Décédée

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Ce sont des sentiments de haine et de dégoût qui remontent, de bas instincts qui viennent à l'assaut de ma joie, une vieille rancœur qui tente de scier les barreaux de ma folie pour la libérer. J'ai envie de me battre. S'ils pouvaient la fermer, ces gens-là... Ceux qui taclent sans émotion, qui détruisent des vies, qui détournent les bonnes intentions vers une tristesse sans nom... Ces petits pics singuliers qui viennent perforer les entrailles apparentes du cadavre de cet enfant malheureusement abattu sous les coups impartiaux de juges impitoyables. Le pauvre, il n'a même pas eu le temps de réagir. Et ces salauds ne n'ont pas été tendres ; ils ont sorti les couteaux et ont commencé à le déchiqueter, sans pitié. C'est une notion qui leur est inconnue. J'observais ça camouflé derrière mon impétueuse discrétion. Elle est horrible celle-là. Je ne pouvais pas laisser faire ça. Et pourtant... J'avais la possibilité de le sauver, ou au moins d'atténuer ses souffrances. Au lieu de ça, j'ai regardé les lames pénétrer dans sa chair et les larmes tomber, le sang coulait. Un léger bruit humide venait me caresser l'oreille. Il me faisait presque frissonner. De petits jappements aigus s'ajoutaient à l'ambiance morbide de cette exécution. En parallèle de ça, on entendait les rires accomplis des bourreaux qui laissaient entrevoir que tout allait bien. Et de l'extérieur, oui, tout allait bien. Juste un enfant qui pleure devant ses responsabilités. Mais la massue est trop lourde. La tombe se matérialise par un lâche silence.

Je m'en veux. Cet enfant est mort dans l'indifférence générale. Sa situation est tellement banale finalement. Le mal aura toujours du travail dans cet établissement. Et malheureusement, je n'ai pas assez de courage pour partir. Jamais l'extérieur ne saura.

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