Je ne parle pas trop de toi. Pas souvent.
Les autres ne comprendraient pas, ils jugeraient.Pour toi je me prépare. Je me fais belle.
Je mets un pantalon noir et moulant, je choisis mes sous-vêtements avec soin et j'en réserve certains à nos rendez-vous. Je ne porte pas de parfum quand je vais te rejoindre, je sais que tu n'aimes que l'odeur crue de ma peau.
Nos échanges ont réclamé du cuir et j'ai cédé, j'ai acheté une paire de bottes : des chouettes, des brillantes.Je t'attends depuis toujours mais nous nous sommes rencontrées il y a presque sept ans. Tu en as mis du temps.
Il y a peu de secrets que tu ignores, je te dis tout.
J'abdique mes grands principes face à toi. Quand je te rejoins, habillée dans la tenue qu'il convient, je me prosterne. Je prends soin de tes pieds, je les nettoie, je les ponce. Je masse ton corps et je le caresse, je prends soin de toi en mendiant des regards que tu m'offres avec parcimonie.
Tes poils sentent bon.
Je tais souvent ce genre de pensées, les autres ne pourraient pas comprendre.
Après t'avoir frotti-frottée, je sors les accessoires.
Je te sangle, toujours avec du cuir, je fais coulisser les lanières même si j'en utilise peu. Je ferme les boucles et j'en profite pour flatter certains de tes muscles.
Tu es belle et je ne me lasse jamais de t'admirer.
Ainsi préparée je te mène par le bout du nez et tu me suis. Je vérifie toujours la qualité des nœuds et des boucles, je touche ta bouche et je souffle sur ton nez et ton cou. Quand je te sens prête je m'installe sur toi.
Freud est très clair sur notre relation, je cherche à montrer et obtenir un pouvoir mâle que mon sexe m'interdit. Ta tête et ton long cou qui sortent, proéminents, devant mon pubis, ton grand corps de femelle que je presse entre mes jambes, tout ça n'est que la réalisation d'un fantasme masculin.
Les autres ne peuvent pas comprendre.
Les vegans disent que je te brime, que je t'impose mes idées et mes envies. Ils ont souvent raison. Mais ils ne comprennent pas.
Je frotte ta transpiration, je sèche ton corps, je te nourris, je caresse et je gratte aux endroits que tu aimes. J'aime ton odeur forte. Je ramasse tes déjections pour que tu restes au propre chez toi, je respire et je triture tes aliments pour être sûre et certaine que tu n'auras que le meilleur. Tu ne mérites rien de moins.
Parfois le soir j'ai du mal à trouver mon sommeil et je pense à toi.
Est-ce que j'ai bien taillé tes pieds ?
Est-ce que mes mains étaient à leur place ?
Est-ce que je devrais changer ton alimentation, te rapporter une autre friandise ? Dois-je couper ta crinière ?Je pense à toi, à tes crins qui bougent dans tes mouvements, je pense à tes abdominaux, à la qualité de ta croupe. Tes muscles fessiers m'obsèdent.
Les autres ne peuvent pas savoir, ils ne peuvent pas comprendre.
Je ne me lasse jamais de ces moments. Je suis en permanence dans le besoin et la recherche de quelques secondes de plaisir vécues avec toi. Quelques foulées, quelques souffles. Je ne suis jamais rassasiée de toi, je t'ai attendue trop longtemps.