XI. Papa

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  [En média, une proposition de musique à écouter pour vous mettre dans l'ambiance du chapitre]  


Salle d'attente, encore et toujours. La même émission à la télévision, comme toutes les deux semaines. Le Messager avait beaucoup repensé à ses amis humains et à Orlando, entourée tous les jours de Wladimir et Rama.

Après avoir salué Hélène, elle entra dans la pièce et s'installa sur la même chaise qu'à l'accoutumée.

- Alors, comment ça va ?

- Ça va.

- Vous avez ramené les photographies ?

- Elles sont là.

Le Messager sortit un album. Elles regardèrent ensemble les photographies tout en discutant. Le Messager resta songeuse devant l'une d'entre elles.

- Que vous évoque-t-elle, Marie B ?

- Notre amitié, et le début de vie avec Orlando.

Sur la photographie de leur première vraie soirée tous ensembles, Ho Sang, Shinji, Orlando et Marie B étaient déguisés et maquillés pour Halloween. C'était le trente-et-un octobre 2008.



Depuis leur entrée en faculté d'Histoire, Ho Sang, Shinji, Orlando et Marie B s'étaient rapprochés. Ho Sang était devenue la meilleure amie, la sœur même de Marie B. Orlando s'était rapproché, malgré sa copine, des trois, et Shinji était à présent son meilleur ami. En 2007, Marie B avait pu leur révéler son lourd secret, elle n'était ni humaine, ni créature. Ils avaient tous promis de garder le silence et elle leur faisait confiance.

Marie B était également tracassée par la maladie de son père, qui s'était déclarée en 2007, mais tentait de ne rien en montrer. Le cancer qu'il portait en son être le détruisait peu à peu et elle ne pouvait rien faire d'autre que de le voir sombrer tous les jours un peu plus vers la fin. Le père de Marie B avait eu une ponction ratée qui lui avait percé la plèvre et l'avait fait atrocement souffrir, forçant sa fille et sa femme à passer leurs nuits à tenter de placer dans son dos des coussins pour le maintenir et l'aider à respirer durant plusieurs mois de cette première année de cancer. Marie B avait donc commencé à moins dormir, pour atteindre finalement un nombre d'heures de sommeil d'environ trois heures par nuit, quand tout allait bien pour elle. A présent, la maladie avait atteint par métastases le cervelet, provoquant chez son père des problèmes de vertiges et de pertes d'équilibre. Lorsqu'ils marchaient ensemble, sa mère ou elle l'aidaient régulièrement en lui servant de béquille et, malgré sa fierté, l'homme devait accepter cette proposition.

La jeune fille souffrait énormément de la maladie qui avait atteint son père. Il était condamné, elle le savait pertinemment. Elle commençait à fatiguer des nuits trop courtes et scandées par les moments de douleur de l'homme. Elle avait une boule au ventre chaque jour où elle et sa mère devaient lui raser le crâne, la chimiothérapie lui ayant fait perdre ses magnifiques cheveux gris dont il était si fier. Elle n'osait plus regarder à nouveau les photographies plus anciennes, celles où son père était encore vigoureux, son visage fin et ses traits souriants. Les traitements à base de cortisone le faisaient gonfler et elle savait qu'il en avait honte, alors qu'il n'y était pour rien.

Pour ne rien arranger au stress et à la fatigue de la jeune fille, pour sa propre sécurité, elle était forcée de continuer à s'entraîner avec Wladimir toutes les semaines. Heureusement pour elle, son protecteur était très compréhensif et savait la faire sourire quand elle allait mal.

Le Messager de la Vie et de la Mort - Tome 1 : CréationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant