Episode 0

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L'aube se levait sur Tokenai Koori, laissant apparaître la silhouette des bâtiments glacés et des sculptures de glace scintillantes de la cité polaire. La neige déposa une fois de plus son grand manteau blanc, faisant régner une aura de sérénité sur toute la ville. Seuls des bruits de pas vinrent déranger cette tranquillité. Il s'agissait d'un jeune homme portant l'uniforme écarlate de l'armée locale : les Bellatores. La disposition de son couvre-chef ainsi que la lance qui ornait son dos laissait deviner qu'il appartenait aux troupes d'éclaireurs. Ceux-ci agissaient dans l'ombre, assurant la surveillance de la périphérie enneigée en patrouillant çà et là. Le soldat se précipitait en direction du poste central. Il s'arrêta près de l'entrée principale, essoufflé, et s'adressa à un garde là aussi tout vêtu de rouge.

Soldat : Excusez-moi, où se trouve le grand rassemblement... ?

Garde : Le rassemblement ? Il est aux portes de la ville. Si j'étais vous, je me dépêcherais car ils ne devraient pas tarder à partir !

Soldat : Bien ! Merci ! J'vous revaudrai ça !

Aussitôt, le Bellatores se mit à courir dans la direction susdite. La ville accueillante céda rapidement sa place à la frontière qu'il recherchait. Dès lors, les pierres grisâtres des murs de démarcations instauraient une atmosphère austère. Au-delà du grand mur, tout signe de vie se dissipait. Seule la gigantesque Plaine du Goaskin régnait ici-bas. La toundra engloutissait l'afflux de Bellatores qui s'amassait en son sein. Une centaine d'éclaireurs carmins s'était groupée aux abords de la frontière dans un silence des plus incroyables. Tous étaient armés jusqu'aux dents, signe que la patrouille s'annonçait plus périlleuse qu'à l'accoutumé. Aucun d'entre eux ne cherchait à converse. Machinalement, les éclaireurs s'allignèrent comme des pantins en attendant de recevoir leur ordre.

Le soldat retardataire rejoignit enfin la troupe. Alors qu'il reprenait son souffle, une jeune femme affublée du même accoutrement s'adressa à lui sèchement :

Soldate : Te voilà enfin!

Lorsque le souffle du jeune soldat ne fut plus saccadé, il répondit à son interlocutrice:

Soldat : Je suis désolé ! Pour une fois que je dormais comme un bébé, il fallait que le commandant nous convoque en urgence... !

La Bellatores échappa un grognement agacé avant de saisir son collègue par le bras.

Soldate : Cesse donc de geindre et met-toi en rangs. Tu crois vraiment que roupiller va protéger nos semblables ?

Sans appuyer davantage son argumentation, elle se mit au garde à vous comme le reste de la compagnie; le commandant venait d'arriver. Peu après le mouvement général, le jeune patrouilleur en fit de même.

Le Commandant longeait la compagnie silencieusement, laissant virevolter derrière lui la cape pourpre de son uniforme. L'homme se fit escorter par deux Bellatores jusqu'à un petit monticule de poudreuse, usant de celui-ci comme une estrade de fortune. Une fois en hauteur, il s'adressa d'une voix puissante à ses troupes :

Commandant : Membres de la compagnie numéro cinq d'Estradiot, le temps est venu pour vous de délaisser votre poste de patrouilleur au profit d'une fonction bien plus prestigieuse. En ce jour, le Haut Conseil nous a promptement transmis de nouvelles indications.

Il fit un pas sur le côté et répéta l'action plusieurs fois ; curieusement, la neige s'entassait sous ses pieds. Comme poussée par une force mystique, l'estrade s'allongeait en fonction de ses mouvements.

Commandant : Hier soir, deux individus ont échappé aux filets de nous autres, Bellatores. Ceux-ci sont en fuite depuis quelques jours, l'immensité de cette plaine les aidant grandement. Le manque de ravitaillement les pousse toutefois à s'approvisionner aux alentours des bourgades sur leur chemin. Heureusement pour nous, l'étau se resserre sur nos deux fugitifs : au delà des bois glacés où ils se seraient dissimulés, la seule porte sur le monde civilisé n'est autre que Tokenai Koori. Une troupe de Bellatores s'occupe de la surveillance des derniers villages qu'ils ont pu visiter. Pendant que nous partirons à leur recherche, une autre compagnie s'occupera de la garde de notre belle cité. Notre mission étant bien évidemment de les capturer avant qu'ils n'atteignent notre capitale, une fois encore, le temps est à notre avantage : la fatigue amassée ces derniers jours sera un élément déterminant pour mener à bien notre traque.

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