PROLOGUE

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— Sherlock ? Sherlock ?

Le corps avait beau être secoué de toutes parts, il ne voulait pas se réveiller. Sûrement encore un surdosage de substitut à la cigarette. En retirant la couverture assez épaisse qui cachait le jeune homme, Madame Hudson découvrit avec stupeur non pas un patch, mais plus de trois. C'en était trop pour elle. Ce joli garçon, bien que brillant dans beaucoup de choses était un véritable enfant, incapable de s'autogérer.

- Sherlock ? Vous allez vous réveiller ? Bon sang de bonsoir... Un véritable gamin !

- Hein ? Madame Hudson, il fait nuit... les gens dorment la nuit. Normalement....

- Mais il fait jour, vous avez dormi plus de douze heures ! Croyez-vous vraiment que c'est en dormant et en vous abrutissant que vous allez oublier ?

- La nuit m'aide à oublier... Foutez-moi la paix, dit-il en tentant de se relever.

- Mais... il est là !

Sherlock venait de se rendormir.

Il était bien décidé à tout faire pour oublier ce qui c'était passer il y a de cela quelques jours. Comment avait-il fait pour réussir à s'en sortir en laissant son meilleur ami dans les sales pattes de ces monstres, ces ignobles monstres.

Madame Hudson était depuis plusieurs années la logeuse de ce personnage à la fois impressionnant et complètement immature dans certaines situations. Oui, elle le pensait : capable de ce drogué pour se punir de quelques actes commis, se punir pour ce mal qu'il avait fait. Il s'en sentait le seul responsable.

- Sherlock... ça suffit maintenant... Vous m'avez demandé de vous aider, je l'ai fait.

- Personne ne peut m'aider ! Personne !

- Si, Sally Sparrow, la jolie blonde qui loue des vidéos... Elle m'a donné ce numéro de téléphone, je l'ai appelé.

Sherlock se retourna vers le dossier du canapé. Il ne voulait pas voir sa logeuse lui parler comme à un enfant. Il n'en était pas un.

- Voulez-vous du thé ? Je suis vraiment désolé... dit-elle en se tournant vers l'homme.

Sherlock reprit sa couverture et s'emmitoufla de tout son corps. Il ne voulait pas être dérangé, mais il ne pouvait en faire autrement. Une seule et unique pièce faisait pour lui, un tout, son univers.

L'homme qui attendait patiemment regarda les objets et s'amusa à prendre un crâne posé sur le rebord de la cheminée.

- Être ou ne pas être... Telle est la question, ah, ah, ah !

- Reposez mon ami à sa place...

- Il n'est pas très bavard, répondit l'homme

- Est-ce Mycroft ? sourcila Sherlock

- Qui ça ? questionna l'homme.

- Est-ce mon fichu frangin qui vous a demandé de venir ?

Sherlock n'avait pas bougé d'un poil, donnant cette sensation de parler à son canapé. Il ne prêta nullement attention à la jolie rousse qui venait de pénétrer son sanctuaire. Qu'importe, c'était fichu maintenant, la tranquillité avait décidé de le narguer pour cette fois-ci.

- Votre frère ? Non ! Madame Hudson vous l'a dit pourtant. Une vieille connaissance m'a appelé. L'ami d'une amie était léthargique... j'en conclus qu'elle parlait de vous.

- Perspicace et marrant... Vous allez faire rentrer tout le monde ? Qui est ce jeune homme qui vient de rentrer ? Au grincement de mon plancher, je devine qu'il fait sûrement dans les 140 kilos... Dites-lui de perdre un peu de poids, il va mourir dans 15 ans s'il continue comme ça.

- Hey... Je ne suis pas gros, je suis juste enrobé...

- Tout le monde dit ça... Plaintif et ridicule.

- Craig est ici pour vous aider, tout comme moi et Amy...

- Ah oui ? Je n'ai pas besoin d'aides... Je vais me shooter, dormir et dormir !

- Le célèbre détective... Sherlock qui se morfond, dit l'homme sur un ton sarcastique.

- C'est lui votre fameux Sherlock ? demanda Craig.

- Oui. Il est caché sous sa couverture. Madame Hudson avait raison. Un véritable gamin qui se cache de sa maman parce qu'il a fait une vilaine bêtise.

Un bruit bizarre vint frôler l'oreille de Sherlock. Ce va et viens en devenait de plus en plus insupportable et d'un coup de colère, il se releva et regarda le visage face à lui. Cette lueur verdoyante l'aveugla à un point qu'il dut se protéger les yeux avec sa main droite.

- Qui êtes-vous ? Et que me voulez-vous ?

- Ah, ah... Taux de nicotine assez élevé... Vous auriez dû mettre le paquet complet.

- J'en avais plus...

- D'un côté, c'est bien. Une bonne tasse de thé aux racines d'Ipéca et vous serez d'aplomb...

- Vous voulez me faire vomir ?

- Disons que... oui !

Amélia Pond se posa sur le fauteuil situé près de la cheminée et se mit à ricaner en prenant un magazine. Craig lui demanda ce qui l'a faisait rire et tout en tournant les pages, elle rajouta qu'il serait plus judicieux de lui donner de l'Asaret, ce à quoi, l'homme se releva et fit savoir que cette plante était plus destinée aux femmes enceintes.

- Et puis, je n'en ai pas...

- Allez-vous me répondre ? Je connais les substances de vos plantes. Merci de ne pas venir me faire de leçon. Dites-moi qui vous êtes ou partez, cria Sherlock de plus en plus agacé.

- Mais, c'est le Docteur, dit Madame Hudson en apportant du thé.

- Le Docteur ? Le Docteur ? Mais, je n'ai pas besoin de Docteur...

Sherlock se releva et regarda Amy. Il la dévisagea. La tenue le fit sourire. Collant noir très foncé, petit short en laine de couleur similaire, chemisier blanc et blouson rouge. La chevelure laissait à désirer. Le maquillage, quant à lui, offrait une vision à Sherlock bien précise :

- Votre petit copain s'est barré ? Un tel laisser-aller pour une jolie fille.

- Hein ? De quoi parlez-vous ? demanda-t-elle, sur un ton un peu vexé.

- Non, non... C'est moi qui lui ai dit de faire vite, dit l'homme d'un ton gêné.

Sherlock le regarda et lui demanda pourquoi il avait cet air coupable. Cela se sentait à des kilomètres à la ronde selon lui. Il rajouta qu'il n'avait pas besoin de docteur et qu'il fallait vraiment le laisser tranquille.

- Nous avons tous besoin d'un docteur..., dit Madame Hudson, mais au fait, Docteur qui ?

Amélia Pond se mit à rire. Cette question avait été posée à maintes reprises et personne n'en connaissait vraiment la réponse.

L'homme remit son petit veston à carreaux très fin, se regarda dans la glace au-dessus du canapé, tenta de replacer son nœud papillon et dit, le plus simplement du monde :

- Tout simplement, le Docteur ! 

Élémentaire, mon cher SherlockOù les histoires vivent. Découvrez maintenant