Au Premier regard (partie 2/2)

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Cela faisait plus d'un an qu'on sortait ensemble quand les premiers maux de tête apparurent. Le Doliprane les calmait au début mais ça empirait. Un jour chez moi, j'avais hurlé de douleur. Mon crâne allait exploser. Je pleurais toutes les larmes de mon corps. Je n'arrivais pas à me mettre debout, mes muscles étaient tétanisés. Ma mère était montée en catastrophe, me voyant comme ça elle appela les pompiers. Je réussis à lui dire « Maman, s'il te plaît, n'en parle pas à ma copine, s'il te plaît ». Je perdis connaissance.

Je me réveillai à l'hôpital. Ma mère semblait avoir vieilli. Je lui demandais si tout allait bien et elle me prit la main. Elle pleurait, j'étais triste pour elle, même si je ne savais pas pourquoi. Le médecin arriva et m'annonça, en me préparant psychologiquement, la terrible nouvelle. J'avais la maladie de Parkinson. Je connaissais vite fait cette maladie, l'ayant vu dans un drama coréen. J'allais mourir. Cette nouvelle me frappa en plein visage, je ne dis rien. Le docteur essaya de minimiser cette nouvelle en disant que ce n'était pas douloureux si on ne résistait pas, que je pouvais vivre ma vie à peu près normalement et continuait à aller au lycée. Mais, tout cela, je ne l'entendis pas. Pour moi, cette maladie raisonnait comme traitement, hôpitaux, oubli. Je savais que j'allais oublier petit à petit. Je savais que je causerai de la peine aux autres. Je savais tout un tas de choses, mais je ne réalisai toujours pas. J'étais malade et condamné. Le coup fatal fut quand le médecin me dit qu'il me restait entre cinq et six ans à vivre si je prenais le traitement. Il consistait à faire plusieurs injections et je ne sais quoi d'autres. Cela ne servirait à rien car, dans tous les cas, j'étais condamné. Le seul moyen de me sauver consistait à enlever la tumeur mais les chirurgiens ne pouvaient pas le faire. Elle était placée au mauvais endroit, dans mon cerveau. Ma mère me tenait toujours la main et des larmes coulaient. Le médecin partit pour nous laisser un peu d'intimité. Je pouvais partir l'après-midi. Je pris la parole :

- Maman, je ne veux pas que Camélia souffre à cause de moi, qu'est-ce que je dois faire ?

- Ça, tu dois le décider seul, me dit-elle en me caressant les cheveux.

- D'accord. Ne t'inquiète pas, ce n'est pas si terrible que ça. Je vais pouvoir vivre ma vie à fond, vu que j'ai une date limite, lui mentis-je avec un grand sourire.

- Espèce de grand idiot...

L'après-midi, on rentra à la maison. J'avais reçu plusieurs messages. J'avais convenu avec ma mère que pour tout le monde, j'avais la grippe. Camélia s'inquiétait : elle m'avait appelé cinq fois et elle m'avait envoyé une dizaine de messages. Je m'excusai et lui dis mon excuse. Deux heures plus tard, à la fin de ses cours, on sonna à la porte. C'était Camélia. Je devais jouer le faux malade. Elle avait apporté un tas de trucs à manger et de quoi m'occuper si je m'ennuyais. Elle resta une heure mais j'avais tenu mes distances avec elle, j'étais froid. Elle a dû s'en rendre compte, c'est pour cela qu'elle est partie. Je m'endormis avec difficulté en réfléchissant à ce que je pouvais faire. Rester avec elle et lui dire toute la vérité ou la laisser s'en aller quitte à ce qu'elle me déteste ?

Je me réveillai en sursaut au milieu de la nuit. J'avais chaud. Je me levais pour aller éteindre le chauffage. Je repartis me coucher mais je mis un temps fou à atteindre mon lit. Je me souviens que le docteur avait dit que je pouvais être plus lent à certains moments. J'arrivais enfin et me couchai pour un sommeil sans rêves. Ma mère me réveilla, il devait être onze heures.

- Il faut qu'on parle, dit-elle

- Euh... d'accord. De quoi tu veux parler ?

- De ton futur. Est-ce que tu veux continuer l'école ? Il te reste encore deux ans avec le BAC et après tu n'auras pas le temps de finir tes études et...

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