Chapitre 2

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Chapitre 3.
Henry, sa belle détermination l'ayant quittée aussitot arrivée, avait terminé sa journée de vendredi en triant des livres, en regardant la course du soleil, en lisant, en mangeant...
Bref, tout sauf écrire son livre.
Il était onze heures quand Charles arriva. Henry n'était pas encore levé. Il avança prudemment dans le salon. Au premier abord, la pièce semblait rangée, mais à y regarder à deux fois, on apercevait des bouts de papiers, des cartons de nourritures et des tâches d'encres ça et là. Charles, comme a son habitude le samedi matin alla vers la cuisine pour s'occuper un peu du ménage. Son oncle n'était vraiment pas doué. La tâche de café du matin dernier était toujours sur le carrelage et avait maintenant séché  pour devenir une espèce de tâche brunâtre, poisseuse et solide. Il s'empara d'une éponge en soupirant et se mit à récurer le sol, tentant de rendre les jointures à nouveau blanches. Lorsque le téléphone sonna, la moitié de la tâche avait été lavée et le bruit strident de la sonnerie le fit sursauter. Il se leva lentement, se demandant si il devait aller réveiller Henry. En y repensant il se dit que si il le faisait, son vieil oncle bougon serait sûrement d'une humeur massacrante et s'avança donc vers le combiné, se demandant si il devait décrocher. Il hésita longuement et alors qu'il s'apprêtait à le faire, la sonnerie cessa. Il soupira et retourna à la cuisine quand le téléphone sonna à nouveau. Cette fois il se précipita dessus et saisit prestement le téléphone pour le coller à son oreille.
-Oui allo?
-Bonjour Henry je voulais savoir où vous en étiez.
-Excusez moi, ce n'est pas Henry mais son neveu, Charles.
-Ah tres bien; je suis monsieur Jospin, son éditeur. Pourriez-vous me passer votre oncle je vous prie. Je suis pressé!
-C'est que... Il dort.
-Et bien allez le réveiller.
A cette seule pensée, Charles imagina le visage énervé de son oncle si il le réveillait.
Alors qu'il s'apprêtait à trouver une parade, Henry apparut dans l'encadrure de la porte; il était vêtu d'un vieux pyjama rayé rouge et bleu et d'une robe de chambre hideuse, -subjectivement parlant bien entendu-, violette et beige. Apres une certaine grimace à la vue de toutes ces couleurs se mélangeants, Charles le mit au courant de la teneur de l'appel en chuchotant.
Le vieil homme fit rapidement non de la tête, secoua son index et articula "non" sans émettre un son. Charles dit alors précipitamment a l'éditeur tant redouté:
-Ce n'est pas possible. C'est à dire qu'il s'est couché tard et il a sûrement... bu? Et... il... Est aux toilettes!
Et Charles raccrocha. Henry le regarda puis soupira avant de dire d'un air bougon.
"Eh bien, tu n'es certainement pas le meilleur pour trouver des excuses toi! Enfin bon, ca fera l'affaire. En même temps, pourquoi as-tu répondu?"
"J'ai pensé que c'était important..."
Henri haussa les épaules, prit une chaise et alla s'assoir pour prendre son petit déjeuner sans même regarder Charles.
-Pourquoi tu évites ses appels?
Henry haussa un sourcil.
-Il veut que je termine mon livre lundi.
-Et il te reste quoi à écrire?
-Environ un tiers du bouquin... Pff. Tous des cons! A mon époque c'était les écrivains qui décidaient de quand et ce qu'ils écrivaient, maintenant c'est les maisons d'éditions qui nous forcent à fournir un travail intensif.
-Comment tu vas faire?
-Je ne sais pas Charles. D'ailleurs, tu as vu que j'avais renversé du café hier?
-Oui, j'ai presque fini de nettoyer.
-Bien.
Henry ne dit pas merci. Il ne disait jamais merci. Quand on lui rendait service on n'obtenait qu'un "bien", accompagné d'un sourire si on était chanceux. Charles s'y était habitué. Apres la mort de ses parents, Henry s'était avéré être sa seule famille. Charles était assez grand, svelte et longiligne. Il avait été musclé dans le temps, mais il avait abandonné tout cela à la fin du lycée, quand sa petite amie l'avait quittée. Ses cheveux étaient légèrement frisés, ses yeux faisaient transparaître son tempérament calme. Il était assez effacé, calme, un peu timide mais il ne l'avait pas toujours été. Il était devenu comme cela à la fin du lycée. La fin du lycée l'avait totalement changé. Il travaillait dans un petit cabinet d'avocat en ville et possédait un minuscule studio dans un immeuble miteux, assez proche du périphérique pour lui permettre d'aller rendre visite à Henry tous les weeks ends.
Henri habitait dans une petite et agréable maison en périphérie de la ville, c'est là ou il avait toujours vécu, et il n'avait jamais été question pour lui de déménager.
Charles décida de rester pour le déjeuner, Henry ne refusa pas, si Charles cuisinait, il aurait un vrai repas. Pas un en boite.

La plume, l'inspiration et Mary.Where stories live. Discover now