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Tom glissa lentement dans le corps de son partenaire, une douce étreinte guidée par des sentiments brumeux qui paraissait pourtant si lointain, comme naturellement attiré vers ce corps offert. Il laissa ses formes épouser celles du jeune homme en dessous de lui et s'agrippa à sa chevelure ébène alors que son corps s'enlaçait dans une étreinte qui lui sembla parfaite dans celui de son amant. Seul le bruit des hanches qui claquaient contre son bassin retentissait indécemment dans la pièce, la sueur couvrant leur corps épuisés par le plaisir mais toujours aussi avides. Le dreadeux se perdit dans un soupir, bientôt transporté vers le septième ciel, revoyant encore et encore ce visage qui lui donnait tant envie de se libérer en fermant les yeux, fronçant les sourcils dans la jouissance. Il s'agrippait au dos du garçon en continuant ses coups de reins réguliers, regardant ce dos fin, si fin et maigre qu'on en voyait chacun des os. Il connaissait son anatomie tellement par cœur que s'en était déroutant. Il regarda ses hanches démesurément étroites et le tatouage qu'il possédait dans le bas du dos, représentant leurs prénoms enlacés l'un sur l'autre, comme une promesse silencieuse de vie à deux et pour toujours. Cette vie de cinéma, cette vie spectaculairement et délicieusement convoitée qui leur tendait les bras.

Il réfléchit à la première fois qu'il l'avait vu, alors qu'il était accoudé à ce bar, jouant lascivement avec son verre de mojito du bout des doigts, totalement désintéressé de tout ce qui pouvait se tramer dans la boite de nuit. Un seul regard vers l'une des barre de pole dance l'avait fait changer d'avis immédiatement. Un jeune androgyne se démenait sur cette dernière, occupé à faire siffler tous les spectateur de son show terriblement excitant et sexuel. Il suivit du regard les courbes du jeune homme qui jouait avec la barre, donnant une vue imprenable sur son corps presque obscène tant il était désirable. Il portait seulement un jean slim en cuir et un T-shirt large abaissé sur ses épaules, laissant un Tom dévasté par la vision qui s'offrait à lui et totalement bouleversé : un seul regard avait suffit pour qu'il tombe amoureux. À ce point là Bill devait lui avoir jeté un sacré sors. Il était devenu dès lors totalement fou de l'autre, si bien qu'il l'avait suivit dans toute la boite pour réussir à obtenir un simple baiser qui lui avait retourné l'estomac. Il s'étaient racontés leurs vies respectives, avait parlé longtemps, et beaucoup. Tom était militaire et aimait l'action. Bill quand à lui était écrivain et venait danser de temps à autre ici pour exciter deux trois beaux mecs et se trouver une distraction. Il avait ce regard espiègle et cette façon de parler vite tout en faisant un nombre incalculable de gestes, mais surtout des rêves pleins la tête et une envie de liberté croissante. Le dreadeux appris alors ce jour là que Bill adorait le sexe mais préférait le sexe avec amour qu'il n'aimait pas corner ses livres mais par contre qu'il les soulignaient à tout va, que le café trop amer le dégouttait au plus haut point et qu'il ne buvait que ceux du Starbuck parce que « ils sont plus sucrés », Bill avait aussi une fascination hallucinante pour les baleines et rêvait d'en voir une un jour, car il trouvait ça époustouflant qu'un être aussi grand puisse être aussi peu destructeur et se nourrir de choses aussi petites que du plancton. La discussion s'étendaient sur des heures entières et Tom...

Un énième coup de rein et un baiser quémander au blond le fit sortir de ses songes, ramené à une réalité torride. Il embrassait chaque parcelles de peau qui s'offrait à lui, soumis, soumis à ces yeux chocolats qu'il lui semblait apercevoir à travers ses pupilles embuées. Un nouveau baiser sauvage, des lèvres qui lui paraissaient anormalement fades. Bill mettait tout le temps du baume à l'abricot qui donnait ce goût si sucré à ses baisers. Le blond ne s'en formalisa pas et fondit complètement dans le corps de l'autre, mort de désir, s'accrochant à tout ce qu'il pouvait. Il caressa le dos de son amant avec tout l'amour possible, ce dos qui se tordait de plaisir en dessous de lui, il l'aimait tellement putain ce dos. Une passion ardente, brûlante creusait son ventre et le rendait foutrement dépendant du brun. Il le voulait, il le voulait tellement depuis le début. Il portait à ce garçon un amour tout simplement incommensurable, si bien que Orphée et autres Roméo semblaient presque fades face à lui. Il ne comptait plus combien de fois il l'avait prit dans leur appartement, combien de fois il l'avait attaché à leur lit et dit de fermer les yeux avant de lui administrer des traitements plus doux et douloureusement jouissif les uns que les autres. Il était subjugué par ses yeux chocolats, surtout durant le sexe, mais aussi durant leur vie de tous les jours. Il se rappelait la fois où ils étaient montés en haut de la grande roue la fois dernière. Ça devait remonter à il y a un ou deux ans, les deux jeunes hommes avaient décidés de partir en expédition dans la fête foraine temporaire de la ville et s'étaient retrouvés coincés dans cette grande roue suite à un problème technique. L'écrivain avait alors fixé son amant droit dans les yeux durant de longues minutes déstabilisantes et s'était finalement levé pour venir déposer amoureusement ses lèvres sur les siennes et lui déblatérer à quel point il était fou de lui. Le blond n'avait pas réagit tout de suite, incrédule, surpris qu'un être aussi fragile et pure que Bill puisse ressentir autant de choses vis à vis de lui et l'avait pris dans ses bras pour laisser des larmes enfouies dans son cœur depuis trop longtemps couler sur son visage.
Une larme s'échoua sur le dos du jeune, laissant le dreadeux le regard dans le vide, fixant le mur blanc immaculé de la chambre. Il s'accrocha le plus fort possible aux hanches de l'autre tout en continuant ses coups de reins lascivement pour finalement trouver la jouissance en un ultime sanglot. Le prénom de Bill résonna dans la pièce, se répercutant contre les parois, la table de chevet couvertes des ouvrages de l'androgyne tous soulignés de lignes en lignes et un paquet de cigarettes échoué là par hasards.
- Je ne savais pas que tu fumais..
Questionna l'un, tout en approchant sa main de l'interrupteur.
- Je ne fume pas.
Répondit l'autre, avant de se sentir partir, ses ongles s'enfonçant dans le matelas du canapé, les pleurs étouffés contre ce dos magnifique. La lumière de la table de chevet s'éteignit en un clic, d'un geste brusque, Tom voulant éviter de se confronter à ce corps illusion.

[ ... ]

Le dreadeux arriva dans son salon, se grattant l'arrière de la nuque en baillant bruyamment lorsqu'il y trouva un véritable petit comité d'accueil composé de sa mère et sa femme de ménage. Cette dernière venait le voir tous les matins depuis peu sans qu'il ne comprenne pourquoi, tout allait pour le mieux. Il l'observa en haussant un sourcil et soupira avant d'aller se servir de la cafetière pour verser le liquide dans sa tasse bouillante. Dans son placard était entassé des dizaines de bouteilles de café Starbuck, attendant sagement que quelqu'un ne vienne les boires. La petite femme regarda anxieusement autour d'elle et alors que son fils se tenait le crâne en gémissant doucement prit la parole.
- Tom... Il faudrait que tu penses à jeter tout ça.. ça va faire trois moi que Bill est mort, chéri.
La désillusion fut violente. Le blond chuta de haut, saut de l'ange cruel et désespéré. Il recracha le contenu de la tasse sur la table dans un spasme et affola au passage la pauvre Mrs Shay qui dépoussiérait l'appartement du blond. La mère tendit une main rassurante vers son fils qui la repoussa, le regard vague. Mort. Bill était mort. C'est vrai ça, alors pourquoi il se payait encore des putes pour pouvoir s'imaginer que c'était avec lui qu'il faisait l'amour. Le dreadeux repensa à ce crash d'avion qui avait emporter l'amour de sa vie et les sanglots revinrent, toujours plus douloureux, se répercutant dans sa poitrine si fort à l'en faire vomir, créant une pression dans son ventre. C'était lui qui partait en mission pour crever, lui qui aurait du partir, alors pourquoi, pourquoi donc Dieu le Destin le hasards ou que sais-je encore avait-il décidé de voler l'avenir de Bill qui était si jeune si beau et si méritant. Qui avait tant devant lui, pourquoi eux, pourquoi leur voler tous leur espoirs de futur heureux. Tom se sentait incomplet, comme un bouquin inachevé, terminé d'une page blanche qu'il avait tenté de remplir durant des mois en se rendant compte qu'il était bloqué. Quelque chose en lui s'était cassé au départ de l'androgyne, le jour où à cet enterrement il avait vu ce corps qu'il avait tant aimé enfoncé six pieds sous terre, ce corps qui allait se désintégré se raidir et se faire bouffer par les vers. C'était plus Bill, c'était qu'une putain d'enveloppe charnelle vide. Un cocon éventré de toute humanité.
Le passé le hantait, incapable de s'en échapper, fou d'amour. 

Le brun était son obsession, il respirait Bill, il mangeait Bill, il vivait Bill. Alors il avait décidé de faire comme si de rien était, comme si le putain de conducteur de ce putain d'avion de ce putain de vol n'avait pas foiré son putain de boulot. Le blond ouvrit des yeux ronds et reposa sa petite cuillère qui tomba au sol dans un bruit sourd. Il fixa la pendule sur le mur blanc, blanc immaculé. Il regarda son canapé sur lequel dormait un jeune homme, châtain. Il regarda son dos avec une attention hors du commun et constata qu'il était droit et large. Son cerveau tourna incessamment dans sa tête, y faisant naître des idées plus sombres les unes que les autres. Il crut rendre le contenu de sa tasse sur le sol avant de ravaler son mal être et sortir de l'appartement en trombe, retenu par les cris de sa mère, effrayée. Il ne se retourna même pas, se contentant de foncer tout droit vers l'ascenseur au bout du couloir. Il s'y aventura et se concentra pour taper le bon numéro, les touches dansant dans son esprit comme ses idées noires. Futile. Sans Bill, sa vie était futile. Bill était cette putain de raison qu'il avait d'éclater de rire en fumant des clopes à deux heures du matins après avoir fait l'amour, riant à leurs conneries passées et leurs ébats présents. Bill était cette ombre qui le soutenait lorsqu'il partait en guerre, l'empêchant de devenir fou sous la pression. Il se souvenait sans cesse que lorsqu'il revêtait son uniforme, c'était pour protéger son androgyne. Et son cœur tambourinait dans sa poitrine. Il en était raide dingue, taré, malade, fou allié, mais il s'en fichait. Il se souvint comme il pouvait passer des heures à contempler son visage avec admiration lorsque ce dernier écrivait, scotché devant son ordinateur portable.

La douce texture abricot des lèvres charnues se répercuta dans sa tête, il se souvenait de l'odeur, du goût, du touché. Bill lui donnait sens, Bill lui donnait vie. Il le fascinait. Tom avança parmi les foules de gens pressés, le regard fixé sur ses baskets, hors du temps, hors de tout. Il se trouva bientôt face a son salut, les bras écartés et la tête baissée vers le béton grisâtre du métro. Il ferma lentement les yeux, se rappelant de son amour, se rappelant de ce petit monde de théâtre qu'il avait conçu pour masquer son absence :
Un ange sauta, déclenchant les cris horrifiés de quelques passant et la culpabilité éternelle d'un conducteur de métro. Une dernière phrase passa à travers ses lèvres gercées, comme une ronde désespérée.
You're my obsession, my fetish, my religion, my confusion, my confession, the one I want tonight...

My Obsession [OS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant