Ariane

Chapitre 1 : Où des retrouvailles rendent le sourire

Ariane leva un œil peu attentif sur le policier qu'elle distinguait derrière ses boucles auburn. Semblable point par point au modèle caricatural des séries B, mais étonnamment munie d'une douce voix aux accents chantants du Sud, qui détonnait avec son physique peu avenant. Il peinait cependant à garder l'attention de la trentaine d'élève qui lui faisait face.
La jeune fille était quand à elle d'une humeur massacrante. Sa nuit avait été des plus courtes, entrecoupée de cauchemars et d'insomnie. Même son chat n'avait réussi à calmer ses angoisses et elle avait fini par s'endormir sur le canapé du salon, la télévision allumée sur une chaîne choisie au hasard. Ce qui expliquait certainement son peu d'intérêt pour le monologue incessant traitant des dangers de la drogue chez les jeunes de son âge, pourtant plutôt à propos pour certains de ses camarades. Elle glissa une main dans la poche arrière de son jean et en tira un énième bonbon à la menthe qu'elle enfourna dans sa bouche sans se soucier du peu d'élégance du geste. Elle en faisait une telle consommation ces temps ci qu'elle exhalait presque tout le temps une légère odeur mentholée, plus agréable cependant que celle qui émanait par vagues de certains garçons de sa classe.
La sonnerie signant la fin des cours, ridicule petite mélodie guillerette qui tentait d'égayer un peu les lieux, sonna comme une délivrance chez les lycéens qui se hâtèrent de ranger leurs affaires et de quitter salle et intervenant soporifique.
L'adolescente rejoignit son amie Laurie, pesta quand l'une de ses boucles se coinça sous la lanière de son sac et se dirigea tranquillement vers la sortie, accompagnée de cette dernière.
- Franchement Ariane je te trouve dure, je ne vois pas ce que tu lui reproche.
- Elle est insupportable ! Elle change d'avis comme de chaussette, se persuade que tout tourne autour d'elle. C'est une diva capricieuse et sans intérêt.
- Ça reste le personnage principal.
- Il n'empêche que Katniss Everdeen est une drama-queen qui gâche tout le bouquin !
Laurie leva les yeux au ciel en lâchant un soupir exagéré, coinça une mèche de cheveux blond pâle derrière son oreille avant d'éclater de rire face à l'expression de sa camarade, qui fulminait sous son épaisse écharpe grise. Le manque de sommeil ne réussissait à personne, mais il rendait Ariane particulièrement irritable et intolérante. Depuis la veille, les sujets d'énervement était aussi varié que le manque de soleil, le froid, leur professeur de physique et sa maudite concentration molaire ou encore la dernière manifestion anti-avortement.
Elle gromella une nouvelle fois quand elle sortirent de l'établissement scolaire et qu'elles eurent à traverser un nuage de fumée de cigarette à la senteur acre et irritante. Elle marmonnait encore des menaces en l'air contre tout et tout le monde tandis qu'elles avançaient vers l'arrêt de bus. Cependant, ses yeux s'illuminèrent soudain, et elle se mit à courir à vive allure.
Quand Laurie aperçu la cause son départ soudain, un sourire lui étira les lèvres. Son amie fonçait vers un garçon de leur âge, qui devait bien lui manger deux têtes et qui patientait, les mains nonchalamment enfoncée dans les poches d'une épaisse veste au couleurs de l'Espagne. Elle lui sauta dans les bras, et blottit sa tête contre sa poitrine tandis qu'il la serrait contre lui, un peu plus fort que nécessaire. La blonde les rejoignit prestement et salua à son tour le jeune homme de manière cordiale. Ariane, dont les chaleureux yeux brun s'était remis à pétiller, leva un regard sur le ciel qu'elle ne trouvait plus si gris, sans lâcher le bras de l'objet de sa réjouissance soudaine.
Côte à côte la ressemblance était frappante. Les mêmes cheveux auburn, les même yeux marrons doré -des yeux de chouette-, la même peau mate qui bronzait au moindre rayon, les mêmes joues constellés de tâches de son dans lesquelles se creusaient des fossettes à chaque sourire franc.
- Elle devenait insupportable sans toi, lança Laurie à l'adolescent, tout en désignant son amie du regard.
- Que veut tu, elle est perdue sans son grand frère , répondît t'il, avec ce grand sourire et ce léger rire un peu froissé qui lui était propre.
- Je ne sais pas qui tu appelle grand frère ici, nous sommes né pratiquement au même moment, rétorqua Ariane en croisant les bras sur sa poitrine avec un sourire mutin.
- J'ai quinze minute de plus !
- Si on en croit la logique, c'est donc elle la plus vieille, argua Laurie.
- Foutaises ! Se récria t'il avec de grand gestes, en manquant d'heurter sa sœur au passage.
Ils éclatèrent de rire tout les trois, et s'attirèrent les regards désapprobateurs de quelques adolescent qui ne tardèrent pas à se replonger dans leurs conversations.