La Coupe de Feu ~~ Point de vue de Fleur Delacour

Chapitre 2

"Tout le monde est là, demanda Mme Flavie ? Allez, dépêchez vous s'il vous plaît !"

Les trente participants étaient réunis à l'arrière du château, où se trouvaient les écuries. Quinze filles et quinze garçons, c'est le nombre de représentants de Beauxbâtons qui iront à Poudlard pour participer au Tournoi des Trois Sorciers. J'en faisais bien sûr partie, en compagnie de Camélia et Violette. Le carrosse de Beauxbâtons, tiré par les quatre chevaux volants de l'école, nous attendait dans toute sa splendeur. Il semblait assez petit, mais l'intérieur faisait bien la taille d'une salle de classe. Les dorures qui ornaient le vernis extérieur bleu représentaient des fleurs de lys, symbole par excellence de la royauté française. Car cette diligence a été construite sous le règne de Louis XIV, période du zénith de la monarchie absolue.

Il fallait partir dans les plus brefs délais, car nous étions déjà en retard pour l'heure de rendez-vous. Nous montâmes donc dans le carrosse par le marchepied, et entrâmes à l'intérieur du fameux véhicule. C'était la seconde fois que j'avais l'occasion de rentrer dedans. La première fois, c'était pour un voyage scolaire au Canada. Les murs étaient alors recouverts de fourrure et de velours, pour lutter contre le froid. Mais aujourd'hui, les murs portaient des tapisseries et des tentures rappelant vaguement l'Angleterre. Comme je l'ai déjà dit, l'intérieur est encore plus grand que le laisse penser l'extérieur (phénomène magique bien entendu). Même Mme Maxime qui est d'une taille assez imposante, pouvait tenir debout sans problème. Avec Camélia et Violette nous nous installâmes dans un coin, autour d'une table sur laquelle reposait de grandes assiettes de nourriture.

Quand tout les élèves furent montés et installés sur les banquettes, Mme Flavie et Mme Maxime nous rejoignirent pour nous expliquer les derniers détails du voyage, tandis que les chevaux commençaient à s'élever. La magie nous épargnait les mouvements brusques et les perturbations du véhicule, de tel sorte que l'on avait l'impression d'avoir encore les pieds sur Terre. "Tout le monde est là ? demanda la directrice. Bien, bien. Je vais vous expliquer les derniers détails avant d'arriver en Angleterre. Nous allons atterrir à Poudlard aux alentours de 18h, heure locale. Je compte sur vous pour faire bonne impression durant tout le séjour, et essentiellement les premiers jours. Le directeur de Poudlard, Dumbledore, est un homme d'une grande générosité, mais nous n'allons pas en abuser. J'ai donc décliné l'offre de partager les dortoirs, et nous allons dormir dans ce même carrosse, que j'aménagerai personnellement pour l'occasion."

C'est vrai qu'en regardant autour de nous, on ne voyait pas comment nous aurions pu tous dormir dans de bonnes conditions, avec toutes ces grandes tables et ces longues banquettes. Mais j'avais toute confiance en Mme Maxime pour faire du carrosse un dortoir convenable. "Bien, repris la directrice, nous allons arriver dans quelques heures et nous serons accueillis par tous les élèves de l'école. Encore une fois, je compte sur vous pour faire honneur à Beauxbâtons. Sur ce, bon voyage". Mme Maxime alla s'asseoir à côté de Mme Flavie à l'avant du carrosse.

Bon, comme il nous reste pas mal de temps avant d'arriver et que Camélia et Violette ont décidé de dormir un peu pour rattraper la nuit dernière qu'elles ont passé à discuter, je vais essayer de vous parler des différentes personnes qui sont montées dans le carrosse. Mmes Maxime et Flavie ont commencé une partie d'échecs explosive, une de leur passion commune. Notre directrice, Olympe de son prénom, est vraiment très exigeante comme vous avez pu le constater, mais je sais qu'elle fait tout ça pour nous (bon aussi pour la réputation de son école, c'est vrai). Sa grande taille lui viendrait d'une ascendance de géant, mais ce sont seulement des rumeurs qui courent à l'école. Elle dit elle-même qu'elle a seulement de grands os. Cela ne l'a pas empêché de devenir la directrice de Beauxbâtons il y a de nombreuses années. Quant à Mme Flavie, elle suit un peu le même modèle : professionnalisme avant tout. C'est notre enseignant en sortilège, une matière qui peut être considérée comme une des plus importantes pour les sorciers, et qui est en plus ma préférée. Mais comment vous dire... ce n'est pas le genre de personne avec qui vous rêveriez de passer vos vacances. Elle approche bientôt de la retraite j'imagine, et ses cours s'en font ressentir. Mais étant une amie de longue date de Mme Maxime, personne n'ose en parler.

Passons ensuite aux élèves, et plus particulièrement à mes deux amies ici présentes. Je connaissais Violette avant d'entrer à Beauxbâtons, car nous sommes voisines à Paris. Car oui j'habite à Paris, même si l'école de magie se situe dans les Pyrénées. On vivait dans le même immeuble, et en plus sur le même palier. On est vite devenues de très bonnes amies, car nos parents se connaissaient d'avant notre naissance. Pendant les dernières vacances d'été, elle a teint ses longs cheveux en un mauve clair, après un pari perdu contre moi au sujet de nos résultats aux B.U.S.E. Violette adore les paris, j'en ai donc profité pour accorder son nom avec ses cheveux. Elle est en temps normal de caractère impulsif, voir même imprudent, mais c'est une des choses que j'aime le plus chez elle. Pour Camélia, elle est presque diamétralement opposée, calme et posée. Bon c'est vrai que ça fait un peu le cliché des amies complémentaires, mais Camélia est vraiment timide est réservée par rapport à Violette. En plus, elle n'est arrivée à Beauxbâtons que l'année dernière, mais on a tout de suite sympathisé. Elle passait ses journées seule à la bibliothèque, alors avec Violette on avait décidé d'aller la voir, et au final elle passe maintenant tout son temps avec nous. Bon c'est sûr que je la connais moins bien que Violette, mais j'ai aussi beaucoup confiance en elle. Elle est plus petite que nous, et elle coupe toujours ses cheveux bruns assez courts. Tout cela contraste néanmoins avec la force de ses yeux rouges sang, qui lui donnent un regarde de braise. C'est d'ailleurs grâce à elle que j'ai rencontré Benjamin au début de l'année scolaire.

Mais nous ne sommes pas seules dans ce voyage : je vais donc vous parler des autres élèves. Comme je l'ai déjà dit, il y a 15 filles et 15 garçons. A côté de la porte, sont assis 5 filles et 3 garçons de septième année assez bruyants et jouant aux cartes, qui passent tout leur temps ensemble à l'école. De ce groupe je ne connais que la plus grande, Nina, tout à gauche, car elle m'a déjà aidé pour des devoirs d'histoire de la magie à la bibliothèque. Elle était spontanément venue vers moi, en voyant mes difficultés face à ma feuille blanche. Continuons donc maintenant avec les autres sixième année. Le groupe de 6 garçons vers la fenêtre n'est pas très intéressant. Ils passent leurs journées à courir après les filles, pour un piètre résultat. J'ai déjà du essuyé au moins une demande en mariage de chacun d'entre eux... Ensuite, juste à côté de la table des enseignantes, il y a le groupe que j'appelle des "premiers de la classe". Il s'agit en fait d'un couple d'un garçon et une fille, et de leur meilleure amie, qui passent leur journée à travailler et à se dépêcher pour s'installer au premier rang de tout les cours. J'ai même eu plusieurs fois l'impression que mon charme n'avait aucun effet sur eux, c'est dire. Au fond du carrosse, on retrouve mon groupe d'amis habituel, qui sont étrangement les seuls sixième année du voyage avec nous. Ce sont 5 garçons et 5 filles que je fréquente plus ou moins depuis mon arrivée à Beauxbâtons. J'adore passer du temps avec eux, même si nous ne sommes pas toujours en accord et que des disputes peuvent éclater. Un groupe d'amis habituel en somme. Mais avec les filles, on a préféré rester ensemble pour le trajet, pour plus de tranquillité.

La fatigue commence à se faire ressentir ; malgré son air confortable et reposant, le carrosse n'est pas le meilleur endroit pour rester une journée entière. Autant se reposer pour préparer notre arrivée qui, elle, ne sera pas de tout repos... Qui sait ce qu'il nous attend là-bas ? C'est sur ces pensées angoissantes que je m'endormis.