OS.

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Souvent, Ian se demandait pourquoi on ne pouvait pas simplement être avec les gens qu'on aime.

-Tu veux boire quelque chose ?

Comment il en était arrivé là, dans cette luxueuse chambre d'hôtel, assis sur un lit trop grand qui sentait la lessive et le fric.

-Ian ?

S'il y avait une quelconque leçon à tirer du fait que, évidemment, il était tombé amoureux d'un type qui ne voulait pas de lui.

-Tu m'écoutes ?

Et au bout de combien de temps il finirait par passer à autre chose, s'il allait falloir des semaines ou des mois.

-Hé, boy ?

Ian leva les yeux. Lloyd était appuyé nonchalamment contre le bar, un verre de whisky à la main et la bouteille dans l'autre. Il souriait, avec cet air mi-amusé mi-arrogant qu'il arborait à peu près tout le temps. Ian ne se souvenait pas l'avoir vu en colère, ou triste, ou même fatigué. Mais c'était peut-être la lumière qui donnait cette perpétuelle impression que le type devant lui dominait le monde, et d'autres trucs mineurs avec. Ian compris, d'ailleurs. Enfin, c'était ce qu'il croyait.

Ian sourit à son tour.

-J'ai pas soif, merci.

-Tu as pris ton temps, boy, soupira Lloyd avant de boire une gorgée de whisky. À quoi tu pensais ?

-Rien de particulier, éluda-t-il en s'allongeant sur le lit.

Ian sentait le regard de Lloyd sur lui, de ses pieds à sa tête, comme un courant d'air chaud qui caresserait son corps tout habillé. Fermant les yeux, il s'enfonça un peu plus dans le matelas, profitant du confort exagéré, de la sensation des draps propres, et du silence, presque surnaturel, de la chambre tout entière. À la maison, il n'y avait que quelques heures de la nuit qu'on pouvait qualifier de calmes, et même quand tout le monde dormait et que Carl ne ronflait pas, il restait les murmures étouffés et les cris rageurs de Chicago, vrillant l'obscurité.

-Tu peux passer la nuit ici, si tu veux, lança Lloyd à un moment.

Sa voix était plus proche, maintenant.

-Fiona va flipper si je rentre pas.

-Tu n'as qu'à la prévenir.

Là, le matelas se creusa sous un poids supplémentaire. Puis Ian perçut un léger clac - le verre de whisky, sur la table de chevet – et un froissement de tissu – le blazer, sur la moquette.

-C'est Lip qui a le téléphone.

-Tu peux utiliser le mien.

Ian fit l'effort d'ouvrir un œil, sourit vaguement à Lloyd.

-Merci, mais ça va aller. Je suis pas crevé à ce point-là.

L'homme acquiesça, puis se pencha pour l'embrasser dans le cou. Ian laissa faire.

-Tu comptes rester allongé là sans rien faire ? demanda Lloyd contre sa peau.

Le jeune homme ne répondit pas. Honnêtement, il commençait à croire que oui. Penser à Mickey – y'en avait qu'un, de type dont il était tombé amoureux mais qui ne voulait pas de lui – avait tendance à lui faire cet effet-là. Comme s'il le trompait.

-Bon, peut-être que je suis vraiment fatigué, admit-il finalement.

Ian le sentit sourire. Puis une main passa sous son t-shirt et il ferma les yeux, appréciant malgré tout la chaleur des doigts qui courraient sur son ventre.

Then will come the end of the Où les histoires vivent. Découvrez maintenant