Prologue

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Je fêtais aujourd'hui ma douzième année, toute ma famille s'était réunie pour cet événement qui semblait si important aux yeux de ma mère. La maison avait été fraîchement repeinte d'une jolie couleur cyan et sur la table en sapin qui trônait au centre de la cuisine se trouvait le splendide gâteau à la myrtille que ma grand-mère avait préparé. Le tableau semblait parfait cependant il manquait une personne chère à mon cœur, qui avait été ma vie, ma meilleure amie. Mais elle avait fini par me tourner le dos comme tout le monde.

-Un petit sourire Shayne !

Je ravalais mes larmes et me forçait à esquisser un faible sourire pour les satisfaire malgré moi. Je ne devais pas me laisser aller au désespoir, pas le jour de mon anniversaire :

-Allez souffle les bougies.

Je soufflai les bougies et fis un vœu comme le voulait la tradition. La plupart des adolescents souhaitaient un nouveau portable ou de nouveaux habits,moi je voulais simplement que tout s'arrête.


*

**


-Shayne, dépêche-toi.Tu vas être en retard.

-Oui maman, j'arrive.

Je me regardai une dernière fois dans le miroir. Mes longs cheveux roux me tombaient jusqu'aux fesses et mes yeux émeraudes étaient ternes, ils avaient perdu l'éclat qu'ils avaient lorsque j'étais petite fille, peut-être que les nombreuses larmes que j'avais versé depuis avaient fini par les user. Comme tous les jours, j'avais revêtu une tenue très simple se composant d'un chemisier ample et d'un jean au ton délavé, et les nouvelles baskets que j'avais reçu pour mon anniversaire,le plus discret possible pour ne pas attirer l'attention. Ne pas attirer l'attention, voilà le rêve que je faisais secrètement chaque soir avant de m'endormir. J'aurai donné tout ce que j'avais pour que mon souhait se réalise

-Chérie,arrête de te pomponner !

Lorsque j'entendis ses mots j'eus envie de lui hurler que j'étais un monstre, j'étais laide, on me le répétait à longueur de temps. Au fond de moi, je ne pouvais que leur donner raison à tous ceux qui me tourmentaient. Je ne serais jamais comme les autres filles qui passent des heures devant leur miroir et dont le seul problème est de se trouver des vêtements pour le lendemain. Mais je préférai prendre sur moi et je refoulai ma colère, je saisis mon sac de cours en criant un simple «J'arrive » qui sut la combler. Je dévalai les escaliers avant de me précipiter dans la voiture pendant que ma mère mettait le contact.Enfin nous quittâmes le garage et nous nous engageâmes sur la route. Je regardai les paysages, que je connaissais par cœur,défiler le long de la chaussée. Au bout d'une demi-heure, qui passa beaucoup trop vite à mon goût, ma mère se gara le long du trottoir devant mon établissement. Une boule se forma dans mon estomac comme si on avait noué tous mes organes entre eux. Je sortis tout de même de la voiture et me dirigeai vers les toilettes, là où personne ne viendrait me chercher. Alors que je traversais la cour d'un pas rapide, une voix que je ne connaissais que trop bien, m'intima l'ordre de l'attendre, je n'y prêtai aucune attention et j'accélérai le pas. J'arrivai devant la porte des toilettes et alors que j'allais l'ouvrir une main me tira en arrière et me plaqua contre un mur. Je l'entendis m'ordonner de relever la tête mais je ne l'écoutai pas et gardai la tête baissée. Il passa alors une main sous mon menton et m'obligea à relever la tête. Mes larmes commencèrent à dévaler le long de mes joues pour s'écraser sur mes vêtements. Même si ma vue était brouillée, je parvins à distinguer ses yeux métalliques et sa chevelure ébène :

-Ne l'oublie pas Shayne, tu es à moi !

N'importe quelle fille aurait tué pour recevoir ne serait-ce qu'un regard de lui mais moi j'étais terrifiée et j'aurai donné n'importe quoi pour qu'il m'oublie. Il reprit :

-C'était ton anniversaire hier, n'est-ce pas ?

-Ou-ou-oui...

-Désolé, je n'ai pas de cadeau pour toi, toi par contre...

Il laissa sa phrase en suspend et me dévora du regard tout en passant sa langue sur ses lèvres avant de continuer :

-Tu as quelque chose pour moi.

Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire quand il pressa ses lèvres contre les miennes dans une telle rage que j'en ressentis presque de la souffrance pourtant je ne le repoussai pas de peur d'attirer ses foudres. Malgré tout je ne répondis pas à son baiser. Une fois qu'il fut parti, je m'écroulai par terre et j'éclatai en sanglots. Il me fallut cinq bonnes minutes pour me calmer, les élèves commençaient à affluer de tous les côtés. Bientôt ils allaient m'apercevoir, j'étais une proie facile dans cet état, mais je n'avais pas encore retrouvé mes forces, je tremblais toujours beaucoup et je savais que j'aurai du mal à marcher. Je serrai mes jambes contre moi comme pour me protéger et très vite des élèves se rassemblèrent et commencèrent à me ruer de coups et d'insultes. Puis la sonnerie retentit et le troupeau d'élève se dispersa laissant un jeune garçon à la chevelure blanche et aux yeux vairons s'approcher de moi. Il me dévisagea comme à son habitude avec des yeux emplis de pitié, je détournais le regard pendant qu'il m'aidait à me relever, puis il m'accompagna jusqu'à l'infirmerie dans le silence le plus complet. De toute manière il n'y avait pas besoin de mots entre nous, on se comprenait mutuellement. Une fois arrivé à l'infirmerie, il alla prévenir l'infirmière de mon état, celle-ci nous rejoignit rapidement :

-Qu'est-ce-que tu as encore fait Shayne ?

Je vis mon ami ouvrir la bouche, il allait tout raconter.L'altercation avec mon harceleur et les coups et insultes de certains de mes camarades alors je le coupais en hurlant :

-Je suis tombée !

L'infirmière me regarda avec des yeux compatissants avant d'enchérir :

- Calme-toi. Si tu ne veux pas me dire ce qui s'est réellement passé, libre à toi. Mais sache que je serai là pour t'aider si un jour tu as besoin d'en parler.

Elle sortit pour aller chercher ce qu'il fallait pour soigner mes hématomes et mes coupures et nous laissa seul.

-Pourquoi avoir menti? S'inquiéta mon ami.

-Je ne veux pas que ça se sache.

-Tu ne peux pas continuer comme ça, tu mérites de trouver le bonheur.

-Pour moi le bonheur c'est d'être acceptée par autrui et ça c'est impossible, tu le vois bien !

-Si tu te décidais à en parler les gens pourraient te venir en aide.Combien de fois ais-je voulu intervenir et combien de fois as-tu refusé mon aide, et quand j'en ai parlé à un professeur à ton insu tu trouvais toujours un moyen pour me faire passer pour un menteur. Veux-tu vraiment que cela s'éternise ?

-Oh non je donnerai tout pour que ça s'arrête mais qu'est-ce qui me prouve que si je parle les choses ne vont pas empirer ? Si c'est le cas je ne pourrai pas le supporter...

[ Amour Sucré ] { Castiel } { Lysandre }L'avenir n'est que le reflet du passé.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant