suis bancal, toujours à une vingtaine de centimètres de mon existence. Une ombre pesant le poids d'un mort.
Ça ne va pas, l'impression d'en faire trop, qu'on ne voit que ça. Écrit a l'encre noir sur mon visage froid."ANORMAL"
Je ne suis pas libre.
Il y a Lui......et il y a Moi.
C'est fatiguant d'exister. Moi je n'ai pas choisi de vivre. Tout ça, là, je ne l'ai pas demandé. Être seul, c'est bien. C'est enivrant, apaisant. Mais la solitude peu parfois se révéler pesante.
Envie d'être seul et entouré à la fois.
Mais les autres font peur, ils me terrifient. Ils sont là, constamment, et ils regardent, jugent, oppressent.
Et moi, je suis écrasé.
Étranglé.Etranger à moi même.
Ma singularité m'a toujours paru insignifiante, comme une simple particularité.Un petit je ne sais quoi.
Mais dans le groupe, c'est différent. Tu ne peux plus te permettre d'être apparent. Être comme eux, c'est tout ce qu'ils te demande.
Mais comment faire ? Comment interagir ? Je ne sais pas comment les aborder, comment les regarder. Mes mots s'emmêlent, perdent leur cohérence, mes yeux rencontrent les leurs, les fixent, mais je sens que ce n'est pas ça, que ça va pas. Alors mon regard les fuis, et la non plus. Toujours pas. Ça ne marche pas.Je n'arrive pas à comprendre ce qu'ils veulent, ce qu'ils essayent de me dire, quelles émotions essaient-ils de me faire passer.
Que me veulent-il ?Je réfléchis, encore, toujours. Peur de ne pas aller. Qu'ils me trouvent bizarre.
Mais c'est déjà le cas.
Alors je tente de me fondre simplement dans la masse. Je regarde les autres, mais surtout, ne pas les voir. Je croise le regard d'un garçon de ma promo. Plutôt mignon, les cheveux châtains et soyeux, avec des yeux rieurs en amandes. Lui aussi me regarde. Puis me sourit.
Vrai ? Faux ? Sincère ? Hypocrite ?
Je baisse les yeux, sentant la situation devenir gênante.Ouvrir ma veste. La fermer. Que faire. Je sais pas. Pourquoi je met encore ça. Je ne l'aime pas. Mais pourtant je la met tous les jours. Que faire...
Nous sommes 243 dans notre promo. 36 dans mon groupe. Je n'ai jamais adressé la parole à une grande majorité de ces personnes. Je ne veux pas ? Ils ne veulent pas ?
Et puis si j'allais les voir maintenant, après tous ces regards évités et ces discussions fuitent, que penseraient-ils de moi ? Tout ceci est si artificielle.
attendent-ils quelque chose de moi ? Ont-ils seulement conscience de ma présence ?Toujours cette impression qui me colle à la peau. Cette sensation pesante d'être bien trop imposant, de combler tout l'espace par ma simple présence. D'être à la vue de tous.
Ils me regardent.
Alors je fuis. Simplement. Je ne veux embarrasser quiconque. Ne pas leur imposer ma disgracieuse apparence.Tous ces questionnements me bouffe. Mais je ne peux rien faire. Rien.
Puisqu'ils sont là, et moi aussi : comment vais-je faire ?
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Bon... je suis désolé pour ce début peu fameux ...
J'ai la sensation que mes mots perdent en qualité lorsque je tente de nouvelles choses ... hm ...

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𝐚𝐜𝐢𝐝 𝐫𝐚𝐢𝐧 「тк」 (Hiatus)
Fanfic"Il faisait croire à son monde qu'il se foutait de tout, que rien ne lui importait."