La seule chose que je vis lorsque j'ouvrais les yeux furent les murs de la pièce. Tous les jours, je me réveillais sur cette image. Tout était blanc, la lumière du soleil émanant seulement de l'unique fenêtre. Il faisait clair et pourtant, rien n'était plus sombre que là où je me trouvais. Me redressant, je posais mes pieds sur le carrelage froid. Tout ce blanc m'éblouissait et assombrissait encore plus ma vue. Je déteste le blanc. Il en émane trop de pureté, ce semblant d'espoir qui n'est que mensonger. J'entendis soudainement frapper à la porte et, sans attendre de réponse, une femme entra. Elle souriait, son carnet à la main et, pour couronner le tout, elle était habillée de blanc.
"Bonjour monsieur Kim, comment vous sentez-vous aujourd'hui?"
Je ne lui répondais pas, sa voix traversant juste mes oreilles sans en atteindre mon cerveau. Mon regard fixait juste ce qu'elle tenait en main, une boite contenant ces affreux trucs que je devais avaler. N'ayant reçu aucune réponse, elle s'approcha en me les tendant, toujours en arborant cet horrible sourire éclatant. Elle me les fit avaler et nota quelque chose sur son carnet.
"Le docteur passera vous voir aujourd'hui dans la journée."
Puis, toujours en souriant, elle quitta la pièce dans un nouvel éclat de blanc, me laissant planté là. Je tournais mon regard vers la fenêtre, chose que je faisais toute la journée. L'hiver était là, la neige accentuant ce trop plein de blanc insupportable. Il faisait froid pour une belle journée, mais les enfants étaient quand même dehors, se balançant de la neige dans des éclats de rire, comme si tout était rempli d'espoir et de bonheur. Un oiseau passa devant la fenêtre dans un battement d'aile et je me retournais vers la porte, ayant soudainement ressentis sa présence.
Il était sur le pas de la porte, dans ses habits de tous les jours, comme la dernière fois où je l'avais laissé. Ses cheveux décolorés rendaient son visage encore plus attirant chaque jours et ses yeux reflétaient toujours cette intensité que j'aimais plus que tous. Son sourire était le seul que j'arrivais à supporter ces derniers temps, la seule chose qui me permettait d'apercevoir cette clarté à travers le tunnel.
"Salut Jinnie!"
Son sourire dévoilait ses fossettes et sa voix grave me pénétra jusqu'au plus profond de mon échine. Il s'approcha et s'assit à mes côtés, posant sa main sur la mienne. Son toucher était léger, comme s'il venait d'ailleurs, presque irréel.
"Comment tu vas aujourd'hui?
- Si tu savais..."
Ma voix était faible, fatiguée de ne pas parler pendant tant de temps. Il n'y a que lui qui a le privilège d'entendre ma voix.
"Je sais bien, je suis toujours là tu te souviens?"
Oui, c'est vrai qu'il est toujours présent. Sa voix, ses yeux, son sourire sont toujours là, même quand je ne le vois pas de mes propres yeux. C'était comme un fantôme qui hantait mon esprit et qui faisait maintenant entièrement parti de mon monde. Je sentis ses doigts se refermer sur les miens et une chaleur inhabituelle traversa mon corps.
"Il ne faut pas que tu les écoutes Jin. Moi je sais que tu n'es pas malade, il faut que tu t'accroches."
Il souriait toujours de son magnifique sourire, m'encourageant du regard. Mais ses yeux ne brillaient pas, comme si son âme s'était envolée de son corps. On entendit soudain un coup retentir à la porte. Je me retournais vivement vers celle-ci et mon regard se posa sur la blouse blanche du médecin. Lorsque je voulus reposer mon regard sur mon voisin, il avait disparu, comme un coup de vent balayant les feuilles de l'automne. C'était tous les jours comme ça. Il venait et disparaissait d'un seul coup, sans même me prévenir de l'endroit où il allait. Pourtant, je ressentais toujours sa présence, comme si une part de lui restait à mes côtés. Tous les jours il me rendait visite, tous les jours le médecin venait me voir pour son entretien habituel et cette journée banale se répétait en cycle depuis des mois. Cette boucle infernale était seulement animée par sa venue, son toucher presque angélique et son regard venu des cieux. Je ne sais depuis combien de temps j'en étais prisonnier, mais j'avais l'impression que ça faisait une éternité.
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Wide Awake [OS BTS Namjin]
FanfictionIl suffit d'ouvrir les yeux pour que la vérité apparaisse devant eux. Je pensais que chaque jour était un moment unique que l'on ne vivrait jamais deux fois. En tout cas, c'est l'impression que la vie me donne. Mais ce n'est qu'une succession d'évén...