Sous l'insomnie de la nuit, des pas s'égarèrent vers les flots de minuit.
On riait ce soir là, on buvait et on fumait, confondant la voluptée crémeuse des vagues dangereuses avec des sirènes mélodieuses.Les pas martelaient le sol rapeux d'une route désertique s'étendant à travers les cieux.
On oubliait tout entre amis, on ne se bouffait plus la vie, on hurlait sur les autres notre amour infini.Marcher pour se trouver, puis tout arrêter pour recommencer, c'était un jeu surprenant que de se croire tout puissant.
Sur le sable craquant d'une fraîcheur insoumise, des ombres flottaient dans des gestes qui séduisent.
Quatre jeunes inconnus qui s'aimaient plus que tout, si l'un d'entre eux manquait ; il ruinerait l'harmonie suscitée par le temps.
Jouer, s'extasier, s'aimer et se dévorer. Ils s'essouflaient à vivre, se demandant comment combler ce vide qui les rongeait tant.
Ils s'aimaient, ces jeunes insouciants, ils aimaient leur enfance sucrée, leur adolescence salée.
Mais ils haïssaient aussi, ils detestaient cette vie qu'on leur réservait, ils enviaient les âmes libres parties sur les îles.Alors ils chantaient pour se sentir mieux, ils dansaient en se prenant pour des dieux, ils s'embrassaient pour s'inhaler de leurs odeurs éméchées.
L'ivresse les berçait dans un sombre débat entre abstraction et réalité, emplissant leur coeur d'une passion méconnue.
Les rochers bordaient la mer, les vagues s'éclatant d'une violente ferveur.
Les jeunes s'en approchaient sous la pluie partiellement contrastée par leurs corps d'une profonde chaleur.Ils riaient aux éclats, se bousculant fermement sans réelles initiatives.
Ce n'était pas désiré, ils étaient juste soûls et perdus, juste jeunes et curieux.
Les vagues étaient fortes, elles tambourinaient sur les rochers monstrueux.Ils s'éloignaient un peu trop, longeant les pierres en masse, ça ne leur était pourtant pas suffisant.
Puis une vague ou deux marquèrent brusquement une pause dans leurs amusements, la panique les prennant, la peur et l'angoisse s'immiscèrent dans leur sang.Une ou deux vagues, tout simplement, emportant avec elles leur innocence, emportant d'une puissance un ami adoré.
"Archi" fut crié dans la nuit sanglante,
"Archi" fut hurlé dans la broussaille et le vent,
"Archi" fut pleuré mainte et mainte fois dans cette nuit désirée.Puis "Archi" fut emporté par ces sirènes dansantes, ces sirènes chantantes, rejoignant les âmes libres.
En cette nuit hivernale, sur la route désertique, une voiture seule et bruyante contenant trois amis s'élança à travers la brume, effaçant "Archi", effaçant cette nuit et cette enfance éplorée.
Mais on pleura encore et encore cette nuit passionnée néanmoins regrettée.
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𝐀𝐬𝐭𝐞𝐫𝐨ï𝐝𝐞𝐬
Poetry|| De simples mots qui s'égarent, peut-être cherchent-ils à trouver sens ?