Hop !

74 26 7
                                    


Certaines chutes sont des délivrances, certains échecs nous sauvent

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Certaines chutes sont des délivrances, certains échecs nous sauvent. Il faut savoir s'arrêter parfois et prendre le temps de regarder autour de soi, en soi, palper la fine frontière entre le dedans et le dehors, le moi et le nous. Echapper aux désastres annoncés par une main tendue. Qui peut être la notre. Ecouter les silences.

Le rêveur


J'étais l'enfant qui courait moins vite
J'étais l'enfant qui se croyait moins beau
Je vivais déjà dans les pages vides
où je cherchais des sources d'eaux


J'étais celui à l'épaule d'une ombre
qui s'appuyait, qu'on retrouvait dormant
Je connaissais les voix qui, dans les Dombes,
nidifient sous les mille étangs


Je fus plus tard l'adolescent qu'on moque
au regard vain dans la ville égaré
l'homme qui campe à l'écart de l'époque
tisonnant ses doutes pour s'y chauffer


Je suis monté au lac des solitudes
dans l'écrin gris des charmes sans raison
où de vieux airs palpitaient sous la lune
J'aurai laissé des chairs aux ronces, des chansons


La note basse des monts, les absences
les émeraudes du val interdit
toutes les belles ruines du silence
tout ce qui ne sera pas dit !


Si jamais tu t'accroches à ma légende
il faut que tu t'en remettes à mon mal
Ne trahis pas, vois la plaie où s'épanche
tout un monde animal


L'enfant muet s'est réfugié dans l'homme
Il écoute la pluie sur les toits bleus
Les coeurs sont effondrés, le clocher sonne
Que faire sans toi quand il pleut ?


Ma vie ne fut que cet échec du rêve
Je ne brûle plus, non : ce sont mes liens
Les sabots des armées m'ont piétiné sans trêve


J'écris dans le ciel vide et vous n'y lirez rien


Jacques Bertin

Carnet de collagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant