La cabane dans les bois (TeenWolf, Os)

The cabin

   La cloche indiquant la fin des cours sonna, et fut rapidement suivit d'un brouhaha qui remplit les couloirs. Les élèves de l'école primaire de Beacon Hills quittèrent alors le bâtiment pour rejoindre leurs parents qui les attendaient à l'extérieur.

   - Sophie! Sophie! La jeune fille, qui se dirigeait vers sa mère en compagnie de Théo, un ami de son âge, se retourna à l'appel de son nom.

   - Sophie, répéta, essoufflé, le garçon de huit ans lorsqu'il fut arrivé à sa hauteur. Il était à peine plus grand qu'elle. Ses cheveux décoiffés étaient bruns et ses yeux d'un marron profond. Un sourire qui aurait pu faire fondre n'importe qui se dessina sur son visage. C'était Stiles.
   Elle l'interrogea du regard.

   - Je voulais te demander si on pouvait venir chez toi, j'ai quelque chose à vous montrer.

     La jeune fille dévisagea alors le garçon qui accompagnait celui qu'elle considérait comme son meilleur ami.
   Il avait le teint espagnol, des yeux en amandes d'un noir pur, et ses épais cheveux bruns lui retombaient partiellement sur le front. Scott était le meilleur ami de Stiles et en vue du regard qu'elle lui lançait, tout le monde aurait pu deviner qu'elle ne le portait pas spécialement dans son cœur.
   Elle hésita un instant, mais poussée par une curiosité innée, elle accepta sachant pertinemment que Stiles n'irait nul part sans Scott.
   Ils montèrent alors tous les quatre dans la voiture et se rendirent chez Sophie.

   Elle habitait à l'extérieur de la ville. Pour s'y rendre il fallait emprunter une route, bordée d'une grande forêt et de rares maisons qui s'étaient imposées entre les arbres.

   Les garçons adoraient venir manger chez Sophie, surtout pour le goûter. Elena, la mère de la brunette leur préparait toujours un bol de glace à la vanille, accompagnée de smarties, d'un coulis de fruit rouge, et de crème chantilly.

   Après qu'ils aient englouti le plus rapidement possible leurs bols de glace, Stiles les traîna vers la partie de la forêt qui s'étendait à perte de vue, de l'autre coté de la route.

   -Heu Stiles? Je ne suis pas sûr que ce soit très prudent de s'aventurer la dedans, annonça Scott. On ferait peut être mieux de rentrer, j'ai beaucoup de retard dans mes devoirs et demain on a école.

   -Allez Scotty, ne me dis pas que tu as la trouille de quelques arbres.

     Après quelques secondes de silence et en soutenant le regard plein de défi qu'elle lui lançait, Scott se redressa et passa devant Sophie, déterminé à lui montrer qu'il n'avait pas peur.

   -Ou de quelques loups, termina t-elle d'un ton faussement détaché, guettant toujours la réaction du garçon, alors qu'ils s'étaient remis à avancer.

     Elle le vit s'arrêter, inspirer profondément et reprendre son chemin.
   Il suivait Stiles, de près, qui ouvrait la marche, et Théo la refermaient.

   Théo était un garçon de neuf ans, qu'elle avait rencontré l'année précédente. Elle l'avait ensuite présenté à Stiles et il était rapidement devenu un ami des trois camarades. Il avait des cheveux châtain cendré et ses yeux bleu-gris lui donnaient un air angélique. Il présentait bien, il avait de bonnes joues et un sourire constant habillait son visage, ce qui n' était pas pour déplaire à la gente féminine qui disait de lui que c'était « un garçon adorable ».

   Les rayons du soleil de Septembre traversaient les feuillages denses des arbres, entre lesquels les quatre enfants slalomaient, et venaient réchauffer le sol.
   Cinq minutes plus tard, Stiles s'arrêta devant une petite cabane en bois, construite à deux mètres du sol.

   - Je l'ai trouvé la dernière fois que je suis venu me promener avec mon père, expliqua t-il enthousiaste. Venez ! Il leur fit signe de le suivre et grimpa sur l'échelle.

   Scott lui emboîta le pas mais s'arrêta, hésitant à continuer son ascension. Il regardait autour de lui, puis en dessous, ne sachant pas trop si l'échelle tiendrait le coup, ou même si la cabane ne s'effondrerait pas une fois qu'ils seraient dedans. Une voix sèche le fit sortir de ses pensées.

   - Bon Scott tu bouges on va pas dormir là nous, lança la fillette.

   Le jeune garçon respira un bon coup. C'était la meilleure, des rares façons qu'il avait envisagé, pour ignorer sa camarade de classe qui s'amusait, dès qu'elle le souhaitait, à mettre son self-control à l'épreuve. C'était même en réalité la seule, car Scott McCall n'était pas un garçon à histoires. Il était polit, doux, discret, presque inexistant à l'école, et très timide envers n'importe quel inconnu ou adulte. Il ne se serait jamais emporté contre elle, alors il se contentait de prendre sur lui.
Une seconde plus tard il leva les yeux vers la cabane et franchit les derniers centimètres qui le séparaient de son meilleur ami.

   La cabane était en bois et trois fenêtres carrées laissaient entrer la lumière. Les murs étaient vierges et un tronc gigantesque traversait la cabane dans sa hauteur. Bien fixé dans le tronc, un coffre verrouillé par un vieux et gros loquet, trônait. Sophie s'agenouilla, et demanda doucement:

   - Tu l'as déjà ouvert ?

   Stiles se retourna.

   - Bien-sûr avec ma clé magique, ironisa t-il, trouvant que la réponse était logique.

     Elle tourna les yeux vers lui.

   - Non le loquet est trop gros et trop solide.

   Sophie reporta alors son attention sur le coffre.
     Il l'intriguait.
     Elle se demandait ce qui pouvait bien y être caché pour que le cadenas soit si gros, et savait qu'elle se poserait cette question jusqu'à ce qu'elle trouve le moyen de l'ouvrir.
   Elle alla finalement s'accouder à la fenêtre pour écouter les chants des oiseaux, le vent siffler entre les feuilles des arbres, et le bruit de l'eau de la rivière qui coulait entre les rochers, des petits ruisseaux qui abreuvaient la forêt. Une brise se leva, venant caresser son visage et faisant voleter ses cheveux châtain foncé. Le soleil encore haut dans le ciel, se reflétait dans ses grands yeux marrons et faisait ressortir leurs reflets noisettes.

     Les jours suivants, Sophie ramena d'anciens coussins et des couvertures. Stiles empila de vieilles bandes dessinées qu'il avait en double.        
     Scott accrocha aux murs des posters de Bowie ou encore Nirvana, que son meilleur ami accompagna d'affiches de Star Wars et Sophie de Taylor Swift.
     Théo, lui, trouva dans son garage des guirlandes multicolores qu'ils tendirent au plafond, quelques morceaux de ficelles avec des épingles à linge qui leurs permirent d'accrocher des photos, et un poste de radio fonctionnel.

Les semaines passaient et Sophie venait toujours s'accouder à la fenêtre pour écouter la nature, sentir l'air frais sur son visage, et réfléchir à ce qui pouvait bien se trouver dans le coffre.
     Stiles relisait ses BD de science fiction qu'il connaissait par cœur, et tira à de nombreuses reprises sur le loquet qui ne cilla même pas.
     Pour finir, Théo écoutait régulièrement la radio en compagnie de Scott.
Par ailleurs, il était rare que la jeune fille se rende à la cabane en même temps que lui. Elle y allait soit avec Théo, et tous les deux lisaient, parlaient de tout et imaginaient des histoires de loups garous. Soit avec son meilleur ami, dont elle écoutait attentivement les confidences, et qui tenta plusieurs fois de lui apprendre à jouer aux échecs, mais sans succès, ce qui finissait toujours par désespérer le petit garçon, et faire rire Sophie. Et Stiles adorait la voir rire, car à chaque fois, deux petites fossettes se formaient aux creux de ses joues.
     Mais il arrivait qu'ils se retrouvent tous les quatre, alors Sophie prenait sur elle et ils jouaient aux cartes ou se racontaient des histoires.
     Peu importaient les circonstances, la cabane vivait au rythme de la musique et des rires.

Et le temps passa encore. Les semaines devinrent un mois, puis deux, et pour finir un an.
   Novembre arriva à nouveau, mais emportant cette fois avec lui, ces rires et la musique.
   Car un jour, Sophie ne remit plus les pieds dans la forêt.
   Stiles, ne trouva pas la force d'y retourner.
   Théo déménagea.
   Et Scott, n'alluma plus la radio.