La plume de son bateau

L'encoche du mur

Assise sur un balcon elle regardait. La ville animée les rires stridents et tonitruants du peuple. Les chants un peu salaces des vieux ivrognes du coin. Le cliquetis et le cataclop réguliers des chevaux sur le sol dallé anglais. L'Angleterre le berceau de la marine et des bateaux. Le pays des grands rois anglais des femmes aux tailles de guêpe de la célèbre heure du thé et des bas et corsets tueurs. C'est tout ça qui, pour Eleanor, faisait de Londres une belle ville en couleur et son. La jeune fille aimait s'asseoir sur le balcon au bord de son canapé à l'est à l'inverse de tous qui préféraient l'ouest. A la fenêtre de l'ouest on voyait les rues et avenues se dessiner autours du petit manoir. Ou Les hommes à hauts chapeaux marchent accompagnés de leurs femmes. Des enfants courants. Ou Des voitures conduisent ou des boutiques vendent leur pains chauds et leurs tissus. Tout le monde préfèrent ce côté qui le jour est fort plaisant à regarder. Mais la nuit il est sans vie. Seulement éclaires par deux lampadaires inutiles. Tandis qu'à l'est la nuit est le jour. C'est la que ces gentilshommes en hauts de formes fricotent avec des bonnes compagnies. C'est la que les mains ouvrières et les vieux marins se réunissent et s'amusent simplement en discutant bruyamment. C'est la ou les jeunes hommes courent dans les rues. Ou le crime et la perversité sont souverains. Ou la face sombre du petit monde parfait du jour se dévoile. Mais seul ce monde suscite de l'envie, de l'espoir et de la vie pour les prisonniers. Les prisonniers sont ceux qui n'acceptent pas le système du jour. Ils sont enfermés dans leur personnage. Se doivent de sourire de souhaiter le bonjour, d'être charitable et poli. Mais tout le monde. Tous, savent que cette hypocrisie, constante envers ce monde, est purement diplomatique et assure le bon fonctionnement de cette société. Alors bon on fait avec.
Voilà se dit la jeune fille fière. Une nouvelle page. Elle se releva et se dirigea vers son lit, son long manteau trainant à ses pieds sur sa robe de chambre blanche. Elle s'accroupit et poussa sur le côté sa table de chevet. Dans le mur, un trou était  creusé. C'est la qu'elle rangeait son recueil. Son journal. Peu importe. C'était l'écrit d'elle même. Ce petit livre réunissait tout ce qu'Eleanor  pensait, redoutait, aimait. Elle possédait trois autres livres comme celui la. Mais ce livre ci aspirait à autre chose qu'à être rempli de la petite vie de petite fille et de ses découvertes mineures. Non ce livre aspirait à devenir un grand un célèbre roman. Ou une histoire palpitante serait écrite et ou chaque mot ferait vibrer son lecteur comme la parfaite mélodie grave du piano faisait vibrer l'oreille. Eleanor rangea son bien dans l'encoche puis se coucha.

Eleanor Bower était la fille de deux nobles de l'aristocratie anglaise. Sa famille. Elle vivait au cœur de Londres dans le petit Manoir au bord du port. Son refuge. Elle appartenait au monde hypocrite. Elle était prisonnière.
Depuis la jeunesse elle était la petite fille pensive fermée silencieuse à l'air perdu.  Celle que l'on montrait à tous et à qui on demandait constamment de sourire. Et elle répondait par un sublime sourire ou toute ses dents sifflaient des insultes inaudibles aux intéressés,
Parce que c'est à cela qu'un enfant aristocrates sert. A été montré. Le mieux est d'avoir un garçon qui perpétuera  la lignée. Mais les jeunes filles permettent de belles alliance si elles sont elles même belles. Pour cela on les farde, les coiffe, les habille comme des femmes des le plus jeune âge. Des fiancées miniatures voilà à quoi elles sont destinées depuis la naissance.
Mais on leur apprend aussi à côté à compter, calculer, lire, coudre, jouer d'un instrument, chanter et valser. Pour Eleanor lire est son pouvoir sa puissance. Sans cela elle mourrait de son ennuyeuse vie de jeune femme célibataire. Chaque semaine elle part, à pieds avec sa besace chez le libraire et passe des heures à lire des extraits de livre pour finalement n'en choisir qu'un et revenir la semaine d'après chercher celui qui lui plaisait en second la fois dernière puis troisième....
Pour elle, lire permettait de voyager, de s'échapper d'engendrer des sentiments impossible a ressentir dans sa vraie vie. Elle éprouva de l'amour, de la haine, de la soif de vengeance, de la curiosité, du soulagement, du bonheur, du plaisir. Puis écrire. Écrire pour elle c'était se sentir à la place de ses écrivains qui durant des heures et des jours ont cherche la parfaite et longue combinaison de mot qui permit à une simple histoire de devenir une vie. Une vie inscrite à l'encre dans des pages jaunes. Quand elle était petite Eleanor voulut être un garçon. Oui, car son grand frère lui pouvait courir sauter crier dans la rue et insulter ses camarades. Eleanor elle devait faire face souriante être la parfaite fille la parfaite sœur la parfaite femme. Mais elle ne le pouvait sans défaillir. Elle s'efforçait chaque jour, des le matin d'être joyeuse et calme. Mais lorsque elle se retenait trop depuis trop longtemps ou que quelque chose ne pouvait faire autre chose que de la mettre hors d'elle elle se mettaient à hurler à frapper tout ce qu'il y avait autour à pleurer. Ces crises pouvaient durer plusieurs minutes. D'autres fois la simple retenue se relâchait alors qu'elle faisait autre chose sans même y penser. Elle fondait soudainement en larme ne pouvant s'arrêter. Restant des heures à sangloter effondrée par les respirations saccadées de son corps secoué.
Elle avait donc un caractère très explosif et sensible que seul ses proches devinaient. Les autres ne voyaient que l'adorable jeune fille en polonaise* et au sourire béat.
Elle avait des cheveux bruns sans forme ou reflets spécial. Alors elle les tressait méthodiquement. Puis cette occupation la distrairait un bon moment et sa mère était si fière d'avoir une fille apparemment obéissante et soignée. En vérité pour Eleanor ces moments des coiffure était un autre moyen de s'échapper. Et puis sa mère savait que sa fille ne donnait qu'une apparence au monde.
Plus jeune et bien souvent sa fille levait les yeux de sa lecture et lui posait des questions.
- Pourquoi devait elle se marier ?
- Pourquoi ne pouvait elle pas jouer?
- Pourquoi tous ces artifices et robes ?
- Pourquoi les autres étaient ils heureux  ? Et pas elle.
Et sa mère laissait échapper un long soupir tentant de faire passer les questions de sa fille pour quelque chose d'idiot et sans importance. Mais elle le savait. Sa fille rêvait de liberté de tranquillité. Et elle se consolait en se disant que la marier à quelqu'un de souvent absent devrait la satisfaire. C'est ce qu'elle avait fait elle, et pourtant elle avait espèré que sa fille ne sois pas aussi ambitieuse qu'elle l'était elle même.
Mais voilà, Eleanor âgée de 16 ans était promise à un riche et renomme capitaine de marine. Enfin pas a un capitaine à son fils plutôt. Un fils qui contrairement a son père qui avait l'amour des bateaux et des batailles navales, répugnait la mer.
- Cela sent horriblement mauvais, l'eau nous rend poisseux et sales. Ce n'est pas pour rien qu'il existe des marins qui se salissent. Chacun sa place répétait il a Eleanor lors de leur promenade sur le port et lorsque cette dernier s'approchait trop d'un matelot ou d'un bateau.
Oui, le capitaine père n'était sur le pont que pour les batailles. Le reste du temps il était dans sa cabine et s'occupait des plans. La plupart des marins ne lisaient pas très bien.
Et puis ce n'était pas tant l'air marin qui plaisait le plus à la jeune fille. Non. C'était l'aventure qu'il représentait. Imaginer se retrouver entouré d'un plat immense à perte de vue dont seul le coucher et le lever du soleil étaient les remparts. Une épopée sur les eaux, de pays en Atlantides, toutes méconnues les unes des autres. Voilà ce qui inspirait tant la jeune fille. Non, elle ne prendrait jamais la mer, mais rêver était aussi un beau moyen de voyager.