E.n.s.e.m.b.l.e.s

E.N.S.E.M.B.L.E

Vee.
Loa.

Vee est orpheline.
Loa agoraphobe.

Loa reste tout le temps chez elle.
Vee habite en famille d'accueille et refuse de sortir.

Vee se scarifie tous les soir avec une lame de rasoir.
Loa prend une dose énorme de médicaments pour oublier se peur et parler à sa propre famille.

Loa aime les filles, ce qui l'enfonce encore plus dans son mutisme.
Vee ne se pose plus de questions sur rien, et ne cherche plus à comprendre sa vie inutile.

Loa et Vee sont voisines.

Loa observe Vee mais refuse de lui parler par phobie.
Vee observe Loa mais refuse de lui parler par peur de la détruire comme elle se détruit elle-même.

Un soir, pour la première fois, leur regard se croisent. Elles ne se lâchent plus.

Loa sent son cœur s'affoler sous sa poitrine.
Vee sent ses jambes trembler sous son poids.

Après une heure sans bouger, Vee rompt la magie pour disparaître de l'encadrement de la fenêtre.
Loa ne bouge pas, toujours envoûtée.

Vee revient avec une feuille où elle a gribouillé des symboles.
Un numéro de téléphone et un petit cœur dans un coin.

Loa sort de sa transe et prend son téléphone.

Vee et Loa discutent toute la soirée. Elles savent tous l'une sur l'autre, mais ont l'impression de ne rien savoir.

2 jours. 2 jours que Loa et Vee échangent des textos plus ou moins explicites.

À chaque nouveau message de Vee, la poitrine de Loa se soulève à cause des battements trop rapides de son cœur.
À chaque nouveau message de Loa, le visage de Vee prend une teinte plus rosée que la normale.

2 jours jusqu'à un message. 2 jours jusqu'à ce message.

Loa s'écroule sur le planché de sa chambre. Le téléphone de Vee fait une chute dans les escaliers de sa maison.

2 heures. 2 heures que les deux filles se regardent à travers la fenêtre. 2 heures qu'elles ne bougent plus. 2 heures.

Soudain, Loa descend les marches de sa maison sans un mot à ses géniteurs.
Soudain, Vee descend les marches de sa maison sans un mot à ses parents adoptifs.

Sur la route, devant leurs maisons, Vee et Loa se regardent. Leurs pommettes rouges en disent plus qu'elles ne le veulent sur ce qu'elles ressentent.

Vee et Loa font un pas. 1 pas. Le même. En même temps. 1 pas.

Elles ne sont qu'à quelques centimètres l'une de l'autre. Quelques centimètres.

En même temps. Au même moment. Au même instant. Vee et Loa se penchent. Se frôle.

Lèvres contres lèvres. Fine pellicule de peau faisant parcourir un frisson le long du dos de l'une au contact de l'autre.

Les bras de Vee s'enroulent autour des anches de Loa. Les bras de Loa s'enroulent autour du cou de Vee.

Les corps collés des deux filles ne veulent plus se détacher. Seul leurs lèvres se décollent de temps à autre pour se souffler des "je t'aime" passionnés et sincères.

2 semaines. 2 semaines que Loa et Vee passent leurs journées dans les bois, leurs nuits à la rivière. 2 semaines qu'elles s'aiment, et se le prouvent de toutes les façons possibles et imaginables.

Mais aussi 2 semaines que Loa sait que Vee est déjà morte à l'intérieur. Morte depuis longtemps. Depuis trop longtemps. Trop longtemps pour être sauvée. Réanimée. Seul Loa lui permet de rester dans le monde des vivants en étant déjà morte. Elle le sait.

Mais aussi 2 semaine que Vee sait que Loa ne sortira plus jamais de chez elle si elles ne sont pas toutes les deux. Uniquement toutes les deux. Elle sait donc qu'un jour, Loa ne sortira plus jamais de chez elle, car elle n'aura plus cette personne pour l'accompagner. Cette personne. Cette seule et unique personne qui lui permet de découvrir le petit monde dépeuplé qui s'offre à elle.

Cela fait donc 2 semaines qu'elles savent. Qu'elles savent, que pour elles, la vie, un jour, s'arrêtera, d'une façon ou d'une autre. Dans un sens ou un autre. Pour l'une, comme pour l'autre.

Cela fait donc 2 semaines qu'elles l'ont prévu. Prévu cette soirée. Ce moment. Cet instant. Aussi court et éphémère soit-il.

Ce moment. Ce subtil moment. Ce cours instant.

Elles se prennent les mains. Elles se fixent. Les yeux dans les yeux. Vee se rapproche de Loa. Elle se colle à elle de façon à ce que leur corps entier soient serrés. De façon à ce que rien ne puisse jamais les séparer.

Loa approche son visage de celui de Vee. Le vent joue avec leurs cheveux. Elles ont pris de la hauteur. Ici, la population ne les atteint pas.

Ici, les lumières de la ville ne les éclairent pas. D'ici, ces dernières sont des étoiles sur Terre. Elles ne sont plus aussi agressive.

Ici, le vent est le meilleur amis de la lune.

Elles n'auraient qu'à tendre le bras, et les deux jeunes amantes pourrait attraper cette boule blanche qui les différencie, en les éclairant, de la peine ombre. Du vide.

Du haut de ce toit, Vee et Loa s'embrassent. Une dernière fois. La dernière fois. Sans décoller la moindre partie de leur corps, Loa fait un pas en avant, Vee fait un pas en arrière.

La chute est longue. Les deux amoureuses ne se lâchent pas. N'ouvre pas les yeux. Ne laissent pas s'échapper la moindre larme. Ne décollent aucune partie de leur corps. Sous aucun prétexte.

Aucune sauf leurs lèvres. Juste avant la fin. Juste avant la vraie fin. Juste avant l'impact. Juste pour s'avouer qu'elles s'aiment une dernière fois avant de ne plus jamais pouvoir se le dire.

"Je t'aime".

Elles n'ouvrent toujours pas les yeux. Elles n'ouvrent pas les yeux pour n'avoir que l'image qu'elles ont toujours connu de l'autre.

Le sol arrive à leur rencontre après de longues minutes d'étreintes. De longues minutes interminables. De longues minutes à attendre l'impacte. De longue minutes à s'aimer et ne faire que ça. Simplement s'aimer.

Simplement à s'aimer.

Vee était orpheline,
Loa agoraphobe.

Loa restait tout le temps chez elle.
Vee habitait en famille d'accueille et refusait de sortir.

Vee se scarifiait tous les soir avec une lame de rasoir.
Loa prenait une dose énorme de médicaments pour oublier se peur et parler à sa propre famille.

Loa aimait Vee, ce qui la rendait inexorablement heureuse.
Vee ne se posais des questions sur rien, et ne cherchait plus à comprendre sa vie inutile, parce qu'elle avait Loa.

Vee et Loa s'aiment comme jamais personne n'a aimé.

Vee et Loa vécurent peu.

Elles eurent une vie horriblement détestable.

Mais Vee et Loa s'aimaient l'une et l'autre.

Et Vee et Loa passeront tout le reste de l'éternité ensemble.

Ensemble.

***

Bonjour, bonsoir!

J'espère que cette histoire t'auras plu, à toi, petit lecteur qui t'es égaré ^^

Avant de dire au revoir, je compte remercier AvySpark qui a écrit l'histoire Abréaction que j'ai beaucoup aimé, et qui m'a permis de m'en inspirer.
Je t'invite à aller lire cette histoire qui est vraiment géniale!

Encore merci d'avoir pris le temps de lire, et peut-être à bientôt!❤