Le Mystère de la Fosse des Kermadec

Chapitre 1

Laboratoire d'océanologie de GNS Sciences, Wellington, 4 heures du matin

- Caitlin, vous rangerez le laboratoire avant de partir, s'il-vous-plaît, enjoignit sèchement Peter.

- C'est un ordre ? demanda Caitlin, au bord de la crise de nerfs.

- Un conseil, si vous vous voulez garder votre emploi, susurra le scientifique.

Caitlin White ne prêta aucune attention à la menace de Peter. Elle était plongée dans l'observation d'un étrange poisson venu des abysses de la Fosse des Mariannes. Et rien ne pouvait altérer son émerveillement, pas même un scientifique aussi hautain que Peter Slotty, son patron. Et bien qu'aujourd'hui, elle ait trente-trois ans, et qu'on soit samedi, elle travaillait dur.

Le laboratoire était plongé dans un chaos total. Matthew Stevenson et Ashley Sylvester n'avaient pas pris la peine de ranger leurs lunettes de protection, de jeter leurs gants en vinyle et de nettoyer les scalpels et autres pointes. Essayant de ne pas céder sous la surcharge de travail, Caitlin s'arracha à la contemplation du poisson, et commença par laver les scalpels. La tâche semblait impossible à finir, tant il y avait de désordre. Après les scalpels, elle rangea les lunettes de protection et jeta les gants en vinyle.

Environ une heure plus tard, Caitlin avait remis le laboratoire en ordre. L'horloge située au-dessus de son bureau indiquait cinq heures dix du matin. La jeune femme pensa au voyage qui l'attendait la semaine suivante. En effet, son équipe partait vers les îles Kermadec pour étudier la fosse portant le même nom, profonde de dix mille cinquante mètres. Il y a quatre ans, on y avait découvert un amphipode géant (pas de panique, un amphipode est une espèce de plancton) de vingt-huit centimètres au lieu des trois habituels. Caitlin soutenait le fait qu'il s'agissait d'une nouvelle espèce, mais les autres –Peter, Matthew et Ashley- pensaient qu'il s'agissait d'un gigantisme dû aux abysses.

Caitlin sortit du laboratoire qu'elle ferma à clef. Elle était si fatiguée qu'elle ne se souvint pas avoir fait le trajet de retour et elle passa devant le concierge endormi en se demandant comment elle avait bien pu arriver là. Lorsqu'elle gagna la porte de son appartement, il était six heures du matin. Heureusement qu'on était samedi, sinon, elle aurait dû partir dans une demi-heure. Elle s'effondra sur son lit en pensant à nouveau au voyage. Elle imaginait le bleu profond de la mer, les mystères que recelaient les abysses et les fantastiques créatures qui y vivaient. Sans s'en rendre compte, elle ferma les yeux et plongea dans un profond sommeil.