Chapitre 6

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* Point de vue de Cassandre *

17 jours, 17 longs jours. Le temps n'était jamais passé aussi lentement. J'étais en enfer, j'étais morte, j'étais coincée ici pour toujours. Je ne savais pas ce que j'allais devenir.

L'enfer est un lieu morbide, j'ai entendu dire qu'il y avait plusieurs quartiers, celui dans lequel j'avais été mise ressemblait à un couloir remplit de cachots. Je me trouvais dans l'une de ces cellules, mes journées étaient rythmées par les cris des damnés.

En enfer chacun avait son propre supplice. Certains étaient torturés à longueur de journées, d'autres brûlaient jusqu'à en mourir pour ensuite se réveiller et revivre le même calvaire et cela infiniment.

Mon supplice était de voir quelqu'un que j'aimais, un membre de ma famille par exemple, mais la plupart du temps c'était Sam. Je le voyais arrivé devant moi, promettant qu'il allait me libérer, chaque jour je refusais d'abord d'y croire, mais une part de moi priait pour que ce qui n'était qu'une vision devienne réalité.

L'endroit dans lequel je me trouvais était minuscule, fait de pierres noires et humides la pièce était très sombre. Il n'y avait aucuns meubles, pas de lit pas de chaise, j'étais obligée de m'asseoir ou de m'allonger sur le sol.

Tout de la vie terrestre me manquait, surtout les choses qui nous paraissent peut-être le plus simple. Se réveiller le matin et regarder le soleil se lever. Qu'est-ce-que le ciel me manquait ! Ce bleu si clair qui était aujourd'hui remplacer par des murs sombres. Je ne reverrai sans doute plus jamais ce bel azur.

Un bruit retentit sur les barreaux de mon cachot, je voyais Sam, ou plutôt le mirage quotidien qui venait me hanter.

-Bonjour Cassandre.

-Tu peux partir, je sais que ce n'est pas toi, crachai-je amèrement.

Il traversa les barreaux ce qui provoqua mon mouvement de recul.

Il s'assit lentement devant moi et me fixa longuement.

-Je ne suis pas Sam effectivement, mais si tu savais le malin plaisir que l'on prend tous les jours à voir cette petite étincelle quand tu vois cette représentation. Comme si tu pensais qu'il y avait encore un peu d'espoir pour toi.

J'essayai de rester forte mais sa remarque m'arracha une larme, il n'y avait plus d'espoir, il avait raison.

-J'espère qu'en me voyant arriver ici tous les jours tu souffres en te rappelant tout ce que tu n'as pas eu le temps d'accomplir sur Terre. Tout ce que tu aurais aimé dire à tes proches avant de partir, tout ce que tu aurais aimé accomplir.

Il avait raison, la chose que je regrettai le plus était de ne pas avoir eu le temps de dire à Sam que je l'aimais.

Lui qui était toujours là pour moi, comment avait-il pris mon assassinat ? Qu'était-il devenu après ça ? Comment avait-il justifié mon meurtre ? J'espère au moins qu'il ne s'en voulait pas trop, ce n'était en rien sa faute. C'est moi qui avait voulu me rendre dans la forêt mystique et c'est encore moi qui avait lu la formule.

La chose qui se trouvait devant moi esquissa un sourire maléfique, il était satisfait d'avoir eu raison.

Un autre bruit se fit entendre à la porte, je vis un nouveau Sam débarquer devant ma cellule. J'avais apparemment droit à une double version de mon supplice aujourd'hui.

La silhouette qui se trouvait assise devant moi il y a quelques secondes disparut pour ne laisser place qu'à l'autre Sam qui se trouvait de l'autre côté des barreaux.

-Cassandre je t'en supplie dis-moi que c'est bien toi, me dit le faux Sam en pleurant.

Je me tournai dos à lui, malgré le fait que je sache que ce n'était pas lui il semblait tellement réel, et cela me brisait le cœur.

-Vous innovez de jours en jours, répondis-je doucement.

-De quoi tu parles Cassandre, retourne-toi ! C'est moi Sam ! Je suis venu te sauver !

-Chaque jour un nouveau Sam arrive en disant qu'il va me sauver, je ne me ferai plus avoir.

-Non Cassandre c'est vraiment moi, je suis mort, je suis ici pour te ramener sur Terre, je te le jure regarde-moi, dit-il désespérément.

Je me retournai et m'approchai lentement de celui qui se faisait passé pour Sam.

Je plongeai mon regard dans le sien, des larmes coulaient, mais quelque chose me frappa. Je pouvais voir au fond de son regard une étincelle qui était propre à Sam, au vrai Sam. Cette étincelle, je ne l'avais jamais retrouvé chez les illusions qui venaient me hanter.

-Si tu es le vrai Sam, prouve-le.

Sam, ou plutôt son illusion parfaite était complètement déboussolée. Il ne s'attendait pas à cet accueil.

-Tu t'appelles Cassandra Martin, nous nous connaissons depuis que nous avons trois ans. Nos parents ne peuvent pas se voir mais nous avons toujours tout fait pour que notre amitié ne soit jamais compromise. Tu es ma meilleure amie et j'ai été le plus con des Hommes pour t'avoir emmené dans cette fichue maison ce soir-là. Après ta mort j'ai été emprisonné et Harry qui est je ne sais pas trop quoi est venu me délivrer pour que je vienne te ramener parmi nous. Pour cela j'ai dû mourir et me voilà ici aujourd'hui en face de toi en Enfer. Donc maintenant tu vas te dépêcher de me croire car je n'ai qu'une envie c'est de partir de ce putain d'endroit lugubre !

Un deuxième homme arriva aux côtés de Sam.

J'avais tellement envie d'y croire, mais je n'y arrivais pas, j'avais été piégé tant de fois.

Je me mis à applaudir et un rire nerveux s'échappa de ma bouche.

-Alors là j'avoue que vous vous êtes surpassés, c'est très réaliste.

Le deuxième homme devenait impatient.

-A ton avis, une simple illusion pourrait-elle faire ça ? me rétorqua le dénommé Harry.

Une lumière d'un bleu pâle s'échappa de ses mains et vint se poser sur la serrure de mon cachot qui s'ouvrit dans un long grincement.

Je m'avançai et mis un pied en dehors du cachot, j'étais libre.

Je me retournai vers Sam et me jetai dans ses bras, j'éclatais en sanglot de joie. Il était venu me chercher, Sam s'était sacrifié pour venir me chercher, il était mort pour moi. Il me serra tellement fort que j'en eu mal, mais je ne dis pas un mot, la joie que j'éprouvai face à ses retrouvailles était infinie.

-Je ne voudrais pas gâcher ce beau moment, mais il faut que nous partions au plus vite avant qu'on se rende compte de notre présence, rétorqua Harry.

Harry se mit à partir, il semblait connaître les lieux.

Je retenus Sam par le bras et plongeai mon regard dans le sien.

-Cela fait 17 jours que je ne pense qu'à une chose, c'est te dire ça : Sam, je t'aime.


De l'autre côtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant