~ 4 - Mensonge justifié ~

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Kouseki

Je tente de me dégager rapidement de sous cet homme plus que mort, mais j'échoue lamentablement. Je n'ai pas assez de force dans mes petits bras et je ne peux que tourner mon regard vers eux.
Je le vois lentement s'approcher d'elle, malgré qu'il me fait dos, juste imaginer son regard me fait des frissons le long de la colonne. En ne pensant qu'à la protéger, je lui lance ma dague en plein entre les omoplates et dans un cri de douleur il se tourne vers moi l'air enragé. J'essaie de me dégager, mais cette fois de façon lente et réfléchie.
-Tu crois encore avoir une chance contre moi ? Rit-il. Je crois que mon ancien collègue ne te laissera pas partir ainsi !
-Je ne suis pas aussi faible que tu le penses, lui crachais​-je.

Au bruit du métal sur le sol, l'homme s'est brièvement retourné, mais sans lui donner plus d'attention. Mon oeil est attiré, à sa suite, vers ma louve qui dévore mes nano-robots. Que fait-elle bon sang ! Qu'espère-t-elle comme résultat ? Ils ne sont qu'à la phase test...
Je me suis presque libérée lorsqu'il atteint la porte, je réussis même à me dégager complètement. C'est en me relevant que je comprends pourquoi, Nao l'a retenue et il l'a envoyée valser au fond de la pièce. De mon laboratoire et... Ma petite louve, mon enfant le plus précieux !
Il se dirige vers elle alors qu'elle n'a même plus la force d'ouvrir les yeux, alors qu'elle est en train de mourir à petit feu.
Je sens la colère monter et m'envahir, je ne peux plus me permettre de le laisser vivant. Ils nous veulent du mal, si ce n'était que moi cela passerait encore, mais pas mes proches. Si seulement je pouvais faire autrement... Veuillez me pardonner, car je vais pécher. Je vais enlever un homme à une famille, probablement des gens biens. Je prie pour qu'il n'ait pas d'enfants, ce ne serait que trop horrible.
Je ferme les yeux, j'inspire et je les rouvre l'air déterminée, presque sévère. Je sors ma main gauche de ma poche et je lâche les pierres qu'il me reste dans le vide, sans jamais tomber plus bas que ma poitrine. Je mets mon autre main en dessous pour les faire tournoyer et ensuite j'accentue leur vitesse en utilisant mes deux mains.
Il ne la touchera plus maintenant, il ne fera plus de mal à personne.
Je lance mes pierres dans sa direction, directement dans son dos, le lui trouant. Des trous d'un bon centimètre de diamètre chaque, s'écoulant de sang.
Je l'entends, d'un son qui me paraît lointain, crier de douleur, d'une douleur atroce, mais je ne m'arrête pas là. Je fais ressortir toutes les pierres dans différentes directions ; deux dans le bas du ventre, deux des épaules, trois de sa poitrine. Toute sauf deux, que je fais traverser son coeur pour les faire ressortir, une de la gorge, entre les deux clavicules, et l'autre au niveau de la vertèbre cervicale un, simultanément, pour lui abréger ces souffrances qu'il méritait.

Je n'ai jamais regrettée ce que j'ai fait, mais je ne pourrais dire si j'avais raison, s'il le méritait réellement.

Je ramène les pierres au dessus de lui tandis qu'il tombe au sol. C'est alors que j'ai une vision sur Naomi qui perd énormément trop de sang, les pierres tombent au sol tandis que je perds ma concentration pour courir me mettre à ses côtés. J'enlève ma veste et l'appuie sur sa blessure pour arrêter l'hémorragie du moins externe, les nano-robots doivent avoir arrêter l'interne ce qui lui a donnée une chance de survivre. J'essaie de les activer avec mes aptitudes de surdouée tout en mettant beaucoup de mon faible poids sur elle. Je les bouger plus rapidement et précisément, j'ai réussi ! Je suis extrêmement soulagée, elle va réellement s'en sortir !
Je soupire et je souris, des larmes pleins les yeux. J'embrasse délicatement et tendrement le haut de son museau, ma seule façon de lui exprimer mon amour.
L'adrénaline redescendue, je prends conscience de la situation qui me frappe en pleine figure. Je ne peux rester sans rien faire, je ne pourrais jamais expliquer ce foutoir à qui que ce soit.
Je tends le bras, paume vers le plafond, d'un coup sec je l'envoie vis à vis le lavabo ce qui propulse mes pierres dedans sans faire attention au bruit produit, le cadet de mes soucis. Je me lève ensuite pour approcher son divan et la hisser par dessus, histoire qu'elle soit plus confortable.
Je la traine avec difficulté jusqu'au rideau qui permet de cacher le garde-robe, je l'installe entre les deux pour la dissimulée. Je pars à contre coeur chercher le premier cadavre et je vois par la fenêtre des policiers parler aux professeurs, je me dépêche donc de le rentrer et le cacher au même endroit que la louve, ainsi que son ex-coéquipier. Je vois en inspectant le couloir que j'avais oubliée la lycéenne endormie, encore présente. Je n'avais pas pensée que cela me poserait autant de problèmes ou tout simplement à cette éventualité. Je n'avais pas tout pris en compte et me voilà dans un pétrin immense. Je la tire elle aussi à cet endroit, personne ne les verra et personne ne posera de questions... Espérons seulement qu'elle dorme jusqu'à ce que je l'emmène dehors, mais avec la dose injectée elle devrait sans aucun doute.
J'expire, j'ai chaud. C'est tout un sport d'être traquée et de tuer.
Je prend l'eau de javel dans une armoire de l'îlot et j'en asperge le sol, du laboratoire et du passage, tâchés de sang. Je me trouve un linge que je pourrais jeter et je frotte le sol, jusqu'à tout faire disparaitre. Je dois même laver le mur du corridor et alors que je finis, je sens le policier s'approcher dangereusement d'ici. Je vérifie que je n'ai rien oublié et je me précipite dans mon laboratoire, je referme la porte pour me donner un temps supplémentaire. J'enlève tous mes vêtements, ne prenant pas de chance qu'il y en ait à un endroit que je n'aurais pas vu, je ne veux pas attiser d'avantage les soupçons sur moi, et je me lave rapidement à la débarbouillette.
Je remets un uniforme semblable, sans veste, un petit ruban au cou et avec mon casque neko. Toujours pied nue, sans collant, je me rends à l'îlot ramasser et cacher les nano-robots, laissant la porte ouverte à moitié. Je m'assis ensuite à celui-ci vis à vis la porte pour ne pas les laisser complétement entrer et voir les corps derrière le rideau. Je n'ai qu'à peine le temps de faire semblant de travailler qu'il toque à ma porte, je mets donc ma musique, ou devrais-je dire la playlist de rock que j'ai concoctée pour ce genre de situation, fort au tel point que je n'aurais pas entendu l'alerte.
La porte s'ouvre après plusieurs longues secondes. Je reste calme, détendue et je reste dans mes papiers en attendant qu'ils m'interpellent, mais je n'entends réellement rien avec ce volume surélevé. Je me retourne comme si je cherchais quelque chose et je simule un sursaut en les voyant. Je vois les lèvres du policier bouger, suivi derrière par le directeur, probablement pour l'aider à se diriger dans l'Institut.
-Quoi !? J'entends​ rien. Oh! Je fais comme si j'étais tête en l'air. Pardon, c'est vrai j'avais ma musique dans les oreilles. Qu'est-ce qui ce passe ?

Je regarde le directeur, l'air incrédule en me levant comme pour mieux le voir, mais en vérité pour me permettre de voir dans mon infirmerie.
-J'ai fait quelque chose de mal ?
-Non, mais n'avez-vous pas entendu l'alerte mademoiselle ? Répondit le policier surpris.
-Hm ? Quelle alerte ? C'est possible qu'avec cette musique et étant dans ma bulle, je ne m'en suis pas rendue compte... Aurais-je brûlée ? Ris-je légèrement.

Je jette de subtils coups d'oeil, lorsqu'il ne m'observe plus, vers le garde-robe. J'y vois des tâches rouges qui s'expansionnent lentement, s'aventurant en dehors des rideaux. Je reste calme, je ne laisserais rien me trahir. Je soupire quand le policier fait signe que non de la tête et affiche un air plus sévère.
-C'est bon, je sais que je ne devrais pas rigoler et je ferais plus attention les prochaines fois que j'utiliserais mon casque. Aurais-je des problèmes pour cela ?

Il fait signe que non, jette un dernier regard et quitte la pièce en laissant le directeur derrière lui. Il me fait un regard sévère et quitte lui aussi, me laissant seule avec mes réels problèmes.
Je gigote un peu pour enlever toute pression ou stress intérieur. Je ne dois pas me relâcher, je dois encore trouver un moyen de faire disparaître ces corps et nettoyer le sang à nouveau. Je m'assis quelques instants pour y réfléchir quand un éclair passe dans ma tête.
Cette fille comment vais-je la faire sortir et le plus tôt possible ?

Au final, après beaucoup d'hypothèses et d'évaluations de possibilités, j'ai finalement décidée comment je procéderai.
Je prend tout ce qui est métallique dans mon laboratoire pour former un grand bac étanche et j'y installe les deux morts, je le cache derrière l'îlot avant de nettoyer le sang qu'ils ont fait à nouveau sur mon plancher. J'aurais bien aimée qu'ils fassent plus attention à ne rien salir, mais ce n'est pas comme s'ils le pouvaient encore.
Je prends ensuite la fille de façon à pouvoir la traîner le plus facilement possible en la soulevant légèrement par le haut de son corps. Je l'apporte par l'escalier de service jusqu'à l'extérieur, le plus près des autres sans toutefois assez pour me faire remarquer. Je la laisse sur un banc, sans porter plus attention, puis je prends la fuite vers mon antre.
Le soleil commence à disparaître avec sa magnifique lumière pour laisser place à la lune et sa douceur. Je prépare donc le tout ; je mets Nao dans mon garde-robe pour lui éviter de trop respirer des vapeurs toxiques, je mets un masque, des gants, des lunettes et je prépare mes liquides. J'ouvre les fenêtres en grand pour permettre à la pièce de s'aérer et j'attends quelques minutes que le soleil soit complètement disparu avant de commencer. Je récupère leurs téléphones portables et leurs porte-feuilles, je désactive leurs cartes sim. Je prends en main l'acide en plus de l'eau et je les verse dans le bassin sur les corps. Je les regarde se faire brûler, fondre petit à petit, la peau en premier. Quel chance ont-ils d'être déjà morts.
Cela prend un bon nombre d'heure, peut être une dizaine avant que tout soit consumé. Je suis restée assise à travailler et guetter, ce n'est qu'après avoir été vidée l'acide aux tréfonds​ des bois que je me suis résolu à aller dormir, l'esprit un peu moins torturé.

Je ne le savais pas encore, mais je n'étais vraiment pas préparée à ce qui arriverait ensuite.

Attraction inorganique [Reprise Indéterminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant