Amok

1.6

Tu as la peau de la même couleur que la terre. Aussi lisse que parait la lune, aussi furibonde que les vagues. T'as les poings toujours serrés. Pourquoi t'as ce désir, de toujours tout cogner ? En attendant, moi j'ai c'désir, d'te rouler des pelles comme les autres fous du lycée.

Y'a ton cou ; que j'pourrais m'amuser longtemps à retracer avec la cime de mes doigts. Tes cheveux ; noirs comme l'ébène, ton nez, comme les statues des dieux. Tes lèvres, qui font rêver les anges.

Le plus surprenant je pense, c'est tes mots. Tes paroles, tes syllabes trop mâchées, les fois où tu bafouilles, où tu ricane, où tu gueule. C'est ça, qui me reste le plus dans la tête. C'est bizarre, pourtant, même si je garde tout tes éclats de voix en mémoire, je suis incapable de t'imaginer me dire "je t'aime."

Et moi, j'crois que j't'aime encore.