Chapitre 3 - Marie

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J'observe autour de moi les hauts immeubles de verre, les vagues de personnes qui défilent devant moi et les hommes d'affaires au téléphone avec un air pressé. Je traverse le quartier de la Défense et observe tout ça. Une fois le quartier de la Défense passé, j'arrive enfin dans mon quartier, plus pauvre, sobre et calme. Je tape le code sur l'interphone de mon immeuble et pousse la lourde porte. Je monte les escaliers, entend quelques bruits derrière les portes d'appartements et arrive devant la mienne. J'ouvre, pose mon sac sur une chaise et me laisse tomber sur le canapé. Je n'en peux plus. Je suis seule, loin de tout, de ma famille, mes amis, et surtout d'Anaïs. Je ne peux pas lui parler, pas maintenant, je ne pourrais pas m'expliquer et elle ne pourrait pas comprendre. Je sais qu'elle m'en veut, c'est normal, moi aussi je lui en aurais voulu si elle était partie, si elle m'avait abandonnée comme je l'ai fais. Mais ce qui me ronge le plus, c'est que je sais qu'elle elle ne serait jamais partie comme ça, sans me donner d'explication; pas comme moi...

Je m'allonge, épuisée, ferme les yeux et m'endors. Je me réveille en sursaut, quelqu'un vient de sonner à ma porte. J'hésite à aller ouvrir, pensant à une erreur puisqu'ici, je ne connais personne. J'ouvre la porte, trouve une enveloppe sur le palier et aperçois quelqu'un descendre les escaliers à toute vitesse. Je me mets à courir derrière lui instinctivement. J'arrive dans la rue, regarde à gauche, à droite, et le vois tourner dans une ruelle adjacente. Je cours le plus vite possible, bouscule quelques personnes en m'excusant et arrive dans la ruelle. J'ai beau regarder partout, rien, personne, il a disparu. Je m'accroupis contre le mur, essoufflée et essaie de comprendre.

Je me relève, hagarde. Je marche dans la rue, l'enveloppe à la main et soudain, quelqu'un me bouscule. Je lève les yeux, prête à crier sur la personne, mais aucun son ne sort de ma bouche.

- Excuse-moi, je n'ai pas fait exprès.

- Non c'est moi, je ne regardais pas où j'allais.

- Alex. Dit-il en souriant.

- Euh Marie. Répondis-je en lui retournant son sourire.

- Tu as besoin d'aide?

Je le fixe quelques instants, sur la défensive, avant de lui répondre.

- Non pourquoi?

- Je t'ai vu courir après cet homme.

- Et alors?

- Je me suis dit que je pourrais peut-être t'aider.

- Je me débouille très bien toute seule!

- Ce n'est pas ce que je viens de voir.

- Pardon?! Dis-je en m'énervant.

- Ben, il t'a échappé.

- Et qui es-tu pour me juger?! Rétorque-je en sentant mon poing se serrer.

- C'est bon t'énerve pas je ne te juge pas, je te propose juste mon aide.

Il me regarde, sûr de lui, et sourit. Je l'observe quelques secondes et mon poing se desserre lentement. Il est brun, un peu plus grand que moi, le teint mat et les yeux marrons.

- Pourquoi tu m'aiderais? Tu ne me connais même pas.

- Ca c'est ce que tu dis et je suis sûr que mon aide peut t'être précieuse. Alors, c'est OK?

Je réfléchis rapidement hésitant à lui faire confiance. « Après tout, je viens de le rencontrer il y a quelques minutes! Mais en même temps, c'est vrai que l'aide de quelqu'un pourrait m'être utile ».

- Bon d'accord. Alors rendez-vous demain au jardin du Luxembourg à 14h00 OK?

- Super à demain alors.

Je le regarde s'éloigner et retourne à mon appartement. J'entre et regarde l'enveloppe que je tiens. Je l'ouvre vivement, curieuse de savoir ce qu'il y a à l'intérieur. Je découvre alors la photo d'un bébé entouré de ses parents et d'un jeune garçon. Je la retourne et mon souffle se coupe en voyant l'inscription : Marie, 24 mai 2001. Je m'assoies par terre, la tête entre mes mains. « Si seulement elle était là ».

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J'entre dans ma chambre et m'allonge sur mon lit, le médaillon dans mes mains. Tout est confus. J'essaie de comprendre, de trouver une explication plausible, mais je n'y arrive pas. Marie est partie il y a 2 mois sans laisser de nouvelle à personne, et aujourd'hui comme par magie, je retrouve son médaillon sur la plage...je n'y crois pas, ça ne peut être un hasard. Je me tourne et observe les photos accrochées à mon mur. Je m'attarde sur la photo de mon dernier week-end avec Marie. Je ferme les yeux, et me remémore ce week-end. J'entends ma mère m'appeler. Je me réveille et regarde l'heure, 19h30. Je descends l'escalier en bois et rejoins ma mère dans la cuisine.

- Enfin te voilà. Tu es sûre que ça va ma chérie, tu as l'air ailleurs en ce moment?

- Oui t'inquiètes pas maman, je m'étais juste assoupie un peu.

- D'accord ma puce. Tu peux m'aider s'il-te-plait?

- Oui maman.

J'attrape les assiettes et pars dans la salle à manger mettre le couvert. Le dîner se déroule en silence. J'aperçois de temps à autre mes parents s'échangeaient des regards sceptiques. Je sens qu'ils se font du souci mais je n'arrive pas à leur parler. Ils savent que la disparition de Marie m'a bouleversée et ils s'inquiètent donc au moindre de mes silences. Je les observe s'échanger des regards qu'eux seuls ne comprennent. Cela m'embête mais je ne peux rien faire, je ne peux pas leur expliquer quelque chose que moi-même ne comprends pas.


Voilà la 3ème partie, prochain chapitre très bientôt! ;)

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