La mort a toujours quelque chose d'intangible, de lointain, jusqu'a ce qu'elle se rappelle à nous avec la délicatesse d'une gifle.
Recevoir un appel en pleine nuit et daigner décrocher seulement pour qu'on nous annonce un décès, c'est comme se prendre un ras de marée. Non pas que j'ai déjà pris une vague de la taille d'une maison en pleine gueule, mais j'imagine que c'est tout aussi effrayant, froid et brutal. J'ai conscience que le deuil se fait différemment pour tout le monde, et qu'on ne réagit pas tous de la même manière à une annonce pareille. Personnellement, j'ai fondu en larmes au point d'en avoir du mal a respirer, puis c'est la culpabilité qui m'a étouffée, celle de ne pas avoir été assez présente, de ne pas en avoir assez fait. J'ai attendu, devant la fenêtre, qu'une explication se fasse d'elle même et me rassure sur le fait que mon oncle était très certainement mieux là où il était. J'ai appelé ma tante, pour lui dire que j'étais désolée, pour essayer de la réconforter, pour qu'elle évite de se noyer dans son chagrin.
J'ai appelé ma mère, pour lui sortir cette fameuse phrase « Toutes mes condoléances » que j'avais entendu de très nombreuses fois dans des films et autres séries B. On était restées cordiales, on n'avait pas approfondi, et elle m'avait dit que je n'avais pas besoin de revenir pour l'enterrement, que c'était pour la famille.
La clope au bec, j'ai fumé ma rage et ma tristesse, me persuadant comme d'habitude que c'était la dernière. En vérité ma dernière cigarette aurait dû remonter à plus d'un an, mais dès que ma génitrice entrait en contact avec moi, je ne pouvais pas m'empêcher de m'en griller encore une. J'avais beaucoup trop de dernière clope à mon goût.
Sal m'avait dis que ça irait, qu'il compatissait à ma douleur et que je devais pas m'en faire, mais que je devais pas bouder le travail non plus. Alors j'étais retournée dans son fichu resto. Je voulais l'envoyer chier, lui, son bouiboui pourri, mon appart miséreux et ma connasse de mère. J'avais rassemblé le peu de courage qui pouvait habiter mon corps et m'étais décidée à partir une bonne fois pour toute. Mon tablier en main j'allai abandonner mon poste en plein service quand la porte s'est ouverte.
Et tu étais là.
On dit qu'il y a des rencontres qui change des vies, qu'une personne peut tout bousculer. J'y croyais pas, remarque, j'ai jamais cru à grand chose. Mais tu m'as fais croire, tu m'a fixé, de ces yeux verts brillants et tu m'as sortis de mon trou, de ce simple regard tu m'as renversée, mais tout ça tu le sais, pas vrai Tacey ?
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IN◊CONSTANCE
Short StoryIvy rencontre Tacey, et elles partent à l'aventure. Un tas de feuille. Une Ford Taunus. Une serveuse. Une frenchie. Probablement pas une histoire d'amour, mais qui a besoin d'une histoire pour aimer ?