*Quelques années plus tard*
L'amour, c'est comme l'orage. Il y a un coup de foudre, cela fascine, mais effraie à la fois.
La question la plus importante à se poser est : doit-on prendre le risque ?
*16 septembre 2017, Miami*
Les rayons du soleil me parviennent et réchauffent mon visage. Lentement, un sentiment de liberté prend possession de mon âme. Étrange, non ? Pas quand on connaît mon histoire.
***
Autrefois, j'habitais à Cuba, plus précisément dans la ville de la Havane. Petite île de onze millions d'habitants, reconnue mondialement grâce à ses paysages somptueux, ses gens avenants, ses cigares au goût incomparable, ses ouragans, sa musique unique en son genre et ses vieilles voitures américaines. De nombreux dictateurs ont vu le jour dans mon pays, pourtant il respire, encore et toujours, la joie de vivre.
Mon enfance a été tout ce qu'il y a de plus banal. J'avais une petite sœur de sept ans, elle était le rayon de soleil qui égayait mes journées. Nous étions comme des jumelles soudées par un lien unique et pas un jour ne passait sans qu'on se voie. Mes parents travaillaient beaucoup. Alors, je m'occupais d'elle presque tout le temps. Je lui préparais à manger, la menais à l'école, la récupérais et l'aidais dans ses devoirs. Lors de ces moments-là, elle adorait me parler de sa journée. Elle me contait comment le garçon assis à côté d'elle en classe était gentil, comment sa maîtresse d'école l'aidait énormément dans les exercices et comment elle s'amusait lors de l'interclasse. Voir son sourire enfantin quand elle me parlait de tout cela me procurait un immense bonheur.
Mes parents, eux, ont tout fait pour nous. Ils travaillaient dans une usine de textiles la journée et, le soir, dans le bar de la ville pour gagner quelques pesos cubains en plus. Ils se sont pliés en deux pour ma sœur et moi et, avec l'argent gagné le soir, ils nous permettaient d'avoir une activité extra scolaire chacune. Nous vivions, dans une petite maison de trente mètres carrés et ma sœur et moi étions obligées de dormir dans le même lit.
Cependant, je ne me suis jamais plainte de notre situation, au contraire, car nous avions un toit. Je savais très bien que certains enfants ou adultes à travers le monde n'avaient pas cette chance. Alors, je m'estimais heureuse d'avoir une famille aimante, un toit et de pouvoir au moins jouir de ma passion du chant.
Mes parents m'avaient toujours inculqué des valeurs incroyables et, pour cela, je ne les remercierai jamais assez.
J'ai toujours eu une intelligence hors norme pour mon âge. Je réfléchis comme une adulte, mon esprit est vif et j'ai une vision claire et précise des conséquences engendrées par la société actuelle. De ce fait, depuis toute petite, je me suis toujours posé des questions existentielles comme : pourquoi vivre, si c'est pour mourir ? Question bête, non ? Et pourtant celle-ci me perturbait encore plus que n'importe quelle autre.
L'école ne fut pas un long fleuve tranquille pour moi. Insultée, rabaissée et surtout persécutée, j'étais la solitaire. Pourtant, mon physique était tout ce qu'il y a de plus ordinaire : brune, aux yeux marron, avec un corps mince et sportif. Mais j'étais celle que personne n'approche, car j'étais étrange à leurs yeux. Je n'ai jamais été anormale, seulement, je voyais le monde autrement. La seule différence qui pouvait subsister entre une personne persécutée et moi-même, était que j'avais déjà compris à cet âge qu'il était inutile de leur en tenir rigueur. Pour moi, il y avait des problèmes plus importants dans la vie que des adolescents en manque d'amour propre.
À cette époque, je pratiquais donc ma seule et unique passion, le chant. La musique me transportait et me faisait oublier pendant quelques secondes toutes mes questions. Je vivais à travers elle et quand je chantais, je ressentais chaque note, chaque intonation, chaque syllabe prononcée. Il me suffisait de lire la partition une fois, et juste en fermant les yeux les notes défilaient dans ma tête. Pendant ces moments-là, mon esprit s'évadait dans un monde ô combien meilleur ! C'était mon échappatoire, ma seconde liberté après la mer.
J'avais une vie que je qualifierais de banale. Nous n'étions pas pauvres, mais pas riches non plus et ma famille était heureuse en ce temps-là.
Pourtant, le quatorze juin deux mille seize en rentrant de mon cours de chant, ma vie a changé. J'avais seulement dix-sept ans.
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Une rencontre (Sous contrat d'édition)
RomanceOn se demande parfois si la vie a un sens, puis on rencontre un être qui donne un sens à notre existence. D'une intelligence rare pour son âge, Sofia perçoit la vie comme une succession d'épreuves, chacune étant plus dure à franchir. Elle a une visi...