Opération guirlandes, sapin et chocolat chaud Tome 1

1 : Où est passé l'esprit de Noël ?

Samedi 17 décembre, 9 heures

Le ciel s'était habillé d'azur. Les rayons du soleil réchauffaient l'air froid et sec de ce matin de décembre à Paris. Emma ouvrit un œil pour vérifier l'heure, tout en s'étirant paresseusement sous les couvertures. Un sourire illumina son visage. Aujourd'hui était un grand jour. Elle devait signer un contrat qui lui apporterait la stabilité financière. En plus, elle allait passer une semaine chez sa meilleure amie. Enfin, Noël approchait à grands pas, et c'était sa période préférée de l'année. Cette journée avait tout pour la rendre heureuse.

Elle passa en revue le déroulement de sa matinée : prendre une douche, se faire couler un café fort, remplir sa valise et recouvrir les meubles de son deux-pièces du plastique transparent fourni par M. Georges, son propriétaire. Après de longues minutes passées à somnoler, elle se leva, enthousiaste à l'idée de démarrer cette nouvelle journée.

Au bout d'une heure, tout était fait. Elle inspecta les lieux de ses yeux turquoise : toutes les surfaces de l'appartement étaient protégées. Les objets de valeur avaient été mis sous clé dans l'armoire de la chambre. Le petit sapin artificiel ainsi que toutes les décorations de Noël avaient également disparu. Ces vestiges des fêtes de fin d'année avaient été remballés dans leurs cartons et remisés la veille dans le placard de l'entrée.

La valise, que sa mère lui avait offerte quelques années auparavant, trônait au milieu du lit, grande ouverte. Emma y déposerait le reste de ses affaires le soir même, après son service.

Prête à partir, elle jeta un dernier coup d'œil au miroir, qui lui renvoya l'image d'une jeune femme menue de vingt‑neuf ans, d'un mètre soixante-cinq, dont les longs cheveux blond cendré étaient remontés en chignon sur le sommet de la tête.

En bas de l'immeuble, elle offrit son visage au soleil, les yeux clos et un sourire aux lèvres. Sans se presser, elle prit la direction de son arrêt de bus. Seulement, à trop flâner, elle faillit rater son car. Heureusement, le chauffeur la vit au loin et attendit qu'elle arrive, toutes portes ouvertes.

Ah, l'esprit de Noël !

Elle profita de son trajet pour se régaler de tous les apparats de Noël. Les trottoirs grouillaient de gens pressés, qui rendaient la capitale effervescente. Elle observait les devantures des commerces et les passants : certains scrutaient les vitrines en quête d'idées cadeau lumineuses. D'autres avaient les bras chargés de paquets et de sacs multicolores. Les guirlandes scintillantes, les branches de gui et les sapins recouverts de neige artificielle mettaient chaque année Emma dans un état proche de l'euphorie. Elle adorait les semaines qui précédaient Noël depuis sa plus tendre enfance.

Le bus la déposa au coin de la rue où se trouvait le Cinquième Avenue, le restaurant haut de gamme où elle travaillait. Grâce à son expérience dans le métier, elle avait pu endosser le rôle d'hôtesse d'accueil et intégrer l'équipe plus d'un an auparavant. Son activité principale consistait à gérer les relations avec une clientèle exigeante, mais également à faire le service en salle. Ce samedi était le dernier jour de sa mission en tant qu'intérimaire.

Même si rien n'avait été évoqué, elle s'attendait à être convoquée par Dilbert, le gérant, qui lui ferait signer un CDI. Après treize mois de labeur et d'investissement dans son poste, ce serait un beau cadeau de Noël.

Elle accéda directement au vestiaire du personnel par la porte de service. Elle y trouva sa collègue Zoé, devenue son amie au fil des mois, et chez qui elle allait passer les cinq prochains jours. La rousse plantureuse, d'un an sa cadette, troquait une paire de ballerines plates contre des escarpins à talons. Plutôt que de la saluer chaleureusement comme chaque jour, Zoé lui lança un « bonjour » du bout des lèvres, se hâta de fermer son casier, puis s'enfuit en direction de la salle. Une attitude qu'Emma trouva bien étrange, mais elle préféra ne pas s'en formaliser. La journée avait formidablement bien commencé, et rien ne pourrait altérer sa bonne humeur.