Fuir

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Clic, clic...
La clef tourne dans le serrure.
Clac. Le verrou saute. La poignée s'abaisse.
Doucement. Tout doucement.
La lourde porte s'ouvre lentement, sans un grincement. Un courant d'air frais s'infiltre et lui caresse le visage.
Elle tend l'oreille.
Le silence résonne.
Chuuut... 
Tout est silencieux, même sa respiration. Elle se faufile lentement sur la pointe des pieds, hors de ces murs de béton, de son havre de paix. Et elle se laisse engloutir par les bras de la nuit froide. Son souffle forme un nuage blanc, qui sort de sa bouche, pour venir auréoler sa tête, jouer dans ses longs cheveux blonds et s'entrelacer avec eux en une danse légère et vaporeuse.

 Elle se met en marche d'un pas décidé, son sac pesant sur ses frêles épaules. Elle resserre de ses petites mains son gros blouson autour d'elle. Les longs doigts crochus et glacés du froid essayent de s'insinuer au travers du tissu. Un frisson la parcourt, glisse le long de son dos et la chair de poule se répand sur sa peau pâle. L'air frais lui mord les joues et picore son nez, déjà rouge.  

 « Il faut agir, se dit-elle »
Elle a tout sauf envie de partir mais elle ne peut quand même pas rester sans rien faire.Ses parents n'avaient rien fait pour l'aider. Et cette nuit, elle est seule.
La rancune s'épanouit dans son cœur et la ronge doucement, un goût amer emplit sa bouche. Une seule et unique larme coule délicatement sur sa joue, petit diamant brillant sous les reflets argentés de la Lune. Elle l'essuie rageusement. Le diamant se brise sur sa main en mille petits éclats humides.
Elle se retourne pour lancer un dernier regard à sa maison, imprimant chaque détail dans son esprit malgré la pénombre. D'un mouvement brusque, elle se détourne rapidement en fermant les yeux, un long soupir d'accablement s'échappe de ses lèvres qui forment une moue. Son visage se durcit, devient déterminé.
Elle rouvre les yeux, une lueur nouvelle s'y met à briller sauvagement. Elle sert ses mains en deux petits poings.
Ses pieds foulent le sol humide en grandes enjambées rapides, saccadées et déterminées. Les herbes folles s'accrochent à ses vêtements, comme si elles voulaient la retenir, la faire changer d'avis pour qu'elle retourne se réfugier dans la chaleur rassurante de la maison.
Mais pas de retour en arrière possible pour elle  

Le chasseur de cauchemarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant