We Are Grounders || Les 100

Chapitre 3

"C'est quoi ce bordel, encore ?!" Noah s'avance en prenant un type à part. Des tas de jeunes adultes, si ce n'est encore adolescents, s'affairent autour de moi. Certains se disputent, d'autres ricanent. J'aperçois même deux types qui s'embrassent derrière un arbre, s'imaginant sûrement qu'ils sont discrets, ou alors peut-être qu'ils n'en ont rien à faire.

 Pendant que Noah cherche des explications auprès d'un garçon typé Asiatique, mon attention est captée par un groupe autour d'un feu dont je ne discerne que de faibles détails à cause de la pénombre nocturne qui devient de plus en plus présente. Je fronce les sourcils. Une fille du groupe est à genoux, et grimace, tandis que deux gars s'affairent sur son poignet, y plaquant un bâton. 

Une petite voix au fond de moi me crie qu'il faudrait peut-être aller l'aider, ils ont l'air de lui faire du mal. J'avance d'un pas, mais ma conscience me stoppe net.

Observe, Gale. Observe. Ne fais qu'observer. Toujours.

Personne ne me connait ici. Peut-être qu'il faudrait que je reste dans mon coin, mon visage encore inconnu. Ça pourrait servir. Plus vite les gens t'oublient, moins nombreux sont les problèmes.

Je m'avance discrètement, jusqu'à sentir la chaleur du feu caresser ma peau. C'est à ce moment que je réalise que c'est agréable, et que j'avais plutôt froid. Mon pied craque sur quelques brindilles, le feu n'est qu'à quelques centimètres quand une main se plaque sur mon épaule et m'arrête brutalement.

"Ton poignet !" résonne une voix grave et d'un ton sec.

"Mon... quoi ?!" je questionne en relevant la tête. C'est un jeune homme. Les cheveux décoiffés et châtains qui descendent juste au dessus des oreilles, et des yeux bleus foncés et un nez imposant, il me fixe et attrape mon poignet.

"Tu veux du feu, hein ? Alors file ton bracelet, princesse." 

Le petit surnom qu'il vient de me donner pourrait sonner aguicheur si il ne me serrait pas violemment le poignet. Je me débats et me retire de son emprise. Je ne sais pas vraiment si je dois lui donner ou non. C'est donc eux les fameux types "Anti-descente de l'Arche" comme Noah me l'a raconté.

Mais le mec essaye d'attraper à nouveau mon bras, alors je fais un pas en arrière, en protestant quand soudain, mon dos heurte quelqu'un.

"Merde, lâche-mo-"

Je fais les gros yeux et manque de tomber, mais me rattrape dans la seconde. Je me retourne rapidement face à mon obstacle humain.

Ce visage. 

Ces cheveux.

Ce regard.

Cette bouche. 

Ces lèvres.

Il est là. Il est avec nous, sur Terre. Il est vivant. Il ne s'est pas fait éjecté de l'Arche. Putain. 

Je n'ai pas besoin de prononcer son nom, et il n'a pas besoin de prononcer le mien pour marquer notre surprise. Je ne vois que lui. La chaleur du feu, le type derrière moi... Tout ça disparaît.

Je vois sa gorge se serrer puis ses lèvres remuer.

"Salut..."

"Tu es vivant."

"Tu es sur Terre."

Les yeux foncés de Bellamy se rivent sur mon avant-bras que je prends soin de dissimuler derrière ma hanche, puis reviennent à mon visage. Quant à moi, j'aperçois sa sœur Octavia, assise en compagnie d'un jeune homme à rire en éclat.

Evidemment. Il est là pour elle. Toujours.

Je ne sais pas ce que je ressens. Je ne sais pas ce qu'il ressens. 

Sans aucun geste de plus, il regarde par dessus mon épaule.

"Murphy, elle, je m'en occupe."

Et le type - Murphy - se contente de hocher la tête et s'en va plus loin.

Avant qu'il ne prononce un mot, et bien avant qu'une phrase me vienne à l'esprit, un cri nous interromps tous les deux.

"Bellamy ! Murphy ! Qu'est-ce que c'est que vous foutez ?!"

Une blonde visiblement furieuse s'avance près du groupe et Bellamy me tourne le dos pour lui faire face.

"Je viens de croiser une fille m'implorant de lui donner quelque chose à manger parce-qu'elle ne veut pas se faire retirer son bracelet électronique. C'est comme ça que vous les faites payer pour avoir de la nourriture ?!" s'énerve t-elle, épaulée par plusieurs autres jeunes donc Finn Collins, qui avait fait du bruit sur l'Arche pour avoir fait une virée dans l'espace après avoir volé de l'oxygène.

Ce dernier s'avance pour attraper un mocreau de viande qui grille au dessus des flammes quand Murphy le pousse violemment.

"Tu crois que t'es dispensé d'appliquer les règles ?"

Collins relève alors la tête, sous le regard ébahi et furibond de la blonde et se ravise.

"Je croyais que y'avais pas de règles." lance t-il sur un ton accusateur.

Je vois Bellamy lancer un regard à Murphy tandis que les deux autres partent dans une des tentes.

Noah s'approche de moi et m'entraîne à l'écart pendant que Bellamy donne un coup à un autre type qui ne paye pas la fameuse "taxe".

"Cherche pas, ces deux connards resteront des connards. Viens avec moi... J'ai planqué une conserve qui traînait parmi nos maigres provisions..." Il prononce cette phrase à voix basse de sorte à ce que moi seule l'entendre.

Il me pose une main sur l'omoplate et y appuie légèrement de sorte à m'entraîner moi aussi vers la tente. Je me laisse faire, mais résiste un peu assez pour apercevoir Bellamy me fixer d'un regard incompréhensible, et dévisager Noah de temps à autre. Ce n'est pas de la jalousie. C'est impossible.

Il ne m'aime plus depuis longtemps. 

Après tout, je suis celle qui a fait emprisonner sa sœur et tuer sa mère.

NOTE : Je remercie chaleureusement la page Facebook "The 100 France" (dont le lien est en commentaire) pour m'avoir fait de la pub sur leur mur. Merci ! Et merci à tous les nouveaux lecteurs !